Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article





  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Société

M. Adamou Chaifou, ministre de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable: « La forte volonté politique affichée par les plus hautes autorités en faveur du secteur de l’Environnement constitue une autre raison d’espérer »
Publié le mardi 4 aout 2015   |  ONEP


M.
© Le Sahel par DR
M. Adamou Chaifou, ministre en charge de l`Environnement


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier



Monsieur le ministre, notre pays, célèbre le 3 Août 2015, le 55ème anniversaire de son accession à l'indépendance, une commémoration qui met un point d'honneur aux actions de préservation de l'environnement à travers des opérations de plantation d'arbres. Pouvez-vous nous dire, Monsieur le ministre, quelles sont les activités inscrites au programme de cette édition 2015 ?

Notre pays, le Niger fait face aux phénomènes de désertification qui mettent à rude épreuve nos systèmes de productions agro-sylvo-pastoraux et halieutiques, et par voie de conséquence, notre économie. C'est pourquoi la question de restauration de l'environnement en général, et de plantation et d'entretien d'arbres en particulier, demeure une priorité nationale. C'est donc à juste titre que les pouvoirs publics ont décidé d'inscrire les opérations de plantation d'arbres au cœur de la commémoration de l'Indépendance, en instituant ainsi la Fête Nationale de l'Arbre (FNA).
Chaque année, les activités entrant dans le cadre de la FNA portent non seulement sur l'organisation des cérémonies officielles de plantations, sur l'ensemble du territoire national, mais aussi sur des actions d'information, de sensibilisation et de communication en vue de promouvoir la culture du respect de l'arbre dans les consciences nationales.
A ce titre, le programme de l'Edition 2015 de la FNA s'est articulé autour des points suivants : la nuit écologique sous le Haut Patronage de Son Excellence Monsieur Brigi Rafini, Premier ministre, Chef de Gouvernement ; le concours national de lutte contre la désertification pour primer les producteurs ruraux qui se sont illustrés dans les actions de restauration et de préservation de l'environnement, et enfin, la cérémonie officielle de plantations d'arbres à Niamey et au niveau de tous les chefs-lieux des régions.

Quel est le thème retenu pour cette édition de la Fête Nationale de l'Arbre et quel sens donnez-vous au choix de ce thème ?
Le thème central retenu cette année est : ''Contribuons à la lutte contre la déforestation et les changements climatiques par la promotion des énergies alternatives''. A travers ce thème, le Ministère de l'Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable veut attirer l'attention de tous les acteurs sur le fait que face au problème préoccupant de la déforestation et des changements climatiques que subit notre pays, la vulgarisation des combustibles alternatifs au bois énergie, comme le gaz, le charbon minéral et le solaire, est une nécessité. Chaque année, notre pays, à trois quarts désertique, perd plus de 100 000 hectares de son potentiel forestier du fait de la conjugaison de plusieurs facteurs parmi lesquels l'exploitation des ressources ligneuses à des fins d'énergie domestique.


Chaque kilogramme de gaz utilisé dans nos activités culinaires nous permet de préserver 10 kilogrammes de bois

Notre objectif à travers ce thème est de faire en sorte que l'important potentiel en énergies alternatives dont dispose notre pays soit mis à contribution pour réduire la pression sur les ressources forestières. C'est le lieu de rappeler par exemple que chaque kilogramme de gaz utilisé dans nos activités culinaires nous permet de préserver 10 kilogrammes de bois.
De même, à travers ce thème, le Niger voudra marquer sa solidarité avec la Communauté Internationale engagée dans : la définition des Objectifs de Développement Durable (ODD) ; la préparation de la vingt-et-unième Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques qui aura lieu à Paris en décembre 2015, où un Accord universel, ambitieux, juste et équitable est attendu sur le Climat ; et la 12ème Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la Désertification, qui se tiendra en Octobre en Turquie, où l'objectif de zéro dégradation des Terres sera au cœur des discussions.

Quels sont vos chances et espoirs de pouvoir gagner le pari d'aboutir à une substitution effective, en tout cas considérable, du bois par les énergies alternatives, comme par exemple le gaz, au sein des foyers nigériens, en vue de préserver notre environnement contre les effets du déboisement ?

Il est bien vrai que pour aboutir à un taux significatif de substitution du bois énergie par les combustibles alternatifs comme le gaz, le charbon minéral ou le solaire, des mesures et efforts considérables sont nécessaires à tous les niveaux en vue de lever les obstacles qui se posent. Ces obstacles sont d'ordre économique, financier, socioculturel, technique et technologique. Malgré ces obstacles qui sont complexes, nous avons grand espoir au regard du progrès déjà enregistré dans la consommation du gaz, qui est passée de 3.000 tonnes en 2011 à plus de 15.000 tonnes en 2015. La forte volonté politique affichée par les plus Hautes autorités constitue également une autre raison d'espérer. Cette volonté politique s'illustre par l'instruction donnée par Son Excellence Monsieur Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'Etat, aux Ministères en charge de l'Energie, de l'Environnement et du Commerce pour élaborer un Programme de Promotion des Energies Alternatives au Bois Energie. Ce programme est à présent élaboré par un Comité Interministériel mis en place et composé des cadres de ces ministères avec la participation des acteurs du secteur privé intervenant dans les énergies alternatives.

Notre pays vient d'élaborer un Programme National des Energies Domestiques (PNED) pour un coût global de 47 milliards 388 millions de francs CFA
La troisième raison d'espérer est liée à la disponibilité de nos partenaires à nous accompagner dans la mise en valeur de notre potentiel en énergies alternatives dans la perspective de la préservation de notre environnement. C'est ainsi qu'avec l'appui financier de la Banque Mondiale, notre pays vient d'élaborer un Programme National des Energies Domestiques (PNED). D'un coût global de 47 milliards 388 millions de francs CFA sur dix ans, le PNED vise spécifiquement, entre autres objectifs, à assurer l'entière utilisation du Gaz GPL produit par la SORAZ à l'horizon 2024 ; et créer et opérationnaliser une usine de fabrication de 50 000 tonnes de briquettes de charbon minéral.
Tels sont les processus en cours qui nourrissent mon espoir de voir nos ménages se diriger de plus en plus vers les combustibles alternatifs et contribuer à la renaissance de nos forêts.

On sait, Monsieur le ministre, que chaque année, à l'occasion de la célébration du 3 août, ce sont des milliers d'arbres qui sont plantés dans toutes les régions de notre pays. Aujourd'hui, soit 40 ans après l'institutionnalisation de la fête nationale de l'arbre, quel regard jetez-vous sur l'impact de ces opérations ?

En réalité, et comme je le disais déjà à l'occasion de l'Edition 2014, la Fête Nationale de l'Arbre vise beaucoup plus les actions d'information et de sensibilisation du grand public en matière de lutte contre la désertification, car, en principe, la campagne de reboisement démarre dès le premier trimestre de l'année et s'achève en septembre par l'évaluation des plantations. En termes d'impacts, malgré les aléas climatiques et les contraintes socioéconomiques qui caractérisent notre environnement, des acquis énormes sont enregistrés. D'abord, nous observons de plus en plus une prise de conscience de l'importance de l'arbre, particulièrement en milieu rural où de nos jours les producteurs s'évertuent à repérer, protéger et entretenir les arbres dans leurs champs. Ainsi, à travers ces efforts, il est établi que le Niger a réalisé plus de cinq millions d'hectares de régénération naturelle assistée en une vingtaine d'années. Cela a valu à notre pays la reconnaissance de la communauté internationale. Ceci dit, il faut reconnaitre que le chemin est encore long pour la prise de conscience en milieux urbains où nous observons que certains acteurs s'évertuent à compromettre nos progrès en matière de reboisement. C'est bien dommage de voir des citoyens qui prennent du plaisir à porter atteinte à l'intégrité des espaces verts, des sites restaurés et des forêts classées malgré tous les efforts de sensibilisation déployés.
Par ailleurs, d'importantes superficies ont été couvertes en plantations, même si, nous le reconnaissons, les résultats sont des fois en deçà de nos attentes. Mais les différentes expériences capitalisées prouvent que malgré le caractère aride de notre climat, il est possible d'avoir des bons résultats au niveau des sites de plantation si nous mettons les moyens qu'il faut. C'est le cas du site ayant abrité la cérémonie nationale officielle de plantation en 2014 où nous avons obtenu un taux de survie de 82% grâce au dispositif de protection, de surveillance et d'arrosage mis en place.

On se rappelle, Monsieur le ministre, qu'à la veille de l'édition 2014 de la FNA, des instructions ont été données, en Conseil des Ministres, en vue de la conception et la mise en place d'une politique plus hardie de plantation et d'entretien des arbres. Un an après, qu'est-ce qui a été fait dans ce sens ?
Effectivement, en réponse au problème préoccupant de recul des superficies forestières, le Gouvernement a décidé de prendre le taureau par les cornes en lançant solennellement, le 3 Août 2014, une vaste opération de reboisements communautaires dénommée ''Programme Un Village, Un Bois''. L'objectif global du Programme ''Un Village un Bois'' est d'intensifier les actions de reboisement et de lutte contre le déboisement par la plantation d'arbres et leur entretien, et la promotion de la Régénération Naturelle Assistée (RNA).
Un an après, malgré les difficultés liées au problème de financement, il faut se réjouir du démarrage effectif de la phase pilote du programme au niveau des régions de Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder, financés sur fonds propres de l'Etat et du projet d'aménagement et de gestion de la vallée de Badaguichiri, financé par l'Agence Française de Développement (AFD). Mon département ministériel poursuivra naturellement les efforts, avec l'appui des partenaires en vue de la mise à l'échelle des actions, sur la base des leçons capitalisées après cette première année de mise en œuvre.

Avec l'Initiative ''3N'', le Président Issoufou Mahamadou entend engager le pays dans une dynamique de lutte contre l'insécurité alimentaire. Quelles sont, Monsieur le ministre, les actions majeures entreprises au niveau de votre département, volet Environnement, en vue de la réalisation des objectifs de l'Initiative ''3N'' ?
Mon département ministériel est effectivement partie prenante à la mise en œuvre de l'Initiative ''3N'', qui est une approche tout à fait innovante. Ainsi, conformément à ses missions et attributions, le Ministère de l'Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable assure la maitrise d'ouvrage de deux importants Programmes d'Investissements Prioritaires (PIP) de cette Initiative ; il s'agit du PIP 6 portant sur la Gestion Durable des Terres et des Ecosystèmes ; et du PIP 7 relatif aux Produits Forestiers Ligneux et Non Ligneux.
De même, dans le cadre du Plan d'Accélération de la mise en œuvre de l'Initiative, mon département ministériel a en charge l'exécution de la Composante 4 portant sur la Restauration et la Protection des Terres et des Eaux à travers les activités HIMO et génératrices des revenus, et participe à l'atteinte des résultats d'autres composantes, notamment la N°3 (Accroissement et Diversification des Productions Animales).
Par ailleurs, pour accomplir de façon plus efficace ses missions dans le cadre de la mise en œuvre de cette importante stratégie, mon département ministériel, avec le soutien de ses partenaires, a élaboré un Cadre Stratégique de Gestion Durable des Terres et son plan d'Investissements pour la période 2015-2029 qui a été adopté par le Gouvernement en novembre 2014. Un forum de concertation a été organisé en mai 2015 avec les Partenaires Techniques et Financiers pour le financement de cette stratégie, qui a un coût global de 1.420,87 milliards de FCFA pour la période 2015 – 2029. Les PTF ont manifesté leur engagement à nous accompagner dans ce processus.

Quelles sont les principales réalisations dans le domaine de l'Environnement dans le cadre du Programme de Renaissance du Niger ?
Le bilan consolidé de quatre années de mise en œuvre du Programme de Renaissance est illustratif à cet égard. Les grandes lignes de réalisations dans le domaine de l'Environnement et de la Salubrité Urbaine sur les quatre ans sont notamment : la récupération de 221 568,8 hectares de terres dégradées ; la fixation de 33 898,25 hectares de dunes de sable ; le reboisement de 120 455,26 hectares ; l'ouverture de 91 828, 22 kilomètres de bandes pare feux ; l'empoissonnement de 255 mares et plans d'eau ; la collecte et l'évacuation de 675 673,63 tonnes de déchets solides et de 1 739,13 tonnes de déchets plastiques.
Comme on le constate, il s'agit là d'une somme d'actions visant la restauration et la protection de la base productive et l'amélioration du cadre de vie, toutes choses entrant dans le cadre de l'amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations.
Globalement, la mise en œuvre de ces actions a permis la distribution d'environ 45 milliards de FCFA aux communautés sous forme de revenus monétaires à travers le ''Cash For Work'' et la création de 137 398 emplois ruraux temporaires de 6 mois.

Monsieur le ministre, quel appel voudrez-vous lancer à l'endroit des populations nigériennes en vue d'obtenir un indispensable changement des comportements, aussi bien dans le domaine de la salubrité que dans celui de la préservation de notre environnement, notamment à travers l'utilisation du gaz ?
Effectivement, pour réussir durablement la lutte contre la désertification et les pollutions et nuisances, il est indispensable de travailler pour un changement des comportements. Je lance un appel à l'endroit de tous pour cultiver des réflexes simples : que chaque citoyen s'assure que chaque année, il a planté et entretenu un arbre ; que chaque citadin s'assure qu'il s'est équipé de son Kit Gaz domestique, car chaque kilogramme de gaz utilisé équivaut à une économie de 10 kilogrammes de bois ; que chaque citoyen veille à la salubrité et à l'hygiène, gages de la préservation contre certaines maladies courantes.
Je voudrais aussi lancer un appel à tous nos partenaires d'intégrer la question essentielle de protection et de surveillance dans leurs appuis aux opérations de plantation, en finançant le gardiennage et la mise en place des clôtures des sites.

Assane Soumana

 Commentaires