Enlèvements de ressortissants étrangers, attentats... Le conflit malien va-t-il favoriser la mobilisation de tous les groupes jihadistes du continent ? Les pays de la sous-région s'efforcent d'atténuer l'onde de choc.
C'est un dessin de Willem publié dans le quotidien français Libération. Un poing, que l'on devine français, tape sur le Mali et, au lieu de les écraser, projette les jihadistes qui s'y trouvent chez les voisins immédiats. En Mauritanie, au Burkina, au Niger, au Tchad... « C'est assez juste », admet, le journal sous les yeux, un diplomate français qui joue un rôle crucial au Quai d'Orsay. Instruite par l'expérience de l'intervention en Libye en 2011, dont les conséquences dans la sous-région ont été bien plus importantes que ce qui avait été imaginé, la France se doute que la guerre au Mali aura des suites. « Il faut s'attendre à ce que ce conflit ne soit qu'une étape », estimait, le 28 février à Paris, le colonel Vladimir Tozzi, spécialiste du renseignement et de la contre-guérilla, lors d'un colloque consacré au Sahel.
De quelle nature sera l'onde de choc ? Quels pays touchera-t-elle en premier ? « Difficile à dire. On s'attend à des enlèvements, à des attentats, mais où ? C'est toute la région qui est menacée », souffle le conseiller diplomatique d'un président ouest-africain.
Le 23 février, le porte-parole du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), le groupe qui a revendiqué plusieurs attentats-suicides ces dernières semaines à Gao et plus au nord, a cité des cibles pour ses apprentis kamikazes : Bamako, Ouagadougou, Niamey. Dans ces trois capitales, on prend ces déclarations très au sérieux.