Projet Gestion des forêts naturelles et approvisionnement durable en bois-énergie des villes du Sahel (FONABES) : Accroître le carbone forestier et conserver les écosystèmes sahéliens
L'extension des grandes villes africaines a pour corollaire une montée fulgurante de la démographie, avec pour conséquence la dégradation des formations forestières péri-urbaines dans un contexte de vulnérabilité de la majeure partie de cette population. Dès lors, cette situation crée un accroissement des besoins en bois-énergie dans ces grandes villes et même dans les centres ruraux. La production de bois-énergie pour l'approvisionnement des centres urbains et ruraux et les défrichements agricoles font partie des principaux facteurs de dégradation des forêts qui entrainent la réduction de la capacité de stockage du carbone des formations forestières, et donc d'absorption des gaz à effet de serre.
Le bois énergie est en effet le principal combustible utilisé par plus de 90% des ménages comme source essentielle d'énergie. En milieu rural, le bois restera le combustible le plus utilisé pendant encore de nombreuses années, avec une forte progression de l'usage du charbon de bois.
Dès la fin des années 1980, dans le but d'impliquer les populations dans la gestion des ressources forestières pour un approvisionnement durable et compétitif des centres urbains, plusieurs expériences ont eu lieu aux échelles locales et nationales avec des résultats significatifs. Ainsi, au Niger puis au Mali, des projets dits ''Stratégie Energie Domestique (SED)'' ont permis l'adoption de réformes organisationnelles qui permettent à des structures villageoises de type associatif d'exploiter le bois de leurs terroirs, dans le cadre de marchés ruraux de bois-énergie (MR), sous conditions de respecter des normes de gestion durable.
Le projet Gestion des forêts naturelles et approvisionnement durable en bois-énergie des villes du Sahel (FONABES) doit permettre d'améliorer les conditions de vie des populations grâce à un approvisionnement durable et à des prix compétitifs en bois-énergie des villes de Niamey, Ouagadougou et Bamako. Il s'agit de garantir le maintien ou l'accroissement du carbone forestier associé à la conservation des écosystèmes forestiers sahéliens. Ce projet est construit autour de cinq objectifs spécifiques qui correspondent à cinq composantes.
La composante 1 consiste à organiser l'approvisionnement en bois-énergie des capitales du Burkina Faso, du Mali et du Niger, à travers l'actualisation et la mise en œuvre de Schémas Directeurs d'Approvisionnement (SDA) dynamiques et fonctionnels, et leur déclinaison communale en Schémas Directeurs d'Aménagement Forestier Communaux (SDAFC) pour les communes cibles du projet.
Quant à la composante 2, elle vise à maintenir ou accroître le carbone forestier tout en préservant les écosystèmes forestiers, par l'application des SDAFC et de Plans d'Aménagement et de Gestion Simplifiés (PAGS) des ressources forestières actualisés et sécurisés foncièrement.
La composante 3 s'occupe de comment améliorer durablement l'économie de la filière bois-énergie en visant son autofinancement pérenne, par la mise en place concertée et l'application d'une fiscalité et d'un contrôle forestier décentralisé (CFD), ainsi que par l'évaluation des possibilités d'intégration des actions relatives à l'approvisionnement durable en bois énergie des centres urbains dans le mécanisme REDD+.
La composante 4 œuvre pour améliorer, dans chacun des pays, la gouvernance en matière d'approvisionnement en bois-énergie des grands centres urbains par la mise en place de cadres de concertation, de mécanismes de suivi, et par le renforcement des capacités au niveau national.
Enfin, la composante 5 vise à capitaliser les expériences acquises, à travers des échanges entre les 3 pays et à assurer leur diffusion dans les autres pays sahéliens.
Au Niger, les 4 communes d'approvisionnement de Niamey pré-ciblées sont Say, Ouro Guéladjo, Makalondi et Torodi. Il aurait été très intéressant de se mettre en situation de couvrir des portions plus vastes du bassin d'approvisionnement de Niamey qui s'étend sur les régions de Tillabéri et de Dosso, par exemple par la prise en compte des communes couvertes par le complexe forestier Marigouna-Béla, dans la région de Dosso, et des communes du canton de Kirtachi au sud-est de Niamey. Mais les moyens alloués au projet ne permettent pas de maintenir cet objectif spatial très vaste.
La maîtrise d'œuvre est assurée par une Unité Centrale de Coordination (UCC) du projet mobilisant trois experts issus des trois pays, et dont chacun est responsable de toutes les activités nationales.
De manière transversale, l'expert du Niger assure la mise en œuvre des actions de gestion des filières, l'expert SIG du Mali les actions d'identification de la ressource et de cartographie, et enfin l'expert forestier du Burkina Faso, tout ce qui concerne l'évaluation de la ressource.
Depuis le mois de janvier 2015, les équipes UCC du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont engagé le processus d'études visant l'élaboration des SDACD des villes de Niamey, Ouagadougou et Bamako. Ce processus a été organisé en trois ensembles de travaux complémentaires à savoir l'interprétation d'images satellitaires pour réaliser les cartes d'occupation des sols ; les inventaires des formations forestières identifiées dans les trois bassins d'approvisionnement (rayon de 150 km) ; et la réalisation d'études de filières des produits forestiers ligneux bois et charbon de bois, mais aussi des autres combustibles domestiques GPL, charbon minéral ou encore l'évaluation des efforts d'économie d'énergie (pénétration des foyers améliorés).
Ce travail d'enquêtes ou d'inventaires en cours permettra d'élaborer, avant la fin du 3ème trimestre 2015, la grille de décision des trois SDACD dont l'analyse sera basée sur des éléments quantitatifs et qualitatifs recueillis.
Les comités de pilotage nationaux, constitués des représentants des principales entités concernées, assureront le suivi de la mise en œuvre du projet dans chacun des pays. Un comité de suivi régional permettra d'assurer la coordination au niveau des trois pays, ainsi que la capitalisation et l'échange d'expériences dans la région.