Comme c’est assez souvent le cas, c’est sur les médias internationaux largement suivis au Niger que les hommes politiques et autorités « lâchent » quelques vérités sur certaines affaires d’intérêt national.
Le dernier acte en date a été posé par le ministre d’Etat à la Présidence et président du PNDS Tarreya lors d’un entretien accordé à RFI le vendredi dernier.
Dans cet entretien et revenant sur l’attaque de Karamga par la secte islamiste nigériane Boko Haram, laquelle a coûté la vie à une centaine de nigériens en majorité des soldtas, Bazoum Mohamed a reconnu implicitement des failles dans notre dispositif de sécurité et pire encore, le gouvernement était au courant. « Cette position était exposée en effet et nous savions que nos éléments qui se trouvaient sur cette île de Karamga étaient vulnérables » a affirmé le ministre d’Etat soulignant que « le débat était en cours quand malheureusement les évènements ont eu lieu ».
La déclaration est on ne peut plus surprenante et comme l’a souligné un juriste nigérien, « il apparait clairement que les ministres en charge des questions de sécurité et de défense ont délibérément exposé la vie de nos soldats en danger, ils pourraient être poursuivis pour mise en danger de la vie d'autrui ».
Le gouvernement qui a indiqué avoir diligenté une enquête n’a pas encore donné suite sur la réalité de ce drame, le plus grand revers subit par l’armée nigérienne dans sa guerre contre Boko Haram.
Le ministre Bazoum confirme donc les déclarations rapportées du front sur la vulnérabilité de certaines positions stratégiques des Forces de défense et de sécurité (FDS). Selon un officier qui se trouvait quelques jours seulement avant l’attaque dans la zone, même l’armée tchadienne avait suggéré au Niger de se retirer de l’île surtout qu’il n’y avait pas de voies de repli en cas d’attaque.
L’autre question que soulève la sortie de Bazoum, c’est justement par rapport à la sensibilité de ces questions de défense. Bazoum est certes ministre d’Etat à la Présidence mais dernièrement, des acteurs de la société civile ont été détenus en garde à vue pour avoir évoqués les conditions de travail des soldats déployés sur le front. Ils sont actuellement poursuivis en état de liberté provisoire pour « atteinte à la défense nationale ».