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Niger : escalades de tensions politiques à six mois du scrutin présidentiel (SYNTHESE)
Publié le mercredi 26 aout 2015   |  Xinhua


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© AFP par SEYLLOU
Un bureau de vote à Niamey


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NIAMEY -- A quelques six mois du scrutin présidentiel prévu le 21 février prochain au Niger, l'atmosphère politique reste on ne peut plus tendue, à en juger les vagues de déclarations virulentes de part et d'autre.

Depuis la sortie du chronogramme électoral 2016 par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) prévoyant d'abord les échéances présidentielles couplées aux législatives avant les locales, la tension qui couvait depuis quelques temps entre les deux bords politiques au Niger a monté d'un cran.

Opposition et majorité s'attaquent violemment, à travers des invectives par médias interposés, au pays comme à l'extérieur, pour cause de désaccord profond sur les conditions d'organisation des prochains scrutins. Face à la montée de ces escalades verbales au sein de la société nigérienne, avant même le début de la campagne électorale, M. Mohamed, fonctionnaire, prie tout simplement dieu "que ces élections se passent dans de bonnes conditions pour le pays".

En effet, alors que l'opposition politique met en doute le processus électoral et accuse le président Mahamadou Issoufou de créer les conditions de son "auto-élection", la société civile juge inopportune la loi portant le nombre de députés de 113 à 171, et exige du gouvernement "l'organisation des élections libres, transparentes et inclusives, comme gage de la stabilité politique et de la préservation du cadre démocratique" ; la majorité, de son coté, trouve les revendications de l'opposition "politiciennes", voire "putschistes".

Tout est parti de la décision, le lundi 17 août dernier à Niamey, d'une trentaine de partis politiques réunis au sein de l'opposition ainsi que des organisations syndicales et de la société civile, accusant le président nigérien de vouloir "s'octroyer à tout prix un second mandat", de créer un front commun appelé "Front patriotique républicain (FDR)" pour lui "imposer" l'organisation d'élections "inclusives, libres, transparentes".

A la tête de cette coalition d'opposants, Seyni Oumarou du Mouvement national de la société de développement (MNSD), adversaire malheureux du président Issoufou au second tour des dernières élections présidentielles au Niger, Mahamane Ousmane de la Convention démocratique sociale (CDS) et ancien président de la République (1994-1996), et Hama Amadou du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (Moden Fa), ancien président de l'Assemblée nationale, actuellement en exile à Paris (France), ainsi que plusieurs leaders syndicaux et de la société civile.

En dépit de toutes les assurances données par le président Issoufou "d'organiser des élections transparents", ils accusent le chef de l'Etat de vouloir "instrumentaliser toutes les structures rentrant dans l'organisation du processus électoral", à savoir le Comité du fichier électorale biométrique (CFEB) et la Commission électorale nationale indépendante (CENI), "dans la perspective de s'octroyer à tout prix un second mandat", en 2016.

En outre, il est reproché au président Issoufou une "politisation outrancière" de l'administration nigérienne, d'achat de conscience au Parlement et "de vouloir museler le système judiciaire".

Auparavant, dans un message à la nation, le 3 août dernier, le président Issoufou avait rassuré ses compatriotes qu'il "ne cautionnerait pas l'organisation d'élections truquées", et a promis que "la transparence et l'équité des élections, généralement observées au Niger seront respectées".

Cependant pour Souleye Oumarou, rapporteur général de l'opposition, dans un point de presse dimanche dernier à Niamey, M. Issoufou cherche, "à travers des procès politico-judiciaires, à éliminer tous les adversaires potentiels susceptibles de lui barrer la route et être ainsi le seul candidat à même de l'emporter, avec l'assurance que la Cour constitutionnelle va valider les résultats acquis d'avance, selon leurs calculs".

Aussi, l'opposition avait "récusé" la Cour constitutionnelle et décidé "d'imposer" à M. Issoufou et son gouvernement "l'organisation d'élections inclusives, libres, transparentes, équitables, et ce, sur la base d'un fichier électoral consensuel avec un juge électoral, indépendant, impartial et sincère".

Ce fut, par la suite, le tour d'une quarantaine d'organisations de la société civile de mettre la pression sur les autorités au Niger, le 19 août dernier. Ces acteurs de la société civile exigent, entre autres, l'abrogation de la loi jugée "scélérate et inopportune" portant le nombre de députés de 113 à 171, l'organisation d'élections crédibles en 2016 au Niger, et appellent enfin à un "dialogue national" pour préparer au mieux ces élections.

Réagissant dimanche à ces déclarations, à travers la presse étrangère, le ministre nigérien de l'Intérieur, Hassoumi Massaoudou, a indiqué que l'opposition leur fait "un procès en illégitimité" depuis qu'ils sont au pouvoir en avril 2011. Pour lui, "toutes ces critiques sont purement politiciennes".

S'agissant de la Cour constitutionnelle, il a précisé qu'elle "est indépendante au Niger" et "ne peut pas être dissoute. Ni par le président, ni par l'Assemblée nationale". "Demander sa dissolution, c'est une revendication putschiste", a-t-il fait remarquer.

En ce qui concerne le fichier électoral, il a rappelé que les délégués de l'opposition sont encore présents dans le comité chargé de sa construction. "Toutes les opérations, y compris de recensement, se sont faites et continuent de se faire avec eux". "Ce fichier a été fait au vu et au su de tout le monde et il est bien meilleur que le précédent", selon M. Massaoudou.

Sur l'augmentation du nombre des députés nationaux de 113 à 171, le ministre de l'Intérieur a martelé que "le gouvernement ne fera pas marche arrière". "C'est un principe qui est appliqué depuis 1992, avec un député pour 100.000 habitants. Aujourd'hui, nous appliquons la même règle sur la base du recensement de 2012, qui a dénombré plus de 17 millions de Nigériens".

"Cela prend trop de temps et notre Constitution est très claire : il faut que les législatives et la présidentielle soient organisées entre le 16 et le 27 février", a-t-il conclu.

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