L'assassinat d’un imam dans un petit village qui jouxte la localité de Nampala, à 500 km au nord de Bamako, a semé un vif émoi au Mali. Les soupçons se portent sur des membres de la secte Dawa, des jihadistes très proches du prédicateur Amadou Kouffa.
Ceux qui connaissaient l’imam assassiné le décrivent comme un homme pieux, modéré et sans histoire. Dans son village de Barkerou, il prêchait l’unité, la paix, la fraternité. Des extrémistes religieux l’avaient ouvertement défié à deux reprises. En effet, il n’acceptait pas que ces islamistes endoctrinent les populations locales. Il était devenu leur adversaire.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, deux jeunes se sont présentés à son domicile et ont tiré à bout portant sur lui avant de s’éclipser.
« Dès que l'imam est sorti, les deux jeunes ont tiré sur lui »
Cet assassinat a créé un vif émoi au sein de la population locale, mais également dans la région de Mopti, dans le centre du pays. C’est de cette région dont est originaire le prédicateur radical Amadou Kouffa. Après avoir prêché à Mopti, ce dernier s'installe dans sa périphérie avant de se fondre dans la nature. Ses prêches enflammés sont diffusés par des radios locales. Il recrute de nombreux élèves coraniques, les endoctrine et demande notamment l’application de la charia. Et il pactise surtout avec les jihadistes du nord du Mali. Profitant du chômage qui frappe durement la jeunesse de la région, il radicalise ses disciples, soupçonnés aujourd'hui d'avoir assassiné l’imam.
En avril dernier, c’est le chef du village de Dogo qui avait été assassiné. Là encore, des disciples d’Amadou Kouffa avaient été accusés. S’en prendre à des personnalités de localités maliennes qui empêchent l’implantation de l’islam radical sur leur terre est donc visiblement une de leurs stratégies.