La montagne a accouché d’une souris ! C’est en substance l’appréciation que font les travailleurs nigériens des conclusions du Conseil d’administration de la Société de raffinerie de Zinder (SORAZ). Le Conseil qui s’est tenu du 7 au 9 Juillet dernier à Niamey, a réunit les principaux actionnaires de la principale et unique raffinerie du pays c'est-à-dire l’Etat (40%) et la CNPC (60%).
« Le Conseil a pris fin sur un échec total, c’est une grande déception pour nous ! » a confié à Actuniger.com, Boukar Elemi, le secrétaire général du collectif des travailleurs nigériens à la SORAZ. Selon lui, les principales doléances des travailleurs nigériens qui étaient inscrites à l’ordre du jour de ce conseil n’ont pas été prises en compte. « C’est le 3e conseil au cours duquel les chinois tiennent tête au gouvernement » tient à préciser Boukar Elemi. Le secrétaire général du syndicat du personnel local de la SORAZ a énuméré par la même occasion les principales raisons de leur déception : pas de statut pour le personnel, ni de grille salariale pour les agents et le projet de compression du personnel chinois qui était à l’ordre du jour a aussi avorté.
Le personnel local de SORAZ espérait beaucoup de ce conseil d’administration qui devrait se tenir en principe depuis la fin de l’année 2014 mais qui a été repoussé à deux reprises. Après une série de grèves en début d’année qui a paralysé le fonctionnement de la société, les agents locaux ont tempéré leur fronde en attendant les décisions du conseil qui vient de se tenir.
Il était d’ailleurs entendu que le gouvernement rappelle à l’ordre du jour la CNPC pour sa gestion de la SORAZ.
Selon Afrique Intelligence, la session du Conseil devrait permettre l’adoption d’une nouvelle grille salariale afin de réduire les disparités entre employés chinois et locaux. Alors que les 299 employés chinois représentent 87% de la masse salariale (environ 25.5 millions euros) contre 13% pour le personnel nigérien (425 employés, prés de 3.75 millions euros), la grille de 2013 prévoyait de faire progressivement monter la part des Nigériens à 20%.
« Il y a plus de 300 chinois qui travaillent actuellement à la SORAZ, il était prévu de réduire ce nombre à 40 ou 50 agents dans le cadre de la nigerisation des travailleurs mais aussi parce qu’ils constituent des charges énormes pour la société. Cela aurait permis à l'entreprise de respirer financièrement» nous a préciser Boukar Elimi.
Les autres sujets abordés durant la session du Conseil ont été relatifs à la maintenance de la raffinerie effectuée par la CNPC du 1er décembre au 15 janvier, une opération facturée à 16.5 millions d’euros aux autorités et qui n’a fait l’objet d’aucun appel d'offres. Aussi, la question de l'utilisation de l’enveloppe de 1,5 million d’euros affectée chaque année aux programmes de formation, figurait au menu du Conseil.
Il faut dire que l’Etat du Niger partait dans ses négociations en mauvaise posture. Selon nos sources, en marge de ces discussions relatives à la gestion de la société, le gouvernement comptait renégocier avec la CNPC les conditions de remboursement du prêt contracté auprès de la Chine dans le cadre de la construction de la raffinerie.
Les légitimes revendications du collectif des agents nigériens de la SORAZ ont-elles été sacrifiées sur l’autel de la demande du gouvernement à bénéficier d’un assouplissement des échéances du prêt contracté ? L’avenir nous le dira.
En attendant, le personnel local de la SORAZ devra prendre son mal en patience et espérer des vents plus favorables pour que ses revendications soient véritablement prises en compte, ce qui suppose d’attendre un autre Conseil d’administration qui n’interviendra probablement pas, dans le meilleur des cas, avant l’année prochaine. A défaut d’urgence nationale !