Au Niger, après l’inculpation pour atteinte à la défense nationale des deux leaders de la société civile, c’est au tour des huit chefs de village des îles du lac Tchad, dans la région de Diffa, d’être présentés au parquet.
Cette semaine, le ministre de l’Intérieur a annoncé devant le Parlement, que plusieurs réseaux et cellules de Boko Haram ont été démantelés. Près de 643 personnes ont été arrêtées et inculpées dans ce cadre.
Le juge a inculpé les chefs de village de complicité avec une entreprise terroriste pour « avoir participé à un groupement formé ou à une entente établie en vue de la préparation d’actes terroristes ». Ces notables ont été placés sous mandat de dépôt. Invariablement, toutes les personnes interpellées sont transférées de Diffa à Niamey à la brigade antiterroriste. Une fois inculpées, elles sont placées en détention, la plupart à Koutoukalé, la prison de haute sécurité.
C’est dans cette prison, que maître Oumarou Mahaman Rabiou va rencontrer ses clients, des «suspects » aux yeux de la loi. Des villageois et des commerçants sont arrêtés par les forces de défense et de sécurité dans la région de Diffa, parfois sur simple dénonciation : « Les dénonciations sont anonymes. Et dans ce climat de suspicion généralisée, naturellement les forces de défense et de sécurité vous interpellent et la procédure est immédiatement déclenchée», explique l’avocat des personnes incriminées.
Et compte tenu du fait qu’on les (suspects) amène ici à Niamey en masse, et souvent certains sans aucun PV et vu que l’instruction est obligatoire, ajoute-t-il, le juge devant lequel ils sont présentés, il est obligé souvent de leur infliger des mandats de dépôt. Aujourd’hui, il y en a beaucoup qui se trouvent dans cette situation un peu inquiétante», déplore Me Rabiou.