D'après nos informations, la justice va se pencher sur des mouvements d'argent suspects entre une filiale du groupe nucléaire et plusieurs intermédiaires situés en Russie, au Liban et au Niger...
Areva va devoir faire face à un nouveau front judiciaire. Selon nos informations, une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet national financier (PNF) sur des mouvements financiers suspects entre une filiale du groupe nucléaire, Areva UG, spécialisée dans le trading d’uranium, et plusieurs intermédiaires situés en Russie, au Liban et au Niger. Contacté, le PNF n’a pas souhaité faire de commentaires.
En juillet, Marianne avait déjà annoncé que le parquet avait été saisi d’une nouvelle affaire Areva. Notre enquête nous avait permis de mettre à jour un montage financier occulte, qui a fait perdre 18 millions d’euros à Areva en 2011, selon les aveux même du groupe nucléaire. Si Areva reconnaît cette perte, le groupe soutient que c’était dans le cadre d’une « opération de trading sur le marché de l’uranium ». Or, selon les documents en notre possession, et notamment plusieurs contrats commerciaux signés en juillet 2011, il est établi qu’Areva UG a couvert un système circulaire de vente de 5,5 millions de livres d’uranium. L’argent en question aurait ensuite trouvé refuge dans des zones franches aux Emirats arabes unis et à Hong Kong.
Dès lors, plusieurs questions se posent : qui a décidé ces opérations et qui en a été informé au niveau non seulement de la division minière, mais aussi de la direction générale du groupe Areva ? Pourquoi les transactions d’uranium ont-elles été décidées dans la précipitation, dès le mois de juillet 2011, quelques jours après le débarquement d’Anne Lauvergeon de la présidence d’Areva par Nicolas Sarkozy ? Quel rôle ont joué les mandataires sociaux d’Areva UG, Sébastien de Montessus et Jean-Michel Guiheux, qui ont refusé de nous répondre ? Enfin, et là est sans doute l’essentiel : quels ont été les véritables destinataires des 18 millions d’euros versés par Areva ?
Un homme devrait plus particulièrement intéressé la justice : Jean-Claude Meyer, dont la société Optima-Energy Off-Shore SAL, située au Liban, aurait empoché dans un premier temps l’essentiel de ces commissions. Sollicité par Marianne en juillet, il n’avait pas souhaité répondre... Charge désormais à la justice de faire la lumière sur cette nouvelle affaire Areva.