4 choses, à propos du Président Issoufou Mahamadou, qui exaspèrent les nigériens et 4 choses à propos desquelles les nigériens sont reconnaissants envers leur Président.
Publié le mercredi 8 juillet 2015 | Le Souffle Maradi
4 choses, à propos du Président Issoufou Mahamadou, qui exaspèrent les nigériens.
Même en l’absence d’instituts de sondage pour le confirmer, le Président Issoufou Mahamadou qui ne fait pas mystère de briguer un second mandat, voit sa cote de popularité s’effriter, sous les coups de boutoirs de l’opposition certes, mais surtout, à cause de certaines « choses » que ses concitoyens ont, de plus en plus, de difficulté à digérer. Voici un petit florilège de situations et comportements qui tirent le Président vers le bas.
Le roi de la bougeotte : L’une des choses que lui reprochaient ses compatriotes dès les premières heures de sa prise de pouvoir, était son gout très prononcé pour les voyages, surtout les voyages à l’extérieur, notamment en France, l’une des ses destinations préférées. A l’époque, les nigériens l’avaient affectueusement surnommé « Rimbo », du nom de l’une des compagnies privées de transports dans son pays. Depuis, le Président Issoufou n’a pas véritablement changé. On ne compte plus désormais le nombre de ses voyages à l’extérieur. Pire, aucune circonstance (Inondation, épidémie, attaque terroriste) n’a pu contrarier son nomadisme, comme cela se passe avec d’autres présidents, sous d’autres cieux.
A contrario de ses multiples voyages à l’extérieur, le Président Issoufou a très peu voyagé à l’intérieur de son pays. En quatre ans de fonction, il n’a jusqu’à présent pas effectué sa première « tournée en profondeur » comme le faisait ses prédécesseurs. Son entourage le défend en arguant que, du temps où il était opposant, il a quasiment sillonné tous les villages du Niger. Rien de suffisant pour convaincre des nigériens toujours de plus en plus exigeants envers le prince qui les gouverne. Cette absence de proximité entre le peuple et son président contribue, pour une bonne part, à entretenir un « désamour » que l’opposition cherche naturellement à amplifier pour en tirer le meilleur des profits.
« La main lourde » et « le silence complice » : Ces groupes de mots reviennent souvent pour qualifier l’absence de réactivité du Président Issoufou face aux agissements peu orthodoxes de certains de ses lieutenants qui prennent un malin plaisir à faire « le malin » à leurs compatriotes. Au point où les nigériens se demandent aujourd’hui, qui de Mahamadou Issoufou ou de son entourage, gouverne réellement leur pays. En l’occurrence, l’impunité est totale pour ses amis politiques, particulier pour les membres du G8, aujourd’hui devenus des citoyens au dessus de la loi. Le président ne peut ni freiner leurs ardeurs, encore moins les écarter pour les indélicatesses commises. Il se contente juste de les soustraire des feux des projecteurs, pour après les recycler dans le système, au détriment de l’intérêt général, de la morale publique et du devoir d’exemplarité.
A propos du devoir d’exemplarité : les épisodes des ministres qui tapent des femmes ou qui s’invectivent en public, y compris devant des « étrangers » ; les présomptions d’enrichissement illicite de la plupart des barons du système, ont gravement entaché la crédibilité de l’entourage du Président. Pourtant, en 2011 les nigériens ont plébiscité le Président Issoufou, parce qu’il leur a été présenté comme étant un « zaki », c'est-à-dire un « lion » en Haoussa. Les nigériens à l’époque, avaient en effet besoin d’un homme de poigne capable de mettre un terme aux détournements des deniers publics, à l’enrichissement illicite, à l’indiscipline et à l’arrogance des gouvernants. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui ne comprennent plus pourquoi « le lion de l’Ader » est incapable de rugir pour chasser les prédateurs de la République.
« Quand le tigre proclame sa tigritude » : S’agissant de la communication gouvernementale, là aussi, il y a un gros bémol. Celle-ci ressemble plutôt à un « bourrage » et à un « matraquage » médiatique qu’à tout autre chose de raffiné, de comestible ou d’agréable. En surexposant maladroitement dans les médias proches du pouvoir, « le Programme de la Renaissance » ou les « réalisations du Président de la République », le nigérien lambda a la désagréable impression qu’on veut lui forcer la main et lui faire avaler une pilule, voire même une couleuvre. L’avalanche de chiffres combinée à la litanie des actions, débitées à longueur de journée par le Président Issoufou lui-même et par son entourage, donnent en effet l’impression aux nigériens que le tigre ne fait que proclamer sa tigritude, alors que c’est la réciproque qui devrait être valable.
Sur un autre plan, les meetings de Bazoum Mohamed à l’intérieur comme à l’extérieur et ceux organisés par de zélés acolytes dans les régions, alors que le pays est en pleine tourmente sécuritaire, apparaissent aux yeux de l’opinion comme une méprisante insulte, au mieux une grossière provocation. Les gesticulations et les récriminations du Ministre Hassoumi Massaoudou, les arrestations d’opposants, de journalistes, d’acteurs de la société civile, souvent sans fondements, contribuent pour une bonne part à diaboliser « le régime guriste » et semer ainsi le doute dans les têtes de nigériens sur la capacité de leur Président à diriger sereinement le pays.
Le côté « Charlie » du Président Issoufou inquiète également ses compatriotes. L’on se souvient, au lendemain de l’attentat qui a endeuillé le journal satirique français, spécialiste en blasphème contre le Prophète des musulmans, le Président Issoufou s’est empressé de proclamer qu’il était « Charlie » en solidarité au peuple français. Il n’en fallait pas plus pour provoquer à Zinder, Niamey et Agadez, les pires émeutes anti chrétiennes jamais enregistrées au Niger et qui, de peu, ont failli emporter son régime.
Au delà de l’anecdote, ce qui heurte la conscience des braves nigériens, c’est la trop forte inclinaison du Président de la République et de son entourage à s’aligner derrière les français et à subir leurs désidératas. Déjà, lors des interminables négociations Niger-AREVA, les dirigeants nigériens ont fait preuve d’une mollesse déroutante. Certains d’entre eux sont allés jusqu’à reprendre les arguments d’AREVA et les ont honteusement rabâché à leurs compatriotes, histoire de les convaincre à accepter le deal boiteux. Pour les milliers de nigériens, cette posture du Président Issoufou, n’apportera rien de positif dans le règlement du « contentieux historique » qui oppose la France à leur pays.
4 choses à propos desquelles les nigériens sont reconnaissants envers leur Président
Même avec une cote de popularité supposée en baisse, le Président Issoufou Mahamadou a pourtant suffisamment convaincu ses compatriotes sur ses qualités de leaders et ses compétences de dirigeants. Voici quelques aspects les plus positifs de sa gouvernance, sur lesquels les nigériens, dans leur majorité, lui sont reconnaissants … ou presque.
La sécurité nationale : Mises à part les attaques de Boko Haram dans la Région de Diffa, la plus grande prouesse du régime de Mahamadou Issoufou est d’avoir réussi à faire du Niger un « ilot de paix entouré de mers agitées ». Il faudra bien le lui reconnaitre un jour, le Président Issoufou a réussi à assurer une paix et une sécurité relatives à son pays, pendant que les pays voisins sont en train de s’enliser dans des violences intercommunautaires ou terroristes (Mali, Nigéria) ou même de s’effondrer littéralement (Lybie). Pourtant, nombreux étaient les observateurs nigériens et internationaux qui craignaient fort pour le « pauvre Niger », tant les menaces qui l’entouraient, étaient de plus en plus prégnantes. Dieu merci, le Niger est toujours debout, et mieux, ses voisins comptent énormément sur lui pour venir à bout de l’insécurité qui gangrène la sous région.
Le Président Issoufou a-t-il mûrement réfléchi pour efficacement anticiper sur la problématique sécuritaire dans son pays ? Toujours est-il que, aussitôt arrivé au pouvoir, il mit en place une formule de gouvernance inclusive intégrant toutes les composantes géopolitiques du pays. Ce qui lui a permis de neutraliser sans grand problème les menaces internes et consacrer ainsi ses énergies et son intelligence à la défense de l’intégrité territoriale de son pays. En dotant son armée de moyens matériels supplémentaires, il a réussi à remotiver le moral d’une troupe dont l’expérience guerrière n’a rien à envier à celle de l’armée Tchadienne citée en exemple.
Malheureusement, le Président Issoufou ne tire pas grand avantage de cette situation. En témoignent les critiques acerbes que des nigériens, toujours de plus en plus impertinents et impatients, formulent à l’égard de sa gouvernance. Chose tout à fait normale, me diriez-vous, car la sécurité pour un pays, c’est comme la santé pour un individu. Elle n’a d’importance que quand on en est privé.
L’image du Niger à l’extérieur : De l’histoire récente de ce « pays pauvre du Sahel », jamais un Président n’a réussi à faire parler de lui avec respect, sur la scène africaine et au delà, sur la scène internationale. Jusqu’à l’arrivée de Mahamadou Issoufou au pouvoir, le Niger trainait une dégradante image de « nation mendiante » qui n’a rien à dire dans les tribunes internationales. Avec Issoufou, le Niger a cessé d’être un pays sans opinion, promenant son écuelle de talibé de réunion en conférence, pour devenir un « pays respectable », une voix consultée, surtout sur les dossiers sécuritaires.
Pour dire vrai, les nigériens devraient s’estimer heureux ! Leur Président est très populaire et très apprécié à l’extérieur. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, s’il continue de collectionner des distinctions internationales. Sans aucun doute, Mahamadou Issoufou fait partie du top 10 des meilleurs présidents en exercice sur le continent africain. Malgré la pauvreté de son pays, il n’est pas complexé, il n’hésite pas à prendre la parole et mieux encore, il fait des propositions pertinentes qui attirent respect et considération pour son pays. En dehors de Diori Hamani, aucun chef d’état nigérien n’a incarné autant de leadership sur la scène africaine et internationale.
Les grands travaux : S’il ya un domaine où « le lion de l’Ader » a mis la barre très haut, c’est sans conteste dans le domaine des infrastructures. Les nigériens pensaient que Tandja Mamadou, avec ses « 1000 classes et 1000 cases de santé » était indétrônable en la matière. Mais Issoufou Mahamadou, en quatre années d’exercice, a pulvérisé les records que le « vieux » a mis dix ans à obtenir. S’agissant de salles de classe par exemple, le régime de la Renaissance en a construit plus de 6000 ! Mieux encore, la Renaissance est entrain d’équiper les principales villes du pays en infrastructures modernes à travers les programmes d’embellissement « Niamey Gnala », « Dosso Sogha », « Maradi Kolliya », etc.
Ajouter à cette panoplie, les trois échangeurs de Niamey, le Marché central de Maradi, celui de Zinder et d’Agadez pour bientôt, le chemin de fer, le barrage de Kandadji, les centrales de Salkadamna et Gorou-Banda, l’hôpital de référence de Niamey en construction, les centaines de km de routes goudronnées, … sans compter le recrutement de plus de 36 000 diplômés à la fonction publique et la mise en place des équipements sociaux, allant des tables bancs, en passant par les ambulances, jusqu’à … l’avion présidentiel ! Sur le plan infrastructurel, c’est incontestable, il faut être aveuglé par la jalousie, pour ne rien voir des réalisations faites pendant le règne de Mahamadou Issoufou.
La seule objection qu’on peut hasarder par rapport à ces importantes réalisations, reste et demeure la pertinence de certaines d’entre elles. En effet, pour la plupart, outre leur caractère électoraliste, ces réalisations, tels les échangeurs par exemple, ne bénéficieront qu’aux citadins des grandes villes du Niger qui eux, ne représentent pas plus de 20% de la population et donc des électeurs nigériens.
Programme chiffré : Voici une autre compétence qu’aucun chef d’état nigérien avant lui, n’a réussi à présenter au peuple avec précision et concision. L’on se souvient, le Président Issoufou a sollicité les suffrages de ses concitoyens à travers un programme chiffré, mesurable et évaluable. La chose n’a peut-être pas grande importance, pour ses compatriotes analphabètes et semi alphabétisés. Mais pour ceux qui savent ce que cela veut dire, Mahamadou Issoufou vient d’inaugurer une belle époque, celle de la méthode et de la rigueur dans la conception et la mise en œuvre des programmes de Gouvernance.
Avant lui, les candidats se contentaient de promesses grossières et mensongères, genre « Nous allons vous construire un Pampon hura ! » Aujourd’hui, ce n’est sans doute plus possible pour un candidat de débarquer devant des électeurs, avec pour seul support que des paroles en l’air. Rien qu’en cela, le Président Issoufou a instruit ses compatriotes sur le profil et la panoplie d’un bon dirigeant. Un bon dirigeant est celui qui connait son pays, ses hommes et leurs préoccupations en matière de développement ; Et cela doit clairement apparaitre dans son programme de campagne. Au Niger, le Président Issoufou a été élu, parce que de loin, il avait le programme de campagne (le PDES) le plus structuré, le plus lisible et le plus alléchant. En 4 ans de mise en œuvre, d’après les dernières évaluations, le PDES avec ses composantes vedettes comme l’Initiative 3N « le nigériens nourrissent les nigériens », est à plus de 85% de réalisation.
Désormais, il ne suffira plus de diaboliser le Président de la République et son entourage pour le remplacer à la tête du pays. Il en faudra davantage : Un programme plus lisible, plus cohérent, plus alléchant et plus réaliste que le PDES !