Le fleuve Niger a connu une montée des eaux d'un niveau de 572 cm à Niamey le 03 août 2015, dépassant la cote d'alerte de 540 cm. Cette situation qui s'explique essentiellement par la crue locale nécessite une vigilance du suivi des variations des niveaux d'eau, prévient l'observatoire du bassin du Niger, au secrétariat exécutif de l'Autorité du Bassin du Niger(ABN).
Sans être alarmiste, Robert Y. DESSOUASSI, Responsable de l'Observatoire du Bassin du Niger au Secrétariat Exécutif de l'Autorité du Bassin du Niger (ABN), recommande une attention particulière et une sensibilisation des populations vivant et exerçant dans les zones à risques dans la région de Niamey et dans la vallée du fleuve sur son tronçon allant de Niamey à Malanville/Gaya voire à l'entrée du Nigeria. En effet, le niveau du fleuve à Niamey a atteint 572 cm le 3 Aout dernier.
Les experts de l'ABN expliquent ainsi la situation : La crue locale du fleuve Niger à Niamey a véritablement commencé à partir de mi-juillet 2015 où la cote enregistrée était de 206 cm. En deux semaines, le niveau d'eau a plus que doublé atteignant la cote de 420 cm le 30 juillet 2015, soit une montée de plus de 2 m pendant cette période.
Depuis le 31 juillet 2015, la montée du niveau d'eau s'est accélérée. En effet, une montée de 1.5 m a été enregistrée en 5 jours pour atteindre la cote de 572 cm à Niamey le 03 août 2015. Cette montée s'explique par les importantes pluies locales enregistrées, notamment dans les sous bassins des affluents de la rive droite, à savoir le Gorouol, le Dargol et la Sirba au Niger et au Burkina Faso.
Cette situation, qui est une crue locale, n'a donc, aucun lien avec la crue guinéenne « crue noire », qui résulte de l'écoulement des eaux venant de la Guinée ou du Mali, et qui ne survient à Niamey qu'à partir du mois d'octobre et qui va jusqu'en décembre ou janvier. « L'eau venant du Haut Niger ne pose pas de problème à Niamey, ni en aval », soutient-il. Même les lâchers des eaux du barrage de Selingué sont amortis par le Delta qui est une sorte de réservoir relève Robert Y. DESSOUASSI.
Pour ce qui est des inondations redoutées à Niamey ces derniers jours, il précise qu'elles sont de deux sortes : l'inondation fluviale causée par la sortie du fleuve de son lit majeur et celle causée par les eaux de pluies et qui s'explique par le mauvais aménagement, le manque d'infrastructures, les constructions sur les voies d'écoulement des eaux, etc.
C'est surtout la situation concernant le fleuve Niger qui concerne l'ABN, dont les experts procèdent au suivi du niveau en temps quasi réel à partir de ses sites, dont la Plateforme de Collecte de Données (PCD) de la station de Garbey Kourou sur la Sirba, qui a montré une montée continue depuis le 31 juillet 2015. Les experts restent ainsi sur le qui-vive pour alerter au besoin, afin que des dispositions soient prises pour éventuellement prévenir les dégâts que peuvent engendrer les inondations. Ce fut le cas juste avant les inondations que Niamey a connues en 2012. Pour ce qui est de la situation observée ces derniers jours, les experts de l'ABN, avisent que « si ces montées du niveau d'eau se poursuivent dans les tous prochains jours, une situation de débordements importants du fleuve pourrait être observée à Niamey ». Pour l'instant, la situation n'est pas très alarmante, mais la vigilance doit être de mise.
Cependant, Robert Y. DESSOUASSI, Responsable de l'Observatoire du Bassin du Niger, déplore le vandalisme dont font l'objet souvent leurs installations au niveau des Plateformes de Collecte de Données (PCD), à Garbey Kourou, Kakassi, ou à Niamey. « Il faut que les autorités nous aident, pour la sécurisation de nos équipements, afin que nous ayons régulièrement des données pouvant permettre de prévenir, la montée des eaux», plaide le Responsable de l'Observatoire du Bassin du Niger.