C’était prévisible et comme nous l’annoncions sur Actuniger.com, les dissidents et exclus du MNSD Nassara ont décidé de créer leur propre formation politique, quelques jours seulement après avoir été déboutés par la justice en appel dans le procès qui les opposait à leurs anciens camarades du bureau politique dirigé par Seyni Oumarou.
Le Mouvement Patriotique pour la République (MPR JAMHURIA) a été officiellement lancé ce dimanche 11 Octobre au Palais des Sports de Niamey au cours d’une assemblée générale constitutive. A la manette, le chef de file des dissidents Albadé Abouba, ancien secrétaire général du MNSD Nassara et actuel ministre d’Etat à la Présidence après avoir été ministre de l’Intérieur sous la présidence de Tandja Mamadou.
Albadé Abouba est accompagné dans cette nouvelle aventure politique par les anciens membres du bureau politique national du MNSD Nassara qui ont fait dissidence en 2013 lors de la formation du gouvernement d’union nationale. Cette décision a été le point de départ d’une crise au sein de l’ancien parti-Etat, laquelle a par la suite débouché sur un long feuilleton judiciaire avec au final, la victoire du Bureau politique du MNSD sur les dissidents.
La direction du nouveau parti est composée pour l’essentiel des anciens membres du BPN ainsi que de la majorité des anciens présidents des sections régionales du principal parti de l’opposition politique. Il s’agit entres autres du président de l’Assemblée nationale Amadou Salifou, des ministres Wassalké Boukary, Alma Oumarou, Ada Cheiffou et de plusieurs autres cadres à la tête de société d’Etat et de quelques députés qui ont tous rallié le camp du pouvoir depuis le début de la crise.
A.Y. Barma
C’est Albadé Abouba qui assure la présidence du bureau du parti avec comme vice président national Wassalké Boukary et Sani Mai Gochi comme secrétaire général. Cette décision intervient au lendemain de la main tendue à peine voilée du président et du bureau politique du MNSD Nassara qui a laissé entendre que le parti restait ouvert "à tous ceux qui veulent revenir à condition qu’ils fassent amende honorable". Cependant, l’onde de choc de la crise était telle qu’aucune réconciliation n’était à l’ordre du jour même si on prêtait à certains des dissidents, l’intention de regagner le bercail ou d’autres formations proches du pouvoir. Il n’en sera rien et les dissidents ont désormais une nouvelle formation avec laquelle ils comptent participer aux prochaines élections générales de 2016 et espérer se faire une place sur la scène politique nationale.
Après l’assemblée constitutive, le MPR Jamhuria va s’atteler à la mise en place de ses organes statutaires dans les plus brefs délais ainsi qu’à la préparation de la future campagne électorale. Le grand défi de cette nouvelle formation, laquelle on le devine aisément sera encartée au rang des partis de la majorité MRN, c’est de tout faire sauf de la figuration. La tâche est loin d’être facile en dépit de la présence au sein de la jeune formation, de plusieurs leaders politiques disposant d’une certaine assise électorale en raison de leur passé politique notamment au sein du MNSD.
Après la confrontation judiciaire c’est donc sur le terrain électoral que les deux camps vont se mesurer avec une sérieuse longueur d’avance pour le MNSD Nassara de Seyni Oumarou. S’il est difficile pour Albadé Abouba de prétendre rivaliser avec Issoufou Mahamadou, le futur président-candidat, c’est à l’aune des résultats que son parti obtiendra que sera jaugée leur réelle capacité de mobilisation partisane. L’objectif est clair à ce niveau: faire mieux que le MNSD, un pari sur lequel il est actuellement difficile de miser un kopeck au vu des forces en présence sur l’échiquier politique national.
En attendant le verdict des urnes et il faudrait bien l’avouer, la création de cette nouvelle formation est une épreuve assez dure pour le MNSD qui a par le passé, déjà donné naissance au Moden Lumana. Certains observateurs n’hésitent d’ailleurs pas à présager à l’ancien parti au pouvoir de 2000 à 2010, le début d’une décadence progressive, une malédiction qui frappe les anciens partis au pouvoir comme c’est le cas avec le PPN RDA et dans une moindre mesure la CDS Rahama et le RDP Jama’a. Le parti qui est arrivé au second tour de la présidentielle de 2011 dispose encore d’une forte assise populaire notamment dans les zones rurales et surtout en raison de l’aura presque intacte de son ancien président, Tandja Mamadou.
La naissance du MPR Jamhuriya arrange, par contre, les affaires du PNDS Tareyya. En plus de s’adjuger un nouvel allié dans la galaxie MRN, ces nouveaux partis issus de la dissidence des formations de l’opposition sont de nature à affaiblir les potentiels adversaires de Issoufou Mahamadou à qui ils seront également utiles pour espérer se mettre à labri d’une cohabitation en cas de reconduction pour un second mandat.