Il vous souviendra que depuis l’avènement de la démocratie au Niger, plusieurs mouvements ou coalitions ont vu le jour pour soit la conquête du pouvoir soit le combat contre une situation d’exception ou de crise politique et institutionnelle. C’est ainsi que dans l’AFC (alliance des forces du changement) regroupant la CDS, le PNDS, l’ANDP,…fut la première alliance d’un Niger démocratique à venir au pouvoir. Mais très vite cette alliance s’éclatera pour des raisons bien connues.
L’éclatement de l’AFC donnera naissance à une nouvelle alliance qui conduira le Président Mahamane Ousmane à une cohabitation sans précédent. Cette première cohabitation expérimentée par le Niger aura de lourdes conséquences sur son économie de notre pays qui venait à peine de faire ses premiers pas en démocratie. La nouvelle majorité sera composée du MNSD Nassara de l’ex-président Tandja Mamadou, du PNDS Tarayya de Mahamadou Issoufou et l’ANDP Zaman Lafia du Feu Adamou Moumouni Djermakoye comme principaux partis. Cette nouvelle alliance gagnera les élections législatives et imposera à Mahamane Ousmane, Hama Amadou comme premier ministre et Mahamadou Issoufou comme président de l’Assemblée Nationale. Et cela ne fera qu’empirer les guéguerres politiques conduisant ainsi à l’intervention du conseil du salut national(CSN) à la tête duquel le colonel Ibrahim Barré Mainassara pour mettre fin à plusieurs mois de crise politique et de blocage institutionnel.
Le CSN du colonel IBM fera aussi face à une farouche opposition regroupée au sein du FRDD(front républicain pour la défense de la démocratie) composé des principaux parti de l’opposition (MNSD,PNDS,CDS,ANDP) qui n’étaient pas non seulement d’accord avec le processus électoral mais aussi du hold-up électoral qui avait suivi consacrant l’élection du Général Ibrahim Baaré comme président du Niger. Ainsi l’accentuation de la crise politique, le blocage institutionnel, la paralysie de l’administration avec des grèves et les multiples pressions du FRDD pousseront l’armée à intervenir avec comme conséquence l’assassinat du Général Baaré mettant ainsi fin à la 4eme République.
Après une transition de 9 mois le CRN (conseil de réconciliation nationale) à la tête duquel il y avait Daouda Malam Wanké, des élections seront organisées consacrant la victoire de Tandja Mamadou aux présidentielles avec une nouvelle alliance composée du MNDS, CDS, ANDP…
Après deux mandats quasiment dans la tranquillité, Tandja Mamadou décida de se maintenir au pouvoir par le billet d’un bonus que le commun des nigériens avaient appelé Tazartché. C’est ainsi que naquit la CFDR (coordination des forces pour la démocratiques et la république) composée des grands leaders comme Mahamadou Issoufou, Hama Amadou, Mahamane Ousmane, Moumouni Djermakoye … et des acteurs de la société civile. Face à l’aggravation de la crise politique, le blocage institutionnel et les pressions politiques de la CFDR, le régime anticonstitutionnel de Tandja tombera le 18 Février 2010 suite à l’intervention du CSRD (conseil supérieur pour la restauration de la démocratie) à la tête duquel le commandant Salou Djibo.
C’est ainsi qu’ après une courte transition le CSRD organisera des élections qui opposeront deux blocs d’alliances: l’ARN (l’alliance pour la réconciliation nationale) et la MRN (Mouvance pour la renaissance du Niger). La MRN à la tête de laquelle le Président actuel Issoufou Mahamadou viendra au pouvoir. L’ARN se transformera en ARDR (alliance pour la restauration de la démocratie et la République). Le départ de l’ex-président de l’Assemblée Nationale Hama Amadou de la MRN avait annoncé le début de nouvelles guéguerres politiques entre la majorité et l’opposition, crise politique qui continue d’ailleurs encore à cause du calendrier électoral et plusieurs autres questions encore d’actualités avancées par l’opposition comme la majorité au pouvoir. Ce qui d’ailleurs donnera naissance à une nouvelle alliance initiée par l’opposition au nom de FPR (front populaire républicain).
Cependant tous ce rappel historique était important pour comprendre aujourd’hui l’objectif de la création par l’opposition politique nigérienne du nouveau front (FRP) regroupant des partis politiques, la société civile et les syndicats. L’objectif est clair: produire les mêmes causes qui ont conduit à la chute du régime de Mahamane Ousmane, du régime de Baaré, du régime de Tandja pour faire tomber aussi le régime de Issoufou Mahamadou. Tous les fronts de l’opposition à l’image de la nouvelle majorité après l’AFC, du FRDD, de la CFDR, ont conduit à la chute du président en place et c’est en toute logique que nous pensons que le nouveau front de l’opposition actuelle viserait la même chose mais seulement les nigériens sont nombreux aujourd’hui qui rejettent toute nouvelle intervention de l’armée pour stopper le processus démocratique. La seule voie possible pour l’opposition pour accéder au pouvoir est celle des urnes. Et d’ailleurs nous sommes à quelques mois des prochaines échéances électorales. Que chacun opposition comme majorité se présente devant le peuple avec non seulement bilans et engagements pour que le peuple fasse son choix et que le meilleur gagne !
Notre pays à trop souffert des guéguerres politiciennes et des interventions de l’armée. L’idéal pour le Niger et les nigériens aurait été que toutes ces alliances, mouvances, fronts, ou coordinations puissent être créés non pas pour renverser X ou Y du pouvoir mais pour servir le peuple nigérien, pour lutter contre toutes les menaces extérieures (Boko Haram, puissances impérialistes, multinationales étrangères,…) pour loger, nourrir et soigner le peuple nigérien, pour assurer une éducation de qualité aux enfants nigériens, pour relancer l’économie du Niger. Bref, pour renaitre le Niger.