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Le Sahel N° 8865 du 26/1/2015

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Energie et Environnement : Le bassin d’approvisionnement en bois énergie de Niamey d’hier à aujourd’hui
Publié le mardi 4 aout 2015   |  Le Sahel


Environnement
© AFP par BOUREIMA HAMA
Environnement : le Niger favorise sa production de gaz pour lutter contre l’avancée du désert et la déforestation
Jeudi 23 juillet 2015. Niger


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Au Niger, l'accroissement rapide de la population et le phénomène de l'urbanisation galopante, notamment de la ville de Niamey, ont fait augmenter de manière exponentielle les besoins en énergie domestique. Or celle-ci est restée majoritairement constituée de bois-énergie (bois ou charbon de bois) exploité dans les forêts, et dans une moindre mesure dans les zones agricoles.

Dès lors, la gestion de l'offre des forêts se résume essentiellement à la gestion de l'offre en bois-énergie qui combine un certain nombre d'objectifs visant en particulier à : inverser la tendance à la dégradation des ressources forestières par la suppression à moyen terme des formes d'exploitations anarchiques et incontrôlées et des défrichements agricoles des dernières formations de bas-fonds ; garantir à long terme l'approvisionnement en combustibles ligneux des populations rurales et urbaines, dans un contexte de substitution d'une partie de cette énergie-bois à d'autres types d'énergie, de façon à ne prélever que la possibilité productive des agroécosystèmes.

Pour atteindre ces objectifs, un outil de planification et d'orientation de l'exploitation des ressources forestières a été mis en place depuis 1989. Il s'agit du Schéma Directeur d'Approvisionnement (SDA) de Niamey en bois-énergie qui permet de définir les zones prioritaires d'intervention et de déterminer le mode de gestion à appliquer sur un bassin d'approvisionnement de 150 km de rayon autour du centre urbain. Un bassin d'approvisionnement est défini comme un lieu (zone) de production de bois destiné à ravitailler un centre urbain.

Dans le cadre de l'élaboration du SDAN 1991, le Projet Energie II a estimé la superficie du bassin de Niamey à 2 438 000 ha et le volume de bois sur pied à 5,22 stères/ha ; Ce potentiel fournissait 130 000 tonnes de bois-énergie pour des besoins estimés à 150. 000 tonnes dans la ville. Malgré la faible proportion des zones sous aménagement contrôlées ou orientées (22% du potentiel-contenance), les résultats de l'enquête PED 2003 indiquent que 76% du bois acheminé dans la ville de Niamey est prélevé à une distance comprise entre 40 et 80 km, tandis que celui prélevé à plus de 80 km représente près de 20% de l'ensemble.
Le SDAN élaboré en 1990 limitait le rayon du bassin d'approvisionnement à 150 km ;
Actuellement, il s'étend sur un rayon d'environ 230 km et englobe 22 communes situées dans huit départements appartenant aux deux régions de Tillabéri et Dosso. Il s'agit de : Communes Rurales (CR) de Kirtachi, Bitinkodji et Youri dans le département de Kollo;- CR Tagazar, CR Tondikandia et CR Kourfèye-centre dans le département de Filingué; CR Simiri; CR Dingajji et CR Tondikiwindi dans le département de Ouallam; CR Kourthèye, CR Sakoira, CR Anzourou, Commune Urbaine (CU) Tillabéri dans le département de Tillabéri; CR Torodi, CR Makalondi, CR Guéladjo, CR Tamou et CU Say dans le département de Say – CR de Gothèye dans le département de Téra; CR de Fakara dans le département de Boboye; CR de Sarrey et Kargui Bangou dans le département de Dosso. Ainsi, l'exploitation du bois comme source d'énergie dans le bassin d'approvisionnement en bois-énergie de Niamey est et sera au carrefour de nombreux débats animant les questions de développement et d'environnement. L'exploitation du bois serait elle synonyme de déforestation du bassin d'approvisionnement de Niamey.

Le bois consommé à Niamey provient essentiellement des formations forestières naturelles, les plantations étant soit trop récentes, soit de superficies trop limitées pour approvisionner l'ensemble de la population. L'utilisation du bois de feu est considérée comme une cause majeure de la déforestation et en particulier en périphérie des villes (Charmard et Courel, 1999). Dès 1975, devant l'ampleur des prélèvements de bois à des fins énergétiques, Erick Eckholm dans un livre alarmiste annonçait « qu'en absence de grands programmes de plantation, la demande en bois- énergie ne pourra être fournie par les seules formations ligneuses naturelles ». Peu de temps après, un rapport rédigé en 1978 à la demande de CILSS et du club du Sahel, concluait « qu'en absence de mesures prises rapidement, la pression exercée sur les ressources ligneuses conduirait la majeure partie du Sahel à être transformé en désert ». Ce sentiment de catastrophe naturel a été renforcé par les épisodes des sécheresses qu'a connues le Sahel dans les années 1970-1980.
Toutefois, en 2015, cette catastrophe naturelle annoncée autour des grandes villes sahéliennes n'a pas eu lieu, le bassin d'approvisionnement en bois énergie de Niamey ne s'est pas transformé en désert et aucune véritable crise de l'offre en bois n'a encore été observée à Niamey. Les principales études quantitatives établissent que la déforestation serait plutôt principalement due à la défriche agricole et aux stratégies de spéculation et d'appropriation foncières (ESMAP, 2001). D'ailleurs, les considérations mondiales sur le changement climatique font que peu de projets s'expriment en faveur de la substitution totale du bois-énergie par les énergies fossiles en Afrique Sahélienne.
The World Energy Council (WEC) et la FAO considèrent désormais le bois –énergie comme une énergie très importante pour le développement économique et la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement (WEC et FAO, 1999 ; FAO, 2005).
Dans tous les cas, qu'elle soit une menace pour l'environnement ou un facteur de développement, il n'en reste pas moins que la demande en bois-énergie représente une pression importante sur les ressources forestières dans le bassin d'approvisionnement en bois-énergie de Niamey et pose la question de leur durabilité.
Le bois serait-il aussi synonyme de pollution et de maladies? En effet, la fumée produite par la combustion du bois-énergie participe à la pollution de l'air et est source de nombreuses affections et de nombreuses maladies à long terme (UNDP, 2004). Une étude (Baillis et al. 2005) accuse même le bois-énergie d'être responsable de 400.000 morts annuelles en Afrique Sub-saharienne.
Les réflexions déjà engagées sur instruction de son Excellence Issoufou Mahamadou (Président de la République du Niger, Chef de l'Etat par les Ministères en charge de l'Environnement et en charge de l'Energie sur la substitution progressive du bois par les énergies modernes viennent donc à point nommé.

Cdt Assoumane Garba, Stagiaire au CIRAD Campus International de Baillarguet, UR BSEF Montpellier France.

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