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Bashir Mamman Ifo : « Le potentiel de production d’énergie renouvelable de l’Afrique de l’Ouest est considérable »
Publié le samedi 11 juillet 2015   |  Agence Ecofin


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© Autre presse par dr
Le président de la BIDC, Bashir Mamman Ifo


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Pour le président de la BIDC, Bashir Mamman Ifo, le moment est venu pour l’Afrique de se saisir des énergies renouvelables qui apportent une multitude de solutions à ses besoins énergétiques. Entretien.

Energies Africaines : La baisse drastique du prix du baril du pétrole intervenue récemment, doit-elle modifier votre approche des énergies renouvelables ?

BMI : La baisse drastique du prix du pétrole n’aura pas d’impact sur notre approche en matière de tarification du coût de l’énergie. C’est dans ce cadre que le Fonds Africain d’énergie renouvelable (FAER) a été créé et bénéficie du soutien actif de la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO. En outre cette baisse du prix du pétrole pourrait susciter le déclenchement de la transition vers des énergies à faible intensité de carbone, si les gouvernements tirent profit de la possibilité de réduire les subventions aux combustibles fossiles, et favorisent les investissements dans les énergies renouvelables. Selon les estimations, la baisse du prix du pétrole au niveau mondial pourrait se prolonger au cours des prochaines années. Ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour la pro- motion des énergies à faible intensité de carbone dans les économies en développement et en transition.

Les prix mondiaux du pétrole ont connu une stabilité relative depuis l’année 2010, s’élevant à 110 $ le baril en moyenne. Toutefois, au cours des six premiers mois de l’année 2014, les prix du pétrole ont connu une hausse d’environ 9%. Dans un brutal revirement, ils ont chuté d’environ 49% pour arriver à 55 dollars le baril au cours de la seconde moitié de l’année. La détermination des prix du pétrole se fonde sur l’équilibre entre les niveaux de l’offre et de la demande. Les changements enregistrés tout récemment sont dus à une augmentation de l’offre de pétrole et à une régression de la demande. Même si l’on suppose qu’une chute des prix du pétrole devrait avoir un impact sur le secteur de l’énergie à faible intensité de carbone, le pétrole n’est pas tellement utilisé dans la production d’électricité comme auparavant. Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’utilisation du pétrole dans la production mondiale d’électricité est passée de 25% en 1973 à moins de 5% en 2013.

La crise du pétrole révèle également un autre important avantage des énergies renouvelables par rapport aux combustibles fossiles : les prix de l’énergie à faible intensité de carbone sont relativement stables et peu susceptibles de connaître des fluctuations aussi importantes que celles du pétrole. Cet état de fait, doublé de la prise de conscience croissante de la menace de changement climatique, amène les gouvernements et les responsables en matière d’élaboration des politiques à mettre désormais en place un ensemble de lois et d’objectifs contraignants pour garantir les investissements réguliers dans le secteur de l’énergie à faible intensité de carbone. Les gouvernements devraient tirer profit de cette opportunité en réduisant les subventions aux combustibles fossiles tout en élaborant une feuille de route pour la production d’énergie à faible intensité de carbone et d’efficacité énergétique, ce qui constituerait une option avantageuse pour un avenir prospère faible en intensité de carbone pour tous.

EA : En Afrique de l’Ouest, quelle est la source d’énergie renouvelable, la plus rentable entre l’hydroélectricité, le solaire, l’éolienne ou la biomasse ?

BMI : Aucune option d’énergie renouvelable ne peut être considérée plus rentable pour la sous-région de l’Afrique de l’Ouest. La solution tiendra compte de plusieurs facteurs, y compris l’application pour l’utilisation finale, le lieu, que ce soit en milieu urbain ou rural, les ressources d’énergies renouvelables du pays concerné et autres. En dépit de tout cela, le potentiel de production d’énergie renouvelable de l’Afrique de l’Ouest est considérable. Les technologies des énergies renouvelables constituent actuellement la solution la plus économique en matière d’électrification hors réseau et mini réseau dans les zones reculées, ainsi que pour l’extension du réseau dans certains cas de réseau centralisé d’alimentation électrique avec de bonnes ressources d’énergies viable lorsque les ménages paient déjà pour l’énergie, comme pour l’achat de charbon ou de bois, qui est très répandu dans les zones semi-urbaines et urbaines. Cependant, les technologies à base de biogaz constituent une solution d’énergie renouvelable appropriée pour les régions disposant d’un approvisionnement stable de déchets organiques, que l’on retrouve dans les zones urbaines et rurales. Les villes peuvent tirer profit des décharges publiques, des eaux usées et autres déchets organiques pour récupérer le biogaz.

Le transport constitue et demeurera le secteur le plus difficile dans lequel les énergies renouvelables remplaceront les combustibles fossiles. Cependant, dans les zones urbaines, il est possible de faire rouler les trains à base d’électricité renouvelable, et les bus à base d’un mélange de gaz liquéfié et de biogaz. Les biocarburants peuvent également jouer un rôle prépondérant, si la production respecte les normes environnementales et ne constitue pas une menace à la production alimentaire. L’Afrique de l’Ouest dispose d’un important potentiel inexploité pour de petites, mini et micro-productions d’énergie hydroélectrique qui peuvent se révéler très économiques. Dans les cas où la possibilité existe sur le plan technique, cela peut constituer la principale solution en matière d’électrification rurale, où elle peut être associée à d’autres sources d’énergie telles que le solaire ou l’éolien.

EA : Dans quelles conditions la BIDC peut-elle accompagner des investissements privés dans le secteur des énergies renouvelables ?

BMI : La question énergétique de façon générale, fait partie des axes importants du plan stratégique de la Banque. Les interventions de la BIDC s’alignent sur le plan directeur de développement du potentiel énergétique dans la sous-région, piloté par la Commission de la CEDEAO. Pour le moment, la Banque ne dispose pas de Fonds alloués aux études et à la préparation de projets d’énergie renouvelable. De ce fait nos interventions ou appuis aux investissements privés dans ce sous-secteur se font sous forme de prêts aux conditions applicables aux projets commerciaux en termes de taux d’intérêt et de maturité. En outre le projet doit être suffisamment viable et s’inscrire aussi dans le schéma directeur national du pays ou de la région.

La BIDC a déjà fait quelques financements des énergies renouvelables notamment dans le secteur de l’énergie solaire mais aussi de la biomasse (transformation de déchets organiques et de biomasse en méthane pour l’utilisation dans l’alimentation de turbine à gaz pour la production d’électricité). Si le premier secteur (le solaire) a été réalisé avec succès, le second (la biomasse) a connu des difficultés de mise en œuvre du fait des technologies pas assez maîtrisées par le passé et au départ assez coûteuses. Il n’en de- meure pas moins que d’importantes potentialités sont disponibles dans notre sous-région en ce sens. De plus en plus de politiques sont élaborées et de nombreux programmes voient le jour dans les pays de la CEDEAO. Ils permettent de suppléer les énergies fossiles par les énergies renouvelables. Des écoles, des centres de santé, des éclairages publiques dans plusieurs grandes villes et même des exploitations minières sont désormais alimentés à l’électricité à base de solutions solaires à travers des équipements modernes et durables avec à la clé des transferts de connaissance grâce à une acceptation des populations tant rurales qu’urbaines de ces nouvelles technologies.

Le rôle de la BIDC se trouve facilité par cette prise de conscience à la fois politique et sociétale dans les pays de la CEDEAO, de la nécessité d’une diversification des sources d’énergie et donc à travers ses orientations et programmes peut désormais facilement contribuer aux projets à elle soumis et qui offrent des possibilités d’investissement dont la rentabilité ne fait guère de doute aujourd’hui.

EA : Quel rôle la BIDC a-t-elle véritablement joué dans le secteur de l’énergie depuis sa création aux côtés des Etats membres ?

BMI : La BIDC porte beaucoup d’intérêt au secteur de l’énergie plus particulièrement de l’énergie renouvelable. C’est dans cette optique que la BIDC a pris l’initiative de créer le projet FABER qui aujourd’hui à muri et porte le nom de la Société Africaine des Biocarburants et des Energies Renouvelables (SABER/ABREC) après la signature d’un accord de siège avec le gouvernement du Togo qui lui confère la qualité d’Organisme International. La SABER a pour but de promouvoir et financer des projets d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique dans les secteurs public et privé, d’appuyer le transfert de nouvelles technologies vertes pour le développement des industries des énergies renouvelables et, entre autres, de fournir des conseils aux gouvernements et au secteur privé.

La BIDC a également procédé à un investissement de dix millions (10 000 000) de dollars dans le Fonds africain des énergies renouvelables (FAER) basé en Nairobi qui investit dans les projets d’énergie renouvelable de petite et moyenne envergure en Afrique subsaharienne, notamment les sources d’énergie renouvelables telles que les énergies solaire et éolienne, la biomasse, l’hydroélectricité et les projets de réduction du torchage de gaz.

La BIDC a ainsi au cours de ces dernières années beaucoup investi dans le secteur des énergies renouvelables, on peut noter les projets suivants :

- Le projet de construction
du barrage de Samandéni au Burkina Faso, qui fait partie du Programme de Développement Intégré de Samandéni. Il constitue la première phase du programme et consistera entre autre à la construction d’un barrage multi usages, avec une composante construction d’une centrale hydroélectrique de
2 fois 1,3 MW ;

- Le projet de construction du barrage de Taoussa au Mali
(sur le fleuve Niger). Il consistera à la construction d’un barrage multi usages avec la construction d’une centrale hydroélectrique de 25 MW et la construction de lignes HT et de postes de transformation ;

- Le projet de construction du barrage de Kandadji au Niger (sur le fleuve Niger). Il consistera à la construction d’un barrage multi usages avec la construction d’une centrale hydroélectrique de 130 MW et la mise en valeur d’un périmètre irrigué d’environ 2000 ha dans le cadre de la mise en œuvre des plans environnementaux et sociaux. ;

- Le projet d’électrification rurale par systèmes solaires photovoltaïques des localités des régions de Dosso, Tahoua et Tillabéry au Niger.
 Il consistera à la construction
de 7 microcentrales solaires, la fourniture de 3000 kits solaires pour les ménages, électrification par système solaire de
 43 écoles, 43 lieux de culte et de 43 centres de santé, 10 pompes solaires pour les mini-adductions d’eau potable, 3 pompes solaires pour l’irrigation des espaces maraîchères et les bas-fonds ;

- Le projet d’éclairage public
à l’énergie solaire à Freetown
et 13 autres municipalités en Sierra Leone. Il consiste en l’installation de lampadaires solaires dans la ville de Freetown et 13 autres localités.

Au 31 mai 2015, les concours nets de la BIDC en faveur du financement de projets publics dans le sous-secteur des énergies renouvelables s’élèvent à 57 918 982 USD soit environ 34,7 milliards de FCFA. Ces financements ont permis de mobiliser 1100 millions USD soit environ 660 milliards de FCFA pour 5 projets.

Propos recueillis par Koumiba Sodji pour le magazine Energies Africaines No 3

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