Il vous souviendra que le 3 juin 2015, le gouvernement de la 7ème République lançait les opérations de recensement en prélude aux échéances électorales devant permettre le renouvellement de la classe politique dirigeante et cela conformément aux textes et lois en vigueur dans notre pays. Comme vous le savez, ces opérations de recensement des personnes en âge de voter ont fait verser beaucoup d’encre et de salive. D’aucuns ont pu faire le constat qu’en lieu et place des équipes composées d’agents recenseurs, de représentants des partis de la Majorité et des représentants des partis de l’Opposition, se sont assez souvent les seuls agents recenseurs que l’on rencontre. La raison souvent avancée est la modicité de la prise en charge annoncée de 1000 FCFA par personne et par jour des autres membres de l’équipe. Pire, ceux qui ont accepté ce montant n’ont pas été mis dans leurs droits jusqu’à la fin des opérations de recensement. Dans certaines localités du pays, la possibilité du recensement par témoignage a été refusée aux populations alors qu’elle est permise d’autres. Dans bien d’autres encore, se sont des cahiers préalablement remplis par les tenants du pouvoir qui sont tendus aux agents recenseurs qui sont obligés d’abandonner le « porte à porte » et de s’établir malgré eux chez les dignitaires pour recopier les contenus de ces cahiers.
Le moins qu’on puisque dire, c’est que les opérations de recensement électoral ont été bâclées à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Le résultat est tout simple. Contrairement aux légitimes attentes du peuple nigérien, le recensement électoral 2015 n’a pas été juste et sincère. La liste électorale qui en sera issue ne sera pas plus sincère et fiable que celle de 2010 qui aurait curieusement disparue.
Concernant l’extérieur du pays, le Pouvoir en place a anticipé le chiffre de 1.500.000 nigériens en âge de voter rien que pour la seule Lybie ?
Au Soudan la délégation de la CFEB au lieu de faire le recensement de nos compatriotes dans ce pays est allée faire un meeting pour le parti Mr Issoufou le PNDS Tarayya, en plus cette même délégation est chargée par le pouvoir d’acheminer les nigériens où qu’ils se trouvent pourvu qu’ils votent le PNDS pour leur faire des cartes consulaires.
Au Nigeria, c’est l’ambassadeur du Niger même qui est allé à Katsina pour recenser des nigérians je dis bien des nigérians.
Plus grave des instructions auraient été données à tous les préfets de plusieurs localités de faire une liste de cinquante (50) personnes de chaque village et quartiers de leur entité administrative respective, des pièces d’identité et cartes électorales parallèles leurs seront délivrées plus tard.
L’incendie des fiches électorales de la commune rurale de Tamaya (département d’Abalak), la saisine de plusieurs sacs de cartes de famille dans la même région constituent une autre preuve irréfutable d’un recensement électoral pour le simple but de légitimer une fraude organisée de manière industrielle à grande échelle pour reconduire Mr Issoufou.
Mais, cette situation ne surprend outre mesure. Les autorités de la 7ème République n’ont jamais voulu d’élections libres et transparentes dont le socle serait un fichier sincère et consensuel.
Tenez-vous bien, dans le bilan de 4 ans d’exercice du pouvoir par Issoufou Mahamadou de 124 pages, moins d’une demi-page (12 lignes exactement) a été consacrée aux élections dont les échéances sont pourtant connues depuis 2011, date de sa prestation de serment devant Dieu et devant le Peuple souverain du Niger. Sur ces 12 lignes consacrées aux élections, les acquis de 4 ans d’exercice du pouvoir, pour le moins décevant, se résument comme suit :
• Les décisions prises par le Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) concernant un certain nombre de projets de loi relatif aux élections soumis à l’Assemblée Nationale;
• L’engagement du Niger dans la biométrisation depuis 2013 à travers la mise en place du Conseil National chargé du Fichier Electoral Biométrique (CNFEB) ;
• L’acquisition d’un terrain de 1950 m2 pour la construction du siège de la CENI ;
• Le vote des nigériens à l’extérieur consacré par une nouvelle loi électorale ;
• L’augmentation honteuse, scandaleuse sans but et non nécessaire du nombre des députés qui passe de 113 à 171.
Voilà tout. Ce piètre bilan relatif aux préparations des élections en 4 années d’exercice du pouvoir dit long sur les intentions à peine voilée de confiscation du pouvoir par l’organisation d’élections tronquées par Issoufou Mahamadou et son passage en force en 2016.
Pour l’instant, la CENI est installée mais elle manque de tout pour travailler. D’un autre côté, aucune inscription dans la Loi de Finances 2015 n’est faite pour financer les élections locales, ce qui constitue une tentative grossière de renvoyer ces élections aux calendes grecques.
Pour la paix sociale du Niger, gage de tout développement, les nigériens sont en droit d’exiger du gouvernement :
1) La mise à la disposition de nos forces de défense et de sécurité de l’arsenal de guerre détenu par Mr Issoufou pour sécuriser la région de Diffa ,car il n’en serait pas question que des localités de notre pays votent alors que d’autres sont en guerre.
2) L’organisation d’abord des élections locales avant la fin des mandats des élus tout en respectant l’ordre des échéances électorales car il n’y a aucune raison valable pour repousser sine die ces élections. En effet la disposition du code électoral qui prévoit un éventuel report de six (6) mois ne peut s’appliquer que pour des raisons extrêmement grave et sérieuse ( le législateur n’a pas donné un chèque en blanc au gouvernement pour organiser les dites élections quand il veut). De toute évidence d’après les animateurs du Guri system, le pays dispose de moyens financiers et matériels comme l’attestent les poses des premières pierres par ci par là, d’ouvrage de prestiges comme des toboggans appelé outrancièrement des échangeurs dans tout le pays, par ailleurs le pays n’est plus en guerre car Boko Haram est déjà vaincu selon Mr Issoufou et son ministre d’état de campagne,
3) L’audit du recensement en cours par le système des Nations Unies ;
4) L’implication des bailleurs de fonds, à travers les Nations Unies, dans l’ensemble du processus électoral en cours au Niger ;
5) Le retour à la biométrie afin de garantir une base électorale sincère et acceptable par tous. Nous pensons qu’en impliquant le système des nations unies le Niger peut avoir la possibilité d’utiliser le matériel biométrique du Nigéria ou du Togo et gagner ainsi du temps tout en faisant des économies. Et ceci d’autant plus que Mr Issoufou a toujours fait croire souvent avec insistance aux bailleurs de fonds qu’il tient beaucoup à la biométrie. Il n’est pas trop tard pour agir et pour faire du bien dans ce sens.
C’est un appel que nous lançons aux nations unies et à tous les partenaires soucieux de la paix, de la bonne gouvernance mise déjà à rude par le régime corrompu et corrupteur de Mr Issoufou (comme l’attestent la crise politique et institutionnelle qui prévaut depuis longtemps, les atteintes flagrantes aux libertés publiques, l’instrumentalisation de la justice, la caporalisation des médias publics, l’instauration de la pensée unique etc…..).
C’est dire que si rien n’est fait pour pallier les problèmes qui viennent d’être évoqués, ce qui nécessite l’implication du système des nations unies et les partenaires, le Niger risque de sombrer dans une situation post- électorale pire que ce que d’autres pays ont connu.