La campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite, couplée à la supplémentation en vitamine A et le déparasitage à l'albendazole a démarré sur l'ensemble du territoire national le jeudi 8 octobre 2015 et ce, jusqu'au 11 du même mois.
A Madaoua, ce département de la région de Tahoua et frontalier du Nigeria, la campagne a aussi effectivement eu lieu et cela malgré les interrogations et les doutes qu'on avait relativement aux nombreux cas de refus et ou de réticence de la part de certains chefs de famille, jadis constatés dans cette zone. Avec la campagne 2015, le moins qu'on puisse dire est que les barrières ont véritablement commencé à céder au regard de l'engouement qu'elle a suscité cette année à Madaoua tant dans la ville que dans les zones reculées. Les actions de sensibilisation et de communication pour un changement de comportement et de mentalité ont bien porté leurs fruits. Et pour cause la majorité des 179.000 enfants cibles ont été vaccinés dans ce département. En effet, il faut rappeler que, comme dans beaucoup d'autres localités nigériennes frontalières du Nigeria, une frange importante de la population de Madaoua s'opposait à l'administration du vaccin contre la poliomyélite à leurs enfants. Un refus qui, non seulement met en danger la santé des autres enfants, mais aussi et surtout annihile les efforts importants déployés par l'Etat et ses partenaires pour éradiquer cette maladie dans notre pays et même en l'Afrique. Ce qui a amené le ministère de la santé publique appuyé par le partenaire de longue date du Niger l'UNICEF à engager une véritable campagne de sensibilisation et de communication à l'endroit des populations pour leur faire comprendre l'intérêt qu'elles ont à protéger leurs enfants de cette maladie incurable et invalidante et hautement transmissible qu'on peut pourtant éviter et prévenir à travers l'administration de la goutte du vaccin contre le poliovirus sauvage. Pour la campagne d'octobre 2015, le département de Madaoua a bénéficié de 195000 doses, largement suffisantes pour couvrir le besoin selon le médecin-chef du district départemental Dr. Abou Yahaya. Les opérations de vaccination ont débuté dans les 13CSI fonctionnels et 66 cases de santé. Tous les 147 agents du district et 170 agents de santé communautaires ont été mobilisés depuis le 24 septembre, date du début des préparatifs, a souligné le responsable du volet sanitaire du département.
Des activités de mobilisation sociale ont été menées par ses agents pour informer les populations sur le bienfait de cette campagne. Dr Abou s'est surtout félicité d'avoir obtenu toutes les doses prévues, deux jours à l'avance et de les avoir acheminées au niveau des différents centres à temps. Les opérations de vaccination porte-à-porte ont simultanément démarré au niveau de tous les CSI et les villages sur l'ensemble du territoire du département, a- t- il assuré, tout en se réjouissant qu'aucun cas de refus ne lui a été notifié. Les rares cas de réticence quelque fois signalés n'ont pas empêché aux vaccinateurs de faire leur travail salutaire. Il y a quelques années "Madaoua a connu des cas de réticence et même de refus. Mais ces dernières années on peut s'en féliciter puisque le gouvernement et ses partenaires ont eu à mener des actions multiples qui ont convaincu les populations que l'Etat et ses partenaires dont l'UNICEF veillent à protéger leurs enfants" a dit le médecin-chef du district ajoutant que grâce à ces actions, la tendance est nettement inversée de nos jours "nous n'avons plus de cas de refus avérés aujourd'hui à Madaoua". Au niveau des localités frontalières du Nigeria, la vaccination a été faite en partenariat avec les agents de santé de ce pays voisin. Cela leur a permis de ratisser large et de parer à toute éventualité.
Il faut noter qu'à ce jour, le Niger et le Nigeria sont deux pays déclarés indemnes de la poliomyélite respectivement en 2012 et 2014 car aucun nouveau cas n'y a été signalé depuis lors. Mais cet acquis mérite d'être consolidé, dit le médecin-chef du district de Madaoua et c'est pourquoi les agents des deux pays ont mené des actions conjointes. Il a expliqué que la prudence et la coopération doivent toujours être de rigueur dans une zone où la frontière relativement longue avec le Nigeria et que les échanges et déplacements des populations très importants pourraient être un vecteur pour véhiculer éventuellement le virus. Jusqu'à la fin des opérations, aucun problème n'a été rapporté, ajoutant que le district a reçu les fonds à temps, et mis les équipes de vaccination et de supervision étaient sur le terrain. S'agissant de la supplémentation en vitamine A, le médecin-chef du district a souligné qu'il dispose des molécules suffisantes. Mais en ce qui est du déparasitage il a laissé entendre qu'il y a un léger gap pour l'albendazole.
Toutefois, a- t-il souligné, il s'agit d'un gap qu'ils rattrapent au plan interne. La vitamine, faut-il le dire, a un rôle hautement important dans la vie de l'organisme humain et notamment dans la lutte contre la malnutrition des enfants et les troubles visuels fréquents dans nos communautés. Nutriment nécessaire pour tout organisme, la vitamine A que les structures sanitaires administrent, régulièrement aux enfants dans le cadre de leurs activités quotidiennes. Mais, souligne-t-il, il n'est pas de trop que pendant la campagne on administre la vitamine aux enfants, toute chose qui permettrait d'atteindre le maximum de cibles parce que ce n'est pas tout le monde qui a accès au centre de santé et que la campagne est une occasion à ne pas rater par les familles. Quant à l'albendazole, c'est un puissant déparasitant important pour assurer une bonne croissance aux enfants surtout en milieu rural où les conditions d'hygiène ne sont pas très satisfaisantes.
Dr Abou Yahaya a indiqué que ce produit permet de corriger l'insuffisance de l'hygiène et si l'alimentation suit, "on est sûr que l'enfant va avoir une croissance normale". Evoquant le coopération avec les partenaires, Dr Abou Yahaya n'est pas passé par le dos de la cuillère en affirmant que ses partenaires font énormément d'efforts. Citant l'UNICEF et l'OMS il a avoué que, pour l'essentiel, la campagne est menée grâce à ces partenaires sous la conduite du ministère de tutelle. Pour lui, "Il serait pas pratiquement pas possible qu'on arrive aux résultats auxquels nous sommes parvenus sans l'appui de ces deux partenaires et les ONG partenaires"