Les 21 et 22 septembre 2015 se tiendra au siège du Conseil économique et social ivoirien à Abidjan, le Forum international du Groupement des éditeurs de la presse écrite publique de l'Afrique de l'Ouest (Geppao) organisé par Fraternité Matin et le Conseil économique et social de Côte d'Ivoire. Ce forum international a pour thème central « Elections et cohésion sociale en Afrique ». Une trentaine de panélistes vont débattre des thématiques relatifs aux conflits électoraux en Afrique ; au comportement des acteurs en Afrique ; à la crise post électorale en Côte d'Ivoire ; au rôle des organismes de gestion des crises ; à la contribution des acteurs sociaux à l'apaisement du climat social en période électoral ; au poids des acteurs économiques etc. En organisant ce forum international, le Geppao entend apporter sa contribution à cette importante thématique électorale si déterminante pour la réussite des programmes de développement socio-économique en cours, et œuvrer à l'avènement d'une ère d'élections apaisées en Afrique, et en Afrique de l'Ouest en particulier.
En effet, en 2015 et 2016, quelque 46 élections présidentielles, sur les 2 ans, auront lieu en Afrique. En Afrique de l'Ouest, des cinq élections présidentielles programmées cette année, deux se sont déjà déroulées sans heurts : celles du Nigeria et du Togo. Peut-on en déduire que les trois autres, en Côte d'Ivoire, en Guinée, et au Burkina Faso, s'inscriront dans la même mouvance pacifique ? C'est le souhait de la grande majorité des forces politiques en présence. Toutefois, la vigilance doit rester de mise, et l'adage selon lequel « prévenir vaut mieux que guérir » est de la plus grande actualité.
La course à la magistrature suprême, souvent très disputée, est aussi la période où les affrontements mettant à mal la cohésion sociale sont les plus nombreux dans les pays. Des dispositions légales régissant les scrutins aux contestations post-électorales, le spectre des antagonismes est large. Le constat qui est fait est que les lois électorales et les institutions devant régir les élections sont souvent controversées particulièrement durant la période précédant l'élection phare qui est la présidentielle. Les suspicions légitimes (ou non) de fraude sont alors mises à l'avant par les partis d'opposition et dans un climat socio politique délétère, du fait de l'ambition des uns et des autres, mais aussi des fragilités sociales et d'une culture démocratique encore sous-développée.
Les débats sur les projets de société et ou de gouvernement, pourtant au centre du projet démocratique, sont supplantés par des querelles de personnes qui se muent progressivement en affrontements inter-ethniques ou intercommunautaires.
Ce spectacle désolant, qui a longtemps terni l'image de l'Afrique renaissante fait ressortir la question de l'éthique politique et morale ainsi que celle de la responsabilité sociale de la classe politique et de la société civile.
Le constat est en effet qu'en se référant aux élections, alors même que l'État est supposé supplanter les légitimités «traditionnelles » selon le mot de Max Weber, en Afrique, peu d'élections sont organisées sans violence. Les campagnes électorales ont la particularité de réveiller le manque de confiance et la méfiance, de cristalliser et d'exacerber le sentiment d'appartenance tribale, ethnique et clanique et d'affecter la cohésion sociale et la citoyenneté.
Que faut-il faire alors pour que les élections ne riment pas avec délitement de la cohésion sociale en Afrique? Comment éviter que les élections, censées consolider la société démocratique et partant, la société tout court, ne se transforment en instruments de dislocation sociale ? Comment faire en sorte que le temps électoral africain cesse d'être un temps orageux et à hauts risques de déstabilisation du tissu social pour devenir un temps démocratique normal, où la saine expression et confrontation des différences contribue plutôt à renforcer le sentiment d'appartenance à une même communauté nationale à préserver ? Le Forum international d'Abidjan du 21 et 22 septembre prochain apportera sa contribution dans la résolution de toutes ces thématiques. Il s'agira, aussi de partager les bonnes pratiques en matière électorale, à partir des expériences réussies de pays africains et non africains afin de favoriser la démocratisation de la bonne gouvernance électorale en Afrique.