Excellence Monsieur le Président de la République,
Permettez-moi de vous adresser toutes mes félicitations pour l’accomplissement, en si peu de temps, d’innombrables actions, conformément à votre promesse électorale, actions qui bénéficient en 4 ans aux 18 millions de vos compatriotes. Je vous en félicite et espère que ces actions iront de l’avant tout en se maintenant et s’améliorant afin que notre pays demeure sur la rampe du développement.
Excellence,
Depuis bientôt 04 ans, je portais l’ardent désir, la pressante idée de vous faire parvenir ce que je pense de ce qui est présenté dans les différents bilans du Programme de la Renaissance, dans le seul but de contribuer, en citoyen responsable, à la propulsion de certains secteurs, notamment celui des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC).
J’ai reçu une copie du document qui compile le « Bilan des 4 ans de mise en œuvre du programme de renaissance » ; document d’environ 140 pages qui retrace la somme des efforts que l’équipe dirigeante a consentis depuis 4 ans pour l’atteinte des objectifs du programme de la Renaissance du Niger sur la base duquel, vous avez été élu Président de la République du Niger.
Le programme de la Renaissance a été bien exécuté dans plusieurs domaines ou axes stratégiques ; grâce sans nul doute aux orientations que vous avez données et au suivi constant dont vous faites preuve dans la conduite de l’Action Gouvernementale.
....... pour ce qui est de l’accès à Internet, cette affirmation est plutôt sujette à nuance
Excellence Monsieur le Président de la République,
Je me réserverai bien de porter une quelconque appréciation sur tous les secteurs pour éviter un commentaire superflu ou même démagogique ; mon analyse mettra l’accent sur les télécoms et les TICs qui constituent mon domaine d’expertise.
Me référant à la page 58 du document bilan qui a traité de la construction d’infrastructures télécoms et où on annonce que la Fibre Optique est passée de 550 Km à 1750 Km entre 2011 et 2014, ce qui aurait permis d’améliorer la qualité de la communication et un meilleur accès à Internet. Je ne dirais rien sur l’affirmation concernant l’amélioration de la qualité des communications, mais pour ce qui est de l’accès à Internet, je dirai que cette affirmation est plutôt sujette à nuance, à bien des égards. Tout projet répond à un besoin spécifique et ambitionne de résoudre un problème clairement identifié comme tel. Lorsqu’on observe les services publics et privés qui utilisent les connexions de type « Fiber to Home » ; via les liaisons fibre optique de bout-en-bout de l’opérateur Historique (SONITEL), ces services, dis-je, n’arrivent même pas à accéder correctement à de simples pages web aux heures de service, et il suffit de les utiliser à la descente du travail, les jours fériés ou le weekend pour se rendre compte de la rapidité d’accès. Ceci démontre que la liaison fibre optique est bien installée comme partout ailleurs dans le pays en entrainant deux problèmes fondamentaux non résolus. La bande passante globale dont dispose l’opérateur historique (SONITEL) au niveau de son dernier nœud (entrée dans le nuage internet) et aussi la qualité des protocoles de routage (configuration des équipements) sont incapables de gérer la moindre qualité de service (QoS). D’où la question que l’on peut légitimement se poser de savoir si réellement l’ARTP connait sa responsabilité sur cet épineux problème de la qualité des services Internet ?
....... il serait donc utopique d’affirmer avoir charrié Internet haut-débit à Bermo ou à N’Gourti
C’est dire qu’on pourra bien faire un maillage complet par fibre optique sur toute l’étendue du territoire national, sans prise en compte des deux préoccupations citées plus haut. Il reste que le problème de l’Internet restera entier au Niger et tous les investissements dans ce sens ne contribueraient qu’à compliquer davantage le problème et n’auraient aucun impact positif sur la pénétration des NTICs (coté Internet), si la SONITEL n’arrive pas à donner une connexion Internet de qualité acceptable au niveau de la Capitale Niamey ; il serait donc utopique de sa part d’affirmer avoir charrié Internet haut-débit à Bermo ou à N’Gourti.
Je reconnais néanmoins que cette Fibre Optique est fort utile pour le transport de la voix (téléphonie) et la vidéo (Télévision) vers les destinations éloignées et constituerait une alternative au satellite qui est réputé coûteux.
Excellence Monsieur le Président de la République, le point qui m’a le plus embarrassé se trouve à la page 60 où on prétend avoir fait une étude de faisabilité de l’Intranet Gouvernemental, l’encadrement de la gestion du domaine national (.ne) ; je me demande de quel encadrement il s’agit quand je sais que de, 2005 à nos jours, le TLD (Top Level Domain) national (.ne) continue de trainer les mêmes soucis techniques ; on n’arrive toujours pas à interroger correctement les domaines nationaux, ce qui les met dans le cadre de la messagerie électronique internationale sur la liste des domaines indésirables et dont les messages doivent être considérés comme du spam (courrier indésirable).
..........on use et abuse de ces termes techniques, pour garantir un mythe dans des actions totalement vidées de leur substance.
Excellence Monsieur le Président de la République, ce problème décennal ou quinquennal aurait pu se résoudre tout simplement avec une ou deux lignes dans le fichier de configuration et les enregistrements de zone. Je m’en voudrais de ne pas parler de la charte de nommage, car même au cas où elle serait faite, elle ne méritait pas d’être citée dans un bilan de Gouvernement. Il me semble qu’on use et abuse de ces termes techniques, des mots anglicistes pour garantir un certain mythe dans des actions totalement vidées de leur substance.
Concernant l’harmonisation des sites Web des ministères, je me demande bien de quoi il s’agit ; car tous les sites ont besoin d’une refonte totale pour les faire respecter une charte commune au Gouvernement. Ceux qui s’occupent de ces aspects, même s’ils ne disposent pas des compétences requises, se doivent de jeter un coup d’œil sur les sites gouvernementaux des autres pays voisins. Les portails gouvernementaux ne se gèrent pas comme des blogs. La même critique est valable pour le site web de la Présidence de la République qui ne respecte pas les standards réservés aux sites web modernes (par exemple le « responsive design » qui permet aux applications en ligne de s’ajuster en fonction de la taille des écrans). Il est urgent de confier cette refonte à des prestataires qui ont l’expérience et les références nécessaires.
Je me souviens du jour où le Haut-Commissariat aux NTIC avait lancé le Plan NICI qui devait consister à consacrer l’administration électronique. Je l’ai vu présenter le tout nouveau site web de la Primature de l’époque au Premier Ministre en affirmant que c’est le début de l’Intranet Gouvernemental. Après m’être rendu à l’époque sur le site web, je m’étais rendu compte qu’il s’agissait d’un site web statique qu’on pouvait générer à partir de n’importe quel logiciel de conception de pages web et on y a ajouté les images du Premier Ministre pour le rassurer. Quand je sais que cela a assurément fait l’objet d’un marché, j’ai éprouvé de la pitié pour nos dirigeants qui sont de bonne foi, mais qui sont trompés parfois par ceux qui sont censés les conseiller et les mettre dans les dispositions de se surpasser.
Que ça soit l’Intranet gouvernemental ou le projet d’E-Gov ou E-Admin, au stade actuel des choses, on sera encore au stade projet dans les 10 années à venir et même s’il est exécuté en y injectant 100 milliards, cela se soldera par un cuisant échec ; car les équipes qui semblent y travailler, ont saisi les mauvais bouts de la corde. Le projet E-Gov n’est pas un défi technologique ou une innovation technologique en soit mais devrait être la solution à une réelle volonté de changement dans les habitudes de notre administration. Il doit être guidé par la recherche de solutions aux problèmes suivants :
Contre-performance de l’administration ;
Lenteurs administratives ;
Faible mobilisation des ressources financières ;
Détournement et corruptions dans l’administration ;
Gaspillage de temps, des ressources et doublons dans les attributions des cadres et agents ;
Dans un E-Gov réussi, tout citoyen peut demander un casier judiciaire en ligne et le recevoir directement en ligne de manière sécurisée après que tous les processus de vérification et validations sont faites. Il n’aura qu’à l’imprimer et en faire usage ; le destinataire pourra en vérifier l’authenticité grâce à un numéro qui est généré ou un code « QR » disponible sur une application web en ligne. Le citoyen n’aura plus à perdre du temps et ne sera plus victime de chantage pour son obtention. Il en sera de même pour les déclarations de d’impôts qui pourront se faire de manière automatisée et dès l’entrée du produit sur le territoire. L’importateur n’aura plus qu’à aller payer car le système aura déjà calculé les droits à verser. Ce ne sont que des exemples basiques d’avantages y afférent.
Bien sûr, pour de tels projets, beaucoup de préalables entrent en jeu. Des changements de lois par exemple pour combler le vide juridique sur la gestion des données numériques, les signatures électroniques (véritable cheville ouvrière d’une administration électronique) et les textes régissant la cybercriminalité. Après sa mise en service avec l’appui d’une équipe de « Change Management », aucun agent de l’Etat ne pourra plomber les efforts de l’Administration pour vaquer à d’autres occupations, car un délai d’exécution sera assigné à toute tache. Le système pourra calculer aussi la performance de chaque agent de l’Etat qui pourra désormais le sanctionner ou le motiver de manière objective et quantifiable.
On peut dire que dans le domaine des TICs, le Niger n’a pas les hommes pour ses ambitions actuellement ;
Dans l’espoir que ces modestes lignes contribueraient au développement de notre pays et à au succès du Programme de la Renaissance, je vous prie Excellence Monsieur le Président de la République, d’accepter mes salutations dévouées.
M. Harouna MOUMOUNI MOUSSA
Ingénieur informatique
Master of Science en Systèmes, Réseaux et Sécurité