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La fièvre de l’or sévit à Agadez au Niger
Publié le lundi 29 juin 2015   |  AFP


Des
© AFP par ISSOUF SANOGO
Des orpailleurs du village d`artisanat de la ville d`Agadez
Mardi 26 mai 2015. Niger


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Plus d’une centaine d’hommes, allongés sur des nattes, dorment à la gare routière d’Agadez : tous sont orpailleurs, de retour ou en partance pour l’extrême-nord du Niger, autant d’acteurs anonymes de l’incroyable ruée vers l’or qui s’est emparée du pays depuis deux ans.

L’histoire aurait démarré de manière presque banale. "Au départ, des gens se sont ensablés avec leur voiture dans le désert. En se dégageant, ils ont trouvé quelques pépites. C’était en 2013, près de Djado", raconte El-Hadj Mohamed Salé, un ancien guide connaissant le Sahara comme sa poche.

"L’endroit était une cuvette où le vent avait balayé le sable. Il ne restait donc que l’or", poursuit-il calmement. "Ils ont fait trois voyages. A leur troisième retour, tout a démarré."

Qu’elle soit véridique ou romancée, la légende de Djado, vaste territoire situé en bordure d’une chaîne de petites montagnes, dans une zone aride très inhospitalière, s’est rapidement diffusée, devenant virale au Niger et dans les pays voisins.

Aujourd’hui, des dizaines de milliers d’orpailleurs nigériens, tchadiens, soudanais... s’activent "au Djado", à plus de 1.000 km au nord-est d’Agadez, dans une précarité totale. L’eau, la denrée la plus précieuse, s’y monnaye parfois en pépites, souvent en francs CFA.

Et de temps en temps, le sacrifice est payant. "Je vis très bien grâce à l’or que j’ai trouvé", sourit Ibrahim Aboubacar. Dans son t-shirt bleu électrique et son large bermuda assorti, ce Nigérien de 22 ans a le look branché sans être trop ostentatoire du jeune argenté.

Son vocabulaire est fourni. Il fut lycéen... et cessa de l’être, le bac pas encore en poche, pour devenir orpailleur.

"J’ai plein d’amis qui ont des diplômes, des doctorats. Ils sont à Niamey mais n’ont aucun travail", se justifie-t-il. "A Djado, il y a des gens qui vont gagner 1 million (1.500 euros), 2 millions (3.000 euros)... Ils n’auraient jamais imaginé pouvoir gagner autant en un mois".

Ibrahim Aboubacar, qui se fait appeler "Sidiq", refuse de dire combien d’or il a découvert en deux campagnes à Djado. Mais il prétend qu’il y en a "beaucoup" sur place. "Pour en trouver, on n’a pas besoin d’aller à plus d’1 ou 2 mètres" de profondeur, affirme-t-il.

- 5 kilos d’or -

"Au début, des gens pouvaient revenir à Agadez avec 3, 4 voire 5 kilos d’or", se souvient Hamidou Ismaila, un acheteur d’une trentaine d’années, avec qui Sidiq est en affaires. "Maintenant c’est plus difficile. C’est plutôt 300-400 grammes, au maximum 1 kilo".

Interrogé par l’AFP, le ministère des Mines à Niamey reconnaît n’avoir "aucune idée" des quantités extraites. Celles-ci doivent tout de même être conséquentes, tant le boom minier transforme Agadez.

Les nouvelles maisons champignonnent en périphérie de la "porte du désert", également devenue plaque tournante pour migrants africains en quête d’Europe.

Les boutiques vendant ou réparant détecteurs de métaux, pelles, brouettes... se multiplient. Elles prennent le relais des échoppes pour touristes qui ont abandonné la belle Agadez il y a des années, depuis que des groupes jihadistes sévissent dans la région.

Djado, situé à environ 200 km de la Libye, l’Algérie et le Tchad, se trouve d’ailleurs au cœur de la menace. Mais les forçats qui y travaillent affirment ne pas être inquiétés par les islamistes.

Nombre d’acteurs voient ainsi l’arrivée de l’or et des orpailleurs comme une aubaine pour Agadez et le Niger, pays sahélien très pauvre abonné aux crises alimentaires.

"La ruée vers l’or est arrivée au bon moment. Ça a permis à beaucoup de Nigériens de tenter leur chance", observe Rhissa Feltou, le maire d’Agadez.

"On remercie Dieu de nous avoir donné cet or", acquiesce Ahmed Hanjar, un cadre du marché artisanal où une dizaine de travailleurs, jeunes et moins jeunes, concassent des roches et tamisent les résidus dans une bassine, avant de mélanger, à mains nues, les pépites découvertes à du mercure.

Car qui dit orpaillage dit, comme partout ailleurs, pollution et insécurité. A Djado même, des bandits armés attaquent chercheurs d’or et marchands, raconte Sidiq, dont un ami s’est fait voler une dizaine de détecteurs de métaux après s’être fait tirer dessus, "heureusement sans être touché".

Un nouveau type de criminalité est aussi apparu, plus près d’Agadez. "Ici, la population est de culture fainéante", soupire Ibrahim Manzo Diallo, un patron de presse local. "Certains préfèrent donc couper des routes avec armes et 4x4, à la lisière du désert, pour voler les orpailleurs qui se sont crevés des mois dans le Sahara..."

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