La révélation a été faite par le président du Moden Fa Lumana Africa, lors d’une interview, face à la télévision Golfe TV le dimanche dernier à 20h 30. A l’occasion de cette prestation médiatique, l’homme a rassuré sur sa pugnacité et sur la densité de sa verve qu’une année d’exil n’aura pas entamées.
Pour l’essentiel, Hama Amadou s’est prononcé sur la situation politique générale du pays, en l’occurrence les élections qui se préparent au pays. Le discours acerbe de l’homme est constant contre un régime qui n’a pas réussi à convaincre les Nigériens ; toute chose qui, pour bien d’observateurs, justifie le harcèlement dont est victime l’ancien président de l’assemblée nationale que le régime a réussi à faire passer par ses amateurismes pour son adversaire le plus redoutable et à le célébrer comme tel tant au Niger qu’auprès de l’opinion internationale. Dans une interview sans concession,HamaAmadou a eu à faire quelques révélations fracassantes qui vont certainement fâcher encore des socialistes qui n’ont pas fini d’en vouloir à leur ancien allié. L’une de ces révélations est d’apprendre au monde qui ne le sait pas que le candidat Issoufou, en 2016, « a très peu de chance d’aller au second tour », ce qui devrait clouer le bec à ses courtisans zélés et autres laudateurs, pour qui, leur champion devraient passer dès le premier tour. Hama Amadou met d’ailleurs au défi le journaliste d’enquêter dans les villes et les villages nigériens pour s’en convaincre. Dire qu’il est possible de passer au premier tour dans un pays dont on connaît la structuration politique et pour un régime qui n’a pas de bilan à faire valoir, est selon Hama Amadou, un optimisme débordant et insensé quand on sait aujourd’hui le sentiment de dégoût qu’éprouvent les Nigériens vis-à-vis d’un régime qui a trop déçu, qui a fait trop de mal et qui a choisi, non d’unir les Nigériens, mais de les diviser et souvent de les opposer. D’ailleurs, au nom de quelle logique, ce régime devait-il être reconduit quand on voit le seuil du mécontentement des Nigériens devenus plus misérables et inquiets pour l’avenir ? Mais pour Hama Amadou, ceux qui ont osé ces pronostics ahurissants, comptent sur d’autres moyens pour s’octroyer le mandat impossible qui les obsède. En effet, devait-on comprendre, c’est à cette fin que depuis deux ans, le régime de Mahamadou Issoufou a oublié de travailler pour le Niger et les Nigériens et s’était mis à vouloir concasser les partis politiques dans le dessein incompréhensible pour la démocratie de tuer le pluralisme qui en fait sa vitalité et pour demeurer la seule force politique sur l’échiquier nigérien et consacrer ainsi la pensée unique et le culte de la personnalité ainsi que le parti socialiste nigérien a su le cultiver pendant des années gouvernance féodale qui frise un aristocratisme arriéré à l’intérieur de leur structure politique. Hama Amadou estime d’ailleurs qu’au regard de son bilan on ne peut plus catastrophique avec ses morts et ses deuils, avec ses injustices et ses complots, avec ses scandales financiers, avec ses violations répétées des lois de la République, avec l’oubli des préoccupations du monde rural, Issoufou Mahamadou ne mérite qu’une sanction sévère. Pour l’ancien allié de Zaki, même l’argent qu’ils ont amassé par « la corruption et les dessous de table », ne pourront leur permettre de revenir au pouvoir car ce n’est qu’une insulte supplémentaire aux Nigériens que de les prendre pour un bétail électoral, qu’on pourrait s’offrir à coups d’argent sale. Tout, aujourd’hui, semble être en la défaveur du régime et Hama Amadou note qu’il [Mahamadou Issoufou] court le risque de ne pas aller au second tour ». Aussi, avertit-il, qu’il ne doit pas compter sur l’instrumentalisation des institutions de la république pour s’assurer un passage en force en 2016 car, confie-t-il, « il sera confronté à [leur] vigilance. L’opposition est donc plus que jamais déterminée à imposer des élections honnêtes au président Issoufou. Dans cette exigence elle est d’ailleurs aidée par une communauté internationale dont les Etats-Unis et la France pour qui, la transparence des élections n’est pas négociable.
Ainsi, rassure Hama Amadou, le rapport de force est en faveur de l’opposition qui se fixe pour objectif de faire battre Mahamadou Issoufou. L’homme en est d’autant plus convaincu qu’il affirme sereinement : « Nous allions gagner et nous allions battre Issoufou Mahamadou ».
Une opposition soudée...
C’est une autre révélation de Hama Amadou au travers de son interview suivi par de millions de téléspectateurs. En effet, selon les aveux du Président du Moden Fa Lumana Africa, l’Opposition est aujourd’hui bien organisée et elle aurait même scellé son unité autour d’un accord électoral qui détermine le cadre de son action et fonde sa plateforme et le projet de société qui devront fédérer les Nigériennes et les Nigériens et offrir ainsi au peuple Nigérien déçu et dérouté, les chances d’une alternance qui pourrait l’affranchir du chaos rose. C’est donc en rangs organisés que l’opposition va dans les prochains joutes électorales pour libérer un peuple que les camarades ont obligé à ne plus savoir espérer. La nouvelle opposition nigérienne fonde donc légitimement le nouvel espoir des Nigériens qui veulent croire qu’il est possible de gérer autrement un pays que certains de ses enfants ont souvent trahi.
Malaise au sein du PNDS ?
Depuis quelques jours, la presse fait cas de certaines dissensions au sein du parti présidentiel traversé par quelques courants antagonistes qui se livrent des batailles intestines qui mettent silencieusement le feu à la maison Guri. C’est une autre révélation de l’Invité de Golfe TV, qui vient donner crédit à ces « rumeurs incessantes et crédibles » des malaises qui traversent le parti de Mahamadou Issoufou. En effet, il semblerait, selon certaines sources, que le Général Salou Djibo serait lié au président Issoufou par un accord secret par lequel, après lui avoir facilité son accession au pouvoir en 2011, après ses deux mandats ( ?), le bénéficiaire d’un ‘’service après-vente’’ assurés par la transition du Général étoilé devait assurer le retour de l’ascenseur au facilitateur et bienfaiteur, pour qu’il puisse accéder au pouvoir pour qui succéder, non plus par les armes comme il l’a déjà fait mais par les urnes même tronquées. Si ce deal devait être vrai, c’est bien naïf de croire à ce marché de dupe, pour accepter de faire le sale boulot pour attendre la récompense dix ans après comme si nous devrons avoir une maîtrise parfaite sur notre vie et notre destin. Mais c’est à croire que pour une fois, on veut jouer à la gratitude, et il semblerait que c’est pour honorer un tel accord qu’on tente d’ « écraser des personnalités qui pourraient contrarier l’accord secret ». Sans doute qu’un
Bazoum en sait quelque chose pour souffrir le martyr de sa liberté de avril ton au sein d’un Guri qui est cyniquement stalinien. Le cinéma d’un soir du 7 avril 2011 de « j’ai demandé à Salou Djibo ce qu’il veut, il m’a dit qu’il ne veut rien », n’est donc qu’une mise en scène ubuesque qui cacherait le deal révélé.
Hama, un homme rusé...
Encore une fois, Hama Amadou est venu par cet entretien, à révéler que les épreuves de la vie et les aléas de la politique n’ont pas pu avoir raison ni de son moral, ni de sa combativité. Il est en effet apparu encore comme un homme politique accompli qu’aucune question, même du journaliste le plus futé, ne peut surprendre. Et c’est non sans tact qu’il a su répondre, gardant sa sérénité légendaire qu’on reconnaît au judoka intrépide qu’il est en sus, imbu de sa sagesse politique d’une riche carrière atypique, faite d’épreuves et de gloires immenses, aux questions à priori outrageantes de journaliste qui se veut percutant. Son calme olympien charme quand, à l’insinuation qu’il sous-estimerait l’armée nigérienne Hama Amadou, rassure d’abord sur ses visions éclairées sur l’armée nationale dont il connaît la bravoure et les exploits épiques pour avoir occupé des responsabilités étatiques qui lui ont imposé une certaine collaboration avec la hiérarchie. C’est pourquoi, tout en saluant son efficace action discrète, Hama a plaint le sous- équipement de notre vaillante armée qui pourrait l’exposer à des menaces réelles. Ce qui est d’autant plus vrai qu’il y a quelques mois, selon un acteur de la société civile, ce sont des militaires eux-mêmes qui se plaignaient des conditions dans lesquelles ils font la guerre contre le terrorisme.
Comme on le voit, même loin du pays, Hama reste hyperactif politiquement pour mobiliser l’opinion internationale et la diaspora nigérienne autour de la situation politique du Niger.
De l’incertitude sur les élections ?
Sans considérer les dissensions au sein de la classe politique relativement à l’élaboration controversée du nouveau fichier électoral et à l’installation de la CENI, Hama Amadou a donné des informations qui ne rassurent pas sur le processus entamé. Comment croire à la volonté et à la promesse du président Issoufou d’organiser les élections sur fonds propres, quand le budget 2015 ne comporte aucune inscription pour le financement de ces élections ? Est-ce une volonté délibérée de contrarier la tenue de ces élections ou bien est-ce le fait de l’amateurisme qu’on reproche au Guri ? Mais lorsqu’il est impossible, selon les clauses de la Constitution de décaler les élections et que le régime peine à avoir « son » fichier, il faut redouter que le gouvernement de Brigi Rafini ne conduise le pays dans une situation ‘’d’insécurité constitutionnelle?.
Cette interview a ainsi permis de comprendre les incertitudes sur le processus électoral, sur les malchances d’une crise politiques à se cristalliser davantage et conduire à un pourrissement qui pourrait être fatal. Au même moment, elle a permis de voir un homme aguerri politiquement, combatif qui affiche le portrait d’un gagneur... au cœur noble, vide de rancune !
N’est-ce pas que Zaki peut s’en vouloir de n’avoir pas écouté les conseils désintéressés d’une Fatoumata Bazèye ?
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