Sur fond de menaces extérieures, Hassoumi Massaoudou, le ministre de l'intérieur, utilise ce contexte pour mieux "recadrer" l'opposition à Mahamadou Issoufou, un classique.
Le dispositif sécuritaire du Niger est monté d'un cran après la désignation, fin juin, du commissaire Ousmane Manzo à la tête des Renseignements généraux.
Il s'agit du troisième responsable à ce poste au cours des dix-huit derniers mois. Si cette nomination, décidée parallèlement à celle du commissaire Abarchi Salifou comme directeur central de la Police judiciaire, intervient dans un contexte de menaces multiformes (Boko Haram, AQMI...), elle permet également au ministre de l'intérieur, Hassoumi Massaoudou, homme clef du système Issoufou, de mieux "contrôler" l'opposition.
Dans la nuit du 3 au 4 juillet, la cellule antitérroriste, qui relève de sa compétence, a ainsi mené une perquisition sans justification légale au domicile d'Ismaël Hama Amadou, fils de l’ex-premier ministre Hama Amadou. En exil à Paris, ce dernier n'a pas renoncé à se présenter contre le président sortant malgré la décision de la cour d'appel de Niamey, le13 juillet, de le renvoyer en correctionnelle.
Bénéficiant d'une marge de manœuvre totale dans sa mission, l'ex-directeur de cabinet du chef de l'Etat se trouve aussi en première ligne pour affronter la société civile. Après Moussa Tchangari, fondateur de l'ONG Alternative espaces citoyens, et Nouhou Arzika, leader du collectif Sauvons le Niger, il s'en est pris, début juin, à Ali Idrissa, patron du Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire (Rotab), en le faisant chasser manu militari de son ministère. Les journalistes ne semblent pas épargnés. Suspecté - à tort - d'être le collaborateur de La Lettre du continent, le journaliste nigérien Seidik Abba, ex-correspondant de Panapress à Paris, affirme subir une surveillance étroite dans la capitale française.
Alors que les modérés du régime, comme le premier ministre Brigi Rafini ou le ministre de la justice Marou Amadou, sont inaudibles sur ces questions, le président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Khalid Ikiri, militant de la première heure du PNDS (au pouvoir), demeure l'une des rares personnalités à pouvoir se plaindre directement de ce contexte auprès de Mahamadou Issoufou. Est-il pour autant entendu ?