Les jeunes aussi sont beaucoup attachés à nos valeurs culturelles. Ainsi, dès l'annonce du mois de Ramadan, ils commencent à se frotter les mains et à compter le nombre de jour de jeûne en perspective de l'organisation du toboye-toboye, une pratique bien de chez nous qui leur rapporte profit.
C'est dire que, le mois de Ramadan, en plus de son caractère religieux est aussi une période comportant des faits culturels significatifs dans notre pays. Amorcée depuis très longtemps, la pratique du toboye-toboye est connue de tous. C'est une pratique qui est ancré dans la mémoire collective. Une frange de la composante de la société s'y intéresse plus spécifiquement les enfants. Ils attendent avec impatience ce moment inédit pour parcourir tous les quartiers. En Ville comme au village, aucune zone n'est écartée par la pratique à partir du 10ème jour du Ramadan. Partout dans les rues, les enfants constitués en groupe pour la circonstance, circulent. Ils se déguisent et prennent l'allure de certains animaux comme le lion, la panthère, le chat...d'autres font du tatouage avec du banco. Utilisant de vieilles boites de conserve qui leur servent de tam-tam, les enfants chantent et dansent pour attirer l'attention des généreux donateurs sur eux. Ils font le porte en porte et usent généralement des relations familiales pour rehausser les retombés. Ils choisissent aussi souvent leur victime en fonction de leur situation et de leur appartenance sociale.
Les enfants usent également de plusieurs astuces pour émerveiller la population. Les points les mieux indiqués sont les maisons, les rues ainsi que les mosquées. Le geste fait à leur endroit est volontaire. Ils obtiennent des cadeaux de tout genre : céréales, sucre et argent Chacun agit en fonction de ses moyens. Zakari un enfant qui, avec ses amis fait du toboye-toboye à côté des feux optiques au quartier plateau explique qu'ils sont acceptés et assistés par certaines personnes, mais d'autres les chassent catégoriquement. Le partage des produits acquis varie d'un groupe à un autre. Après la collecte, le partage peut aussi se faire chaque jour après la séance. Mais, il faut reconnaître que le moment du partage est le plus difficile pour le groupe, notamment les plus faibles. C'est en fait le plus fort qui s'empare de la plus grande part. La loi de la jungle est instituée et généralement, on se sépare à queue de poisson. Rendez-vous est pris pour l'année prochaine dans l'espoir d'évoluer ailleurs dans un autre groupe quand, on se sent victime d'injustice.
Quoi qu'il en soit, le toboye-toboye demeure une pratique culturelle riche de notre pays. Il doit être soutenu, accepté et préservé par tous. Malheureusement, on assiste de plus en plus à son abandon comme si les enfants ne sont plus intéressés ou bien ne se sentent pas liés aux valeurs culturelles. C'est dire que si des efforts ne sont pas faits pour préserver cette pratique, elle tombera dans l'oubli. Déjà, on observe aujourd'hui qu'il y a moins d'engouement pour le toboye-toboye qui est pratiqué avec peu d'ingrédients et d'astuces comme auparavant. C'est donc avec tristesse et regret, qu'on remarque la disparition totale de certains aspects identitaires très important de cette pratique. La mutation sociale à emporter quelques traits caractéristiques de notre culture, protégeons ceux qui restent, car comme le dit l'adage « l'identité d'un peuple, c'est sa culture »