L’incertitude plane au sein des populations nigériennes suite à la décision unilatérale de nos partenaires chinois de fermer les vannes de la raffinerie de Zinder depuis le 14 août 2015. Une fermeture maquillée grossièrement par l’invocation d’une «panne» au niveau des installations techniques.
Depuis cette décision gravissime, les Nigériens vivent dans la peur (légitime) de se retrouver du jour au lendemain, avec une grosse pénurie d’essence qui mettra toute la vie socio-économique au ralenti, pire à l’arrêt. En vérité, la panne artificiellement causée tend à faire fléchir l’Etat et l’obliger à accéder aux desiderata des Chinois quant à leur désir de mettre sous coupe réglée le secteur pétrolier nigérien. Les Chinois sont loin de jouer franc jeu dans ce partenariat qui n’a rien de « gagnant-gagnant» avec les Nigériens. Il semble évident qu’un jeu de poker-menteur se décline, dans lequel la seule défense de leurs propres intérêts est de mise en reléguant au second plan les intérêts de l’Etat et de nos braves populations, et particulièrement celles dont les terres se sont vues gratifiées par Le Tout Puissant de richesses, comme l’or noir. C’est vrai, il ne faut pas être dupe et naïf, «les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts». Dans cette affaire, les Chinois jouent leur propre carte et mettent en branle leur propre agenda. Il est utopique de penser qu’ils nous feront des cadeaux. L’exploitation de notre pétrole s’effectue à travers des conventions librement signées entre nos deux Etats. Est-ce trop demander que de vouloir que ces conventions soient respectées ?
Est-il normal que le Niger fasse de son mieux dans le respect des normes et règlements, alors que les Chinois n’en font qu’à leur tête en prenant par-dessus la jambe leurs obligations ? Pire, et c’est sans doute la question la plus cruciale, la CNPC peut-elle se permettre de prendre en otage un Etat, l’émanation de notre peuple ? Agir ainsi reviendrait à fouler au pied les prescriptions de notre Loi fondamentale (la Constitution du 25 Novembre 2010) qui stipule dans son article 148 que «les ressources naturelles et du sous-sol sont la propriété du peuple nigérien… ». L’article 149, lui, précise que «l’Etat exerce sa souveraineté sur les ressources naturelles et du sous-sol. L’exploitation et la gestion des ressources naturelles et du sous-sol doit se faire dans la transparence et prendre en compte la protection de l’environnement, du patrimoine culturel ainsi que la préservation des intérêts des générations présentes et futures». En fermant les vannes de la SORAZ (qui appartient à 40% au Niger, il convient de le rappeler), les Chinois prennent le Niger et son peuple en otage. Et cela est tout simplement inacceptable et indigne d’un vrai ami ! La situation de la SORAZ est certes difficile avec les créances impayées de la SONIDEP (elle-même plombée par les inconséquences des Mangal et autres pilleurs de la République) qui s’élèvent à des dizaines de milliards de FCFA. Mais en aucun cas, on ne doit s’en prendre au Niger et à son peuple à travers un chantage odieux et mesquin. On doit plutôt mettre tous les problèmes sur la table et essayer de trouver des solutions en personnes responsables et partenaires avisés.
Mais la principale question est de savoir si les intérêts du peuple nigérien sont défendus valablement par le gouvernement ? En effet, face à un partenaire qui loin d’être loyal, il faut du répondant, c’est-à-dire des hommes et des femmes de poigne, patriotes et dont le seul leitmotiv est l’intérêt national. Avec l’enlisement de ce différend, on peut se permettre de douter de la capacité de nos représentants à faire plier les Chinois et les ramener à la raison. La tournure des évènements nous amène à accorder du crédit à certaines assertions selon lesquelles «les camarades» se seraient compromis avec les enfants de Mao Zedong….Et ce n’est sans doute pas la longue réunion du dimanche dernier à la primature entre le Premier Ministre et les représentants de la CNPC et de la SORAZ qui fera bouger les lignes. Nous avons besoin d’un leadership fort, éclairé et qui ne transige pas avec les intérêts du Niger dans ces moments difficiles. Brigi Rafini, Pierre Foumakoye Gado et consorts sont loin de présenter une telle garantie. On se rappelle qu’à une certaine époque, Tandja Mamadou a dû frapper du poing sur la table face aux atermoiements de la multinationale AREVA, pour arracher un prix acceptable concernant notre uranium.
Il a aussi procédé à l’expulsion de deux responsables de ce groupe (dont le Directeur Général Dominique Pin en 2007) pour marquer sa fermeté quant au respect des intérêts du Niger. Il a en outre donné 24 heures à son ministre de l’Intérieur de l’époque, le Sieur Albade Abouba, pour expulser manu militari les milliers de Chinois présents sur le territoire nigérien face aux velléités de remise en cause du principe de construction de la raffinerie et du montant du bonus pétrolier par les Chinois, pour que ceux-ci, dans la panique, ne consentent à respecter leurs engagements sur instruction directe de Pékin. Un de nos voisins, le Tchad, a compris très tôt quelle attitude adopter. Idriss Deby Itno n’a pas hésité à engager un bras de fer avec la même CNPC. C’est ainsi qu’il a mis en résidence surveillée les dirigeants chinois et a infligé une amende de 1,2 milliard de dollars pour violations répétées des normes environnementales. Il a, ensuite, face au refus chinois de payer, dû retirer leurs 5 permis d’exploration. Finalement le «géant chinois» a fléchi, en acceptant, entre autres sanctions, de payer 400 millions de dollars de dédommagement au Tchad et de donner 10% de sa production. C’est de ce genre de leadership qu’il faut pour un Etat qui veut se faire respecter. Les Chinois ne comprennent que le langage de la force. Le Guri Système devrait s’inspirer des vrais patriotes que sont Tandja Mamadou et Idriss Deby Itno !
Maiga Adamou