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Diaspora : Les étudiants boursiers haussent le ton
Publié le lundi 29 juin 2015   |  Actuniger




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Après les étudiants d’Algérie puis leurs homologues du Maroc, c’est au tour des étudiants et stagiaires nigériens au Sénégal de tenir, le samedi dernier, un sit-in de protestation au sein de notre représentation diplomatique à Dakar.

Loin d’être un simple effet de mode, cette succession de manifestations qui n’est pas sans nuire à l’image de notre pays, n’est que la conséquence logique du ras-le-bol qui s’est généralisé ces derniers temps au sein de la communauté des étudiants boursiers à l’étranger.

L’une des principales revendications exprimées et qui constituent d’ailleurs le dénominateur commun de la situation de ces étudiants dans les différents pays, c’est l’amélioration de leurs conditions de vie, ce qui résume pour l’essentiel au paiement de la bourse, des frais d’étude et de l’aide sociale. En plus d’être d’un montant « dérisoire », un mot qui revient sans cesse dans les doléances des étudiants, les envois financiers accusent un sérieux retard avant de parvenir dans les différentes ambassades chargées du payement.

Actuellement, les étudiants boursiers attendent depuis plusieurs mois le payement de leurs derniers pécules alors même que l’échéance qu’ils sont sensés couvrir est largement dépassée.

Le cas le plus illustratif parce que justement inédit dans notre pays, c’est la situation des 277 étudiants en 3e cycle envoyés cette année en formation et pour la première fois rappelons-le, dans un établissement privé marocain à Fès. Depuis leur arrivée en octobre après une sélection des dossiers par l’ANAB, aucune bourse ne leur a été encore versée en dépit des mouvements de grève qu’ils ont entamés à plusieurs reprises.

C’est la même situation qui prévaut, à moindre échelle, auprès des étudiants boursiers dans d’autres contrées. En plus des lacunes récurrentes dans les payements des bourses, les étudiants réclament l’amélioration de leurs conditions de séjour et d’étude dans leurs pays respectifs d’accueil.

« Nous avons des problèmes de non payement et dans les délais de nos bourses, des frais d’études, médicaux et de transports » confirme Boubacar Abdoul Kader, le SG des étudiants nigériens au Sénégal qui cite des cas d’étudiants chassés de leurs appartements pour manque de payement de loyer ou des étudiants qui attendent de soutenir leur mémoire de fin d’études depuis plus d’un an pour absence de payement des frais d’études.

Ce n’est pas la première fois que les étudiants nigériens à l’étranger haussent le ton pour se faire entendre. La situation perdurait depuis des années pour ne pas dire depuis des décennies.

En dépit des engagements pris par les différents gouvernements qui se sont succédés, la situation ne s’est guère améliorer et va même de pire en pire si l’on croit les propos que tiennent régulièrement les responsables des associations des étudiants de la diaspora, lesquels en dépit des causes, n’ont que les médias pour relayer leurs cris d’alarme.

Il y a quelques mois, à l’occasion d’un déplacement officiel en Algérie, le Président de la République Issoufou Mahamadou a promis de revaloriser la bourse des étudiants à l’extérieur en la portant au double de son montant actuel. Toutefois, les étudiants sont jusque-là dans l’expectative en attendant la concrétisation de cette promesse.

Par la suite, le Conseil des ministres s’est également penché sur la question et sur proposition du ministre de l’enseignement supérieur, a adopté la formule de bancarisation des boursiers afin de pallier aux retards de payement. Comme dans le premier cas, le projet reste encore au stade de profession de bonne foi.

Pour rappel, au temps de la 5e République, le Président Tandja Mamadou s’est également engagé à améliorer les conditions de vie et d’étude des étudiants boursiers à l’extérieur à l’occasion d’une visite d’Etat en Chine. Là, aussi, les engagements sont restés lettre morte au grand dam des étudiants boursiers qui avaient fondé beaucoup espoir sur cette promesse.

C’est donc pour faire face à cette situation qui dure depuis des années, que les étudiants ont décidé de passer à la vitesse supérieure surtout qu’en réponse à leurs doléances, ils ont toujours fait face à un silence des autorités. Les différents ambassadeurs sollicités n’essaient, à chaque fois, que de jouer aux médiateurs dans l’incapacité de répondre favorablement aux doléances des étudiants. La solution se trouve en effet à Niamey et entre autres au niveau de l’ANAB qui n’arrive pas encore à trouver le mécanisme adapté pour une gestion plus efficiente des payements des bourses et avantages y afférents aux étudiants de l’étranger.

Il convient de rappeler que le calvaire des étudiants boursiers à l’étranger à commencer depuis les années 90 avec dans un premier temps les retards de bourses au temps de la transition qui a suivi la conférence nationale puis sous la 3e République. La situation s’est empirée sous le régime sous la 4e République du Président Baré Mainassara. Durant cette époque, les bourses accusaient des retards mais la situation finissait par se régulariser par intermittence avec le payement des arriérés.

Cependant, à l’époque de Tandja Mamadou, le premier ministre de l’époque Hama Amadou n’a trouvé mieux comme solution que de signer un arrêté interdisant le cumul de bourses afin de contenir les revendications accompagnées de manifestations assez récurrentes des étudiants à l’étranger. Il a fallut l’arrivée de Seyni Oumarou à la primature, au crépuscule de la 5e république pour qu’un semblant d’amélioration soit apportée à la situation avec le bénéfice accordée aux étudiants bénéficiaires d’une bourse de coopération, d’accéder à « une aide sociale ».

Parallèlement, l’ouverture des procédures de transfert de bourse ou d’octroi de bourses de 3e cycle a un peu amplifié la situation avec l’accroissement des étudiants bénéficiaires de la bourse toutes catégories confondues.

Actuellement, les étudiants boursiers, qu’il s’agisse d ceux qui bénéficie du transfert de bourse, de la bourse ou de l’aide sociale, sont dans la même situation.

Comme chaque année, les responsables des associations estudiantines affirment avoir saisi qui de droit notamment les autorités, les députés et même le Comité directeur de l’USN, pour qu’une solution durable soit trouvée à leur cas. « C’est après de vaines discussions avec les autorités relativement aux multiples problèmes auxquels sont confrontés les étudiants nigériens que nous avons décidé de rompre le dialogue et de procéder à une manifestation générale », soutient par exemple le secrétaire général de l’Association des étudiants nigériens au Maroc (ANEM) Ali Adamou Ousseini, pour légitimer leur sit-in.

Après plusieurs tentatives jusque-là infructueuses par les générations d’étudiants qui se sont succédées ces dernières années en se refilant «la lutte», cette fois sera-t-elle la bonne ?

Il est très tôt pour le dire en l’absence de réaction officielle mais devant la généralisation des mouvements de protestation dans les différents pays accueillant le plus gros lot des contingents d’étudiants boursiers, le gouvernement n’a d’autre choix que de faire un geste afin de bouger un peu les choses. Du reste, avec les prochaines élections qui s’approchent et qui verront pour la première fois les nigériens de l’extérieur votés, il y a fort à parier que l’enjeu prenne des proportions politiques pour le grand bénéfice des étudiants boursiers à l’étranger.

C’est déjà ça si au moins et pour une fois encore, la solution va au delà des promesses sans cesses réitérées. En attendant, ces étudiants ne réclament qu’une seule chose : leurs bourses et aides sociales ! Conscients de la situation du pays, les étudiants ne font même pas dans la surenchère en réclamant comme avant les autres avantages qui leur sont normalement dû comme pour les étudiants de certains pays voisins. Cela viendra certainement après c’est-à-dire quand nos gouvernants prendront enfin conscience du potentiel que représentent ces ambassadeurs du Niger, dans le développement socioéconomique de nos pays.

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