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Le Sahel N° 8865 du 26/1/2015

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Entretien avec le Commandant Alloké Gilbert, Directeur régional adjoint de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable de Dosso : «La région de Dosso renferme d’importantes ressources forestières qu’il faut préserver»
Publié le mardi 1 septembre 2015   |  Le Sahel




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Créée par décret 2013-462/PRN/ME/SUDD, la direction régionale de l’environnement, de la salubrité urbaine et du développement durable de Dosso comprend 7 divisions régionales, 8 directions départementales pour les 8 départements que compte la région, 39 services communaux sur les 43 de la région ainsi que 4 postes forestiers. Au cours d’un entretien qu’il nous a accordé, le directeur régional adjoint de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable de Dosso, le Commandant Alloké Gilbert, nous parle de la situation environnementale de la région.

Monsieur le directeur, comment se présente la situation environnementale dans la région de Dosso ?

La situation environnementale de la région peut être présentée sous deux (2) aspects : les potentialités et les contraintes sur le plan des ressources forestières, fauniques et halieutiques. En ce qui concerne les potentialités forestières, La région de Dosso est la plus boisée du Pays. En effet, elle possède 18% des ressources forestières avec seulement 2 % de la superficie du pays. Quant au potentiel faunique de la région de Dosso, il est riche et varié. En effet, la région abrite des mammifères, (gazelles, hyènes, hippopotames, lamantins, crocodiles, chacals, lièvres, tortues, serpents, oiseaux divers) ; les dernières girafes d’Afrique de l’Ouest ; des oiseaux, des rongeurs et des reptiles.

Toujours au titre des potentialités dans le domaine de la faune, on peut citer la réserve partielle de faune adjacente au Parc W et la présence de plusieurs zones humides dont 4 sont classées site RAMSAR. Il s’agit du Moyen Niger I et II, du Dallol Bosso et du Dallol Maouri. Sur le plan des ressources halieutiques, la région de Dosso est traversée par le fleuve Niger sur près de 180 Km. elle compte également 525 mares dont 130 permanentes. Cet important potentiel est favorable au développement de plusieurs espèces de poissons.

Les principales contraintes liées à ces trois secteurs sont la régression des superficies forestières, trop sollicitées pour l’extension des espaces cultivés et pour la fourniture de combustibles domestiques, de compléments alimentaires et divers autres produits forestiers non ligneux ; la dégradation des pâturages du fait principalement des feux de brousse, de la prolifération des espaces herbacés non appétées comme le Sida cordifolia ; et la faible productivité des formations forestières.

S’ajoutent également la dégradation des terres de culture qui se transforment en glacis, impropre à toute forme de mise en valeur ; l’ensablement des cours et plans d’eau ; l’envahissement des plans d’eau par des plantes nuisibles; les changements climatiques et pollution diverses affectant les centres urbains ; la destruction des habitats de la faune sauvage ; la faible organisation des acteurs ; l’insuffisance de financements dans le secteur, etc.

Qu’en est-il du programme de reboisement pour l’année 2015 ?

Au titre de l’année 2015, le programme de reboisement initié par les plus hautes autorités de l’Etat et entrant dans le cadre du Programme de la Renaissance du Président de la République, comporte plusieurs volets dont : la production de prés de 600 000 plants forestiers ; les plantations en bloc sur 11 000 hectares ; les plantations linéaires de 35 kilomètres ; la création de 3 bois villageois dans le cadre du programme «un village, un bois» ; la plantation de 150 ha dans le cadre du Programme Gommier ; le semis direct de noix de rôniers ainsi que la protection de la régénération naturelle assistée.

Quelles sont les zones de forêts dans la région de Dosso et quelles mesures préconisez-vous pour faire face à la coupe abusive du bois ?

Je le disais tantôt, la région de Dosso renferme d’importantes ressources forestières qu’il faut préserver. On peut citer les 4 forêts classées dont 3 sont situées dans le Département de Gaya (Goroubassounga, Foga Béri, Bana) et une dans le Département de Dosso (Koulou) qui totalisent 16 359 ha. En ce qui concerne le domaine protégé, la région compte 2 grandes forêts protégées à savoir la Forêt protégée de Marigouna Bella avec 140 000 ha et la forêt protégée de Tounga avec 25 000 ha.

En dehors de ces formations forestières classiques, la région de Dosso renferme des écosystèmes particuliers représentés par les rôneraies du fleuve et du Dallol. Il s’agit précisément de la rôneraie du Dallol Maouri à Gaya avec 24 145 ha ; la rôneraie du Dallol Maouri à Dioundiou avec 6000 ha, et la rôneraie du fleuve à Gaya et à Falmey avec 2689 ha
En définitive, il faut noter que la région compte 16359 ha de forêts classées et 197 834 ha de Domaines protégés. En ce qui concerne les mesures préconisées pour faire face à la coupe abusive du bois, il faut noter, entre autres, les actions de police forestière ; la sensibilisation des populations sur le respect des textes réglementaires et sur la sauvegarde de l’environnement ; la mise sous aménagement des forêts avec la création des marchés ruraux de bois ; la promotion des énergies alternatives ; la vulgarisation des foyers améliorés, et la sensibilisation des populations pour un changement de comportement.

Mon Commandant, les feux de brousse causent d’énormes dégâts sur le couvert végétal, comment faites-vous face à ce méfait ?

Effectivement, les feux de brousse constituent un véritable problème environnemental, en ce sens qu’ils impactent non seulement le couvert végétal herbacé et ligneux, mais aussi la faune sauvage. Ces dernières années, l’Etat et ses partenaires déploient beaucoup de moyens pour faire face à ces menaces. Et les actions sont soit préventives par l’ouverture des bandes pare-feu perpendiculaires à la direction dominante du vent. Et ce dans les zones où le fourrage est dense et où il a été mené la sensibilisation des populations sur les pratiques pour éviter les feux. Il y a également la lutte active qui consiste à éteindre le feu avec l’aide des populations quant il survient.

Parlez-nous de la situation de la faune de la région de Dosso ?

La faune dans la région de Dosso, comme dans les autres régions connait une disparition de la plupart des espèces surtout les mammifères. Cette situation de disparition de la diversité faunique est surtout liée à la dégradation des ressources forestières qui constituent l’habitat naturel de la faune. Cependant, il faut noter que la région de Dosso abrite une importante population des Girafes dans le département de Boboye qui bénéficie d’une protection particulière puisqu’elle constitue les dernières populations de toute l’Afrique de l’Ouest.
D’autre part, la région de Dosso fait frontière avec le Parc National du W, au niveau du Département de Falmey d’où la présence de certains grands mammifères signalés de temps en temps. En ce qui concerne l’avifaune, la région de Dosso abrite une grande diversité d’espèces d’oiseaux qu’on retrouve non seulement autour des points d’eau mais aussi sur les plateaux. Parmi ces oiseaux on peut citer : la tourterelle, le pigeon de Guinée, le moineau doré (Mange-mil), Le francolin commun, la pintade sauvage, le héron garde-bœuf, la cigogne, les oiseaux d’eaux à savoir : les canards armés, les canards casqués, les oies sauvages, les sarcelles.

Quelles sont les potentialités en matière de pêche et quels sont les avantages que procure cette activité ?

En matière de pêche, il faut retenir que : la région de Dosso dispose d’importantes potentialités en ressource halieutique repartie en deux grands ensembles. Il y a d’abord le fleuve Niger qui traverse la Région sur une longueur de 180 Km dont 80 km dans le Département de Gaya, 70 km dans le département de Falmey et 30 km dans le Département de Dosso. Sur le fleuve se déroulent des activités de pêche dites traditionnelles et concernent l’ensemble des populations qui vivent sur ses rivages ;
S’ajoutent aussi les eaux intérieures, qui sont constituées par un grand nombre de plans d’eau ou mares qui sont au nombre de 525 dans la région dont 130 permanentes, 212 semi-permanentes et 183 temporaires. Pendant ces dernières années, la plupart des mares permanentes ont fait l’objet d’opérations d’empoissonnement et/ou de creusage dans une perspective d’augmentation de la production de poisson.

D’autre part, pour améliorer le niveau de production des poissons, l’Etat et ses partenaires déploient beaucoup de moyens dans le cadre du renforcement des capacités (techniques et matérielles) des pécheurs le long du fleuve et au niveau des grandes mares empoissonnées.
En ce qui concerne les avantages que procurent l’activité pèche, il faut noter qu’elle contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, la lutte contre la pauvreté, et l’amélioration des revenus des ménages.

Quelles sont les difficultés ou contraintes que rencontre la DRE/SU/DD de Dosso ?

Malgré les efforts remarquables de la Direction Régionale de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable et ses démembrements, il existe des contraintes qui ralentissent souvent l’atteinte des objectifs ; il s’agit principalement de l’insuffisance du personnel tant en quantité qu’en qualité malgré les améliorations des effectifs grâce à la Loi de programmation ; l’insuffisance du parc auto et moto ; l’insuffisance des moyens de fonctionnement des services, etc.

Quels sont vos projets et perspectives ?

Les projets et les perspectives que nous comptons mettre en œuvre sont : la multiplication des efforts des agents dans la protection et la gestion durable des ressources forestières, fauniques et halieutiques ; la restauration de nos bases de production pour faire de la sécurité alimentaire une réalité dans la région de Dosso ; la recherche de financement pour l’inventaire et l’aménagement des formations forestières en dégradation ; la recherche de financement pour une gestion durable des rôneraies. Nous comptons aussi agir dans le sens de l’intensification de la vulgarisation des lois en matière de protection de l’environnement et l’amélioration du cadre de vie des populations de la région ; la substitution du bois énergie par une utilisation accrue du gaz, du charbon et du soleil ; la protection des zones humides de la région ; la création des conditions pour le retour de la faune sauvage ; la promotion de l’écotourisme ; la promotion et la valorisation des produits forestiers non ligneux, et le renforcement de la résilience des populations face aux changements climatiques.

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