Dans son dernier bulletin, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha, ONU) affirme que «les autorités nigériennes estiment qu'entre 80 000 et 120 000 personnes essaieront de transiter par le Niger en 2015».
«Malgré les risques encourus et les témoignages des migrants sur les difficultés liées à la migration, de nombreux Nigériens et personnes venant de pays tiers de la région continuent de tenter la traversée du désert nigérien pour rallier le Maghreb ou l'autre côté de la méditerranée», souligne l'agence onusienne.
Entre janvier et mai 2015, l'ONU dit avoir assisté plus de 5000 migrants, dont 656 femmes et 678 mineurs, pour la plupart refoulés de Libye, «soit plus du double» des migrants assistés pendant la même période en 2014.
Selon Ocha, plusieurs de ces migrants de retour ont témoigné avoir souffert de «violences physiques» et séjourné durant «des mois» dans des centres de détention avant leur expulsion.
Des centaines de milliers de ressortissants d'Afrique de l'Ouest vivaient et travaillaient (en majorité clandestinement) en Libye avant le déclenchement en février 2011 d'une rébellion contre le régime de Mouammar Kadhafi.
Plus de 200 000 Nigériens et des milliers d'autres Ouest-Africains avaient fui la Libye en raison de la guerre.
«Ceux qui remontent en Libye espèrent y retrouver leurs anciens boulot», a expliqué à l'AFP un élu joint au téléphone à Agadez, la grande ville du nord nigérien, passage incontournable pour ces migrants.
«Ce flux-là, rien ne va l'arrêter, pas même l'insécurité en Libye et les pièges mortels du désert», a-t-il déclaré.
Le parlement nigérien, pour contrer les trafiquants, a voté début mai une loi très sévère pénalisant leurs crimes, qui les rend passibles de peines allant jusqu'à 30 ans de prison.
Plus de 45 000 immigrés clandestins ont débarqué en Italie, la plupart partis des côtes libyennes, depuis le début de l'année. Quelque 60% d'entre eux avaient transité par le Niger, selon des chiffres officiels.