La concession des magasins sous douanes de la rive droite et de Niamey route à Africa logistics du groupe français Bolloré était au centre d’un point de presse conjointement animé par le ministre des Transports et le directeur général des douanes lundi dernier.
Les deux responsables ont tenté d’expliquer les raisons de la mise en concession du port sec de Dosso. Les avantages que le Niger peut tirer d’une mise en concession sont réels. En ces temps de libéralisme, même pour les régimes socialistes, les mises en concession, les privatisations sont salutaires. Personne ne conteste le bien fondé de telles décisions. Ce qui est contestable par contre, c’est la façon de procéder de nos princes. Ce qui s’est passé au Burkina Faso est illustratif du bradage des sociétés et de façon générale de nos économies. La transition est en train de revenir sur plusieurs privatisations et concessions. Cela aurait pu nous servir de référence.
Malheureusement au Niger nous apprenons vite et de la plus mauvaise manière. Si le directeur général dit que le Niger est l’un des rares pays où les magasins sous douanes sont gérés par la douane, il a raison. Mais il a omis de dire que les douanes nigériennes ont été citées, en dépit de ce qu’il considère comme anachronique, en exemple au moment de l’entrée en vigueur du TEC dans la communauté de l’UEMOA. La première année, le Niger est le seul pays à bénéficier des compensations communautaires. Et les services douaniers de beaucoup de pays sont venus apprendre. Le DG Issaka Assoumane en sait quelque chose parce qu’il y était aux premières loges. Cela mérite respect. Au lieu de dire « compte tenu de la nature des prestations, il est mieux indiqué que cela soit fait par un opérateur privé, parce que cela engage la responsabilité du gérant ». La douane ne peut elle pas engager sa responsabilité ? Il est aussi vrai que cela fait une cinquantaine d’années que la Douane gère les magasins sous douanes. Mais avant c’était une société de droit français la SOCOPAO qui gérait ces magasins. Les mauvais chiffres d’affaires et l’affirmation de la souveraineté ont probablement amené certains cadres du corps, dont certains sont encore dans le rouage, à opter pour la ‘’nationalisation’’ des magasins. Et la douane s’en portera depuis mieux.
Les explications du ministre donneront toute la mesure de la légèreté qui prévalu au cours du traitement du dossier. Saley Saidou dira qu’un appel d’offre a été lancé pour la concession du port sec de Dosso le 10 janvier 2014. Six entreprises internationales ont postulé. Quatre ont été pré qualifiées le 8 avril 2014 et l’entreprise Bolloré a été retenue le 16 juin 2014. Et ce n’est que le 10 octobre 2014 que le Port Sec de Dosso a été crée par décret No 2014- 613/PRN/MT. Voilà la technique. Attribuer un marché qui n’existe pas. La procédure est inédite. C’est la trouvaille. La concession a été faite, l’objet de la concession est crée et on lui trouve même une antenne à Niamey. Le Port Sec devait avoir ses magasins à Dosso. Bolloré n’aura pas à investir dans la construction des magasins. Il utilisera les magasins existants et se fera rapidement des sous. Une compensation ? Il pourrait rapidement récupérer les investissements faits dans le cadre du chemin de fer Niamey-Dosso. De la précipitation encore ? Comme un enfant qui est obligé de mentir pour couvrir un premier mensonge.
Devant la détermination des commerçants et des transitaires que le Premier ministre a reçus et auxquels il a demandé 10 jours pour régler l’affaire, le ministre dira en conclusion « en attendant de trouver une solution consensuelle, le statu quo est maintenu, c’est-à-dire la gestion par les services des magasins sous douanes ». Le gouvernement a-t-il reculé ou c’est encore du dilatoire pour gagner du temps ? Entre le ministre et le PM, qui faut-il croire ? En tout cas cette affaire de concession des magasins sous douanes ressemble fort à un crime économique.
O.A.M