L'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger, fait son bonhomme de chemin en dépit de quelques couacs. Signé par le gouvernement et les groupes armés de la plateforme le 15 mai, et entériné le 20 juin 2015 par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), cet accord pose les bases d'une réconciliation entre Maliens et d'une paix durable au Mali, si toutefois les parties prenantes inscrivent leurs actions dans ce sens.
La médiation internationale a été conduite par l'Algérie qui a impliqué d'autres acteurs notamment les pays voisins du Mali, la CEDEAO, l'UA, l'ONU, etc.). Le document d'accord a abordé les grands aspects pour un retour de la paix et de la stabilité au nord Mali. Il s'agit des aspects liés à la Gouvernance fondée sur la proximité avec le malien et tenant compte de ses spécificités ; à un dispositif de défense et de sécurité inclusif présent partout sur le territoire et en bonne intelligence avec les forces amies de la communauté internationale, au développement socio économique et culturel comme seule garantie de non récurrence de la crise, à une sincère réconciliation dans la justice et le respect des règles humanitaires au bénéfice des plus faibles et à une gestion participative de l'accord avec une bonne présence de tous les amis du Mali.
Aussi dès son préambule, l'accord rappelle la volonté commune des parties ''à sortir durablement de la crise en traitant de manière profonde ses racines''. Ainsi, tous les acteurs sont conscients de la nécessité de préserver la diversité de la nation malienne, de lutter contre la corruption, les trafics et le terrorisme, de discuter entre maliens autour du nom ''Azawad'' ou encore de revoir toutes dispositions constitutionnelles, législatives et réglementaires qui permettraient de faciliter le vivre ensemble et la paix. Les questions politiques et institutionnelles, la réorganisation du territoire avec en toile de fond la libre administration comme principe de gestion des collectivités ont été soulignées par l'accord.
L'accord insiste aussi sur les aspects de défense et de sécurité, tout en insistant fermement sur l'unité de l'armée et son caractère représentatif de la diversité de la nation. Il souligne aussi la nécessité d'un redéploiement progressif de l'armée reformée sur l'ensemble du nord du Mali sans oublier le cantonnement des ex combattants, l'intégration de certains d'entre eux dans les corps constitués de l'Etat et le processus de désarmement - démobilisation et réinsertion (DDR). Cette opération sera menée avec l'appui de la MINUSMA.
Les questions de développement et de sécurité allant de pair, l'accord d'Alger aborde la question du développement en insistant sur la nécessité de donner plus de marges de manœuvre aux collectivités dans la planification et la mise en oeuvre de leur stratégie en la matière. Un autre aspect de cet accord, c'est la justice et le respect des droits de l'homme, en vue d'une réconciliation sincère et durable. Cependant pour atteindre les objectifs poursuivis par la médiation internationale qui se résument au retour de la paix et de la sécurité au Mali et à la réconciliation des Maliens, il faut que toutes les parties prenantes jouent le jeu. D'où le principe de gestion participative du processus, une responsabilité des acteurs maliens d'abord, qui seront assistés et conseillés par la médiation internationale et soutenus par la communauté internationale, dans ses différentes composantes (CEDEAO, UA, UE, OCI, BM, ONU...). De l'avis de plusieurs analystes, cet accord offre ''des perspectives sérieuses de sécurité, de paix, de justice, de réconciliation, de développement et de prospérité partagées si les Maliens dans leur diversité s'engagent auprès des autorités à le mettre en œuvre de manière rigoureuse''.
Cependant ce défi est loin d'être relevé au regard des montées subites et récurrentes de la tension dans le Nord en particulier et des actes terroristes sur le territoire malien en général. Les attentats à Bamako, à Sévaré ou les affrontements souvent meurtriers entre le GATIA et le MNLA dans la zone de Kidal, sont là pour rappeler aux Maliens et à la communauté internationale, le défi de la mise en œuvre de cet accord. Enfin, pour que cet accord puisse atteindre ses objectifs, il faut aussi que la communauté internationale joue sincèrement et clairement son rôle d'acteur neutre.
Siradji Sanda(onep)
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