Lorsque l’affaire de morcellement du plateau de Bougoum a éclaté au grand jour, Le Monde d’Aujourd’hui était de ceux qui avaient applaudi l’impartialité de la justice, décidée à conduire ladite affaire sans état d’âme aucun.
Hélas ! Quelles que soient la volonté et la vaillance des magistrats à dire le droit, rien que le droit, Guri system a toujours des tours dans son sac pour contourner la justice et épargner ses partisans. L’illustration parfaite de cette affirmation est dans cette correspondance adressée au juge d’instruction de Kollo par le directeur du Contentieux de l’Etat et dont Le Monde d’Aujourd’hui s’est procuré copie (voir facsimilé).
Qu’est-ce que l’affaire des terres du plateau de Bougoum ? Il s’agit d’une aire de pâturage placée dans le domaine public compte tenu de son utilité. C’est aussi un couloir de passage pour les animaux allant ou venant du Burkina Faso. C’est donc cet espace protégé par l’Etat que Boubacar BOUKARI alias Boubé Gazibo, à l’époque député s’est octroyé le 3 février 2006 à travers un acte de cession de droits immobiliers signé du maire de Bitinkodji Amadou Boureima. Sept (7) mois plus tard, le 14 septembre précisément, et sur la base d’un fallacieux certificat de détention coutumière délivré par le chef de village, le préfet de Kollo Maman Seydou délivrait à Boubé Gazibo un certificat de propriété et une immatriculation. Inquiet de la tournure que prennent les choses, le chef de Canton de Bitinkodji, l’honorable Amirou Moustapha Hassane, écrivait au préfet de Kollo pour l’informer du caractère douteux de la transaction en cours. C’était le 3 juin 2007. Mis au parfum de la situation, le président de la république de l’époque Tandja Mamadou aurait personnellement appelé le député Gazibo pour lui signifier d’abandonner son projet car cet espace ne pouvait être morcelé. C’est alors, que l’opérateur économique et député de la majorité au pouvoir fit semblant de s’exécuter. Mais c’était juste le temps de voir la fin du régime de Tandja qui avait le souci du monde rural et qui ne se laissait pas menacer par des individus ni des partis politiques.
Effectivement, avec l’avènement de Mahamadou Issoufou à la présidence de la république, l’homme remit son projet dans le pipeline. Profitant de ce que l’actuel ministre de la Jeunesse et des Sports Abdoul-karim Dan Mallam soit directeur général de la SONUCI, l’ancien député Gazibo relance son projet et finit par arriver à ses fins. Mais les populations de Bitinkodji ne l’ont pas entendu de cette oreille et le gouvernement finit par se saisir de l’affaire en portant plainte. Boubé Gazibo et d’autres sont arrêtés. Militant de premier ordre de l’ANDP Zaman-lahia, parti allié au PNDS-Tarayya, au pouvoir, Boubacar Boukari est remis en liberté après quelques temps de séjour à la prison de Kollo. Il ne pouvait en être autrement si l’ont voit la correspondance du directeur du Contentieux de l’Etat au juge d’instruction en charge du dossier. Ayant pour objet « Afairef. Etat du Niger c/ BOUBE GAZIBO » cette lettre disait ceci : « monsieur le Juge d’instruction, au vu des pourparlers engagés entre la Direction du Contentieux de l’Etat et le Sieur Boubé Gazibo dans l’affaire citée en objet, j’ai l’honneur de vous confirmer par la présente le retrait de la plainte de l’Etat du Niger. En conséquence, le contentieux de l’Etat ne s’oppose pas à la mise en liberté de l’intéressé. »
Ainsi, ladite affaire est morte, paix à son âme. il faut dire que le parti de Gazibo l’ANDP Zaman-lahia a mit la pression en menaçant de claquer la porte de la mouvance présidentielle et le gouvernement a fini par céder au chantage. Néanmoins, plusieurs zones d’ombres demeurent et les interrogations s’accumulent. De quels pourparlers parlait le directeur du Contentieux de l’Etat ? Une affaire de justice, peut-elle avoir un compromis dans un bureau ou une salle de réunion, loin du palais de justice ? Quel est le deal ayant permis de classer sans suite cette sulfureuse affaire? Le Monde d’Aujourd’hui est à la recherche des réponses à ces questions et vous serez informés dès que nous y mettrons la main dessus.
En attendant, la leçon de cette triste affaire est déjà connue. Peu importe les crimes économiques et sociales que l’ont commet, peu importe le frein que l’on pose au développement du Niger, peu importe le coup que l’on assène à la cohésion et à la tranquillité des paisibles citoyens, tant que l’on fait allégeance au Guide suprême de la Renaissance Issoufou Mahamadou et pour autant que l’on restera allié de son parti, rien, absolument rien ne peut vous arriver. Il a les moyens et les pouvoirs nécessaires pour faire le nécessaire. Ce ne sont pas les scandales de Ouhoumoudou Mahamadou, Kalla Hankouaraou, Zakou Djibo dit Zakaï, Hassoumi Massaoudou (Mont Gréboun et AREVA) … et tant d’autres qui diront le contraire.