Des élections présidentielles qui auront lieu en Afrique de l’ouest en 2015 et 2016, trois d’entre elles retiennent particulièrement l’attention des analystes africains. Celles-ci sont en effet classées dans la catégorie « A haut risque », à cause du « climat politique délétère » qui prévaut dans ces pays, mais plus encore, à cause du comportement « putschiste » de l’opposition.
Les premières viennent d’avoir lieu en Guinée le 10 octobre dernier. Suivront celles de la Côte d’Ivoire le 25 décembre 2015 et celles du Niger, le 16 février 2016. Dans ces trois cas, on est loin du « scénario classique », en ce moment très prospère en Afrique de l’Est, où le « chef », après deux mandats constitutionnels et plusieurs « bonus », décide de modifier la constitution pour « s’accrocher au pouvoir ». On pourrait même dire qu’il s’agit du scénario inverse. Ici, les opposants, sans « raisons objectives » valables, mettent tout en œuvre pour déprécier et saboter le pouvoir d’un président qui n’est pourtant qu’à son premier mandat.
« Quels que soient les résultats annoncés, … nous ne les reconnaîtrons en aucun cas ! »
L’impression générale est que les opposants guinéens, ivoiriens et nigériens sont trop pressés de remplacer leurs présidents qu’ils jugent « impropres », « indignes », ou « incompétents », suivant les cas, pour briguer un second mandat. Pour cela, ils sabotent délibérément le dialogue politique, entretiennent un climat politico-insurrectionnel permanent dans leur pays, entreprennent régulièrement des campagnes de diffamations et de « lynchage médiatique » contre les présidents et inventent mille et un stratagèmes pour perturber et décrédibiliser les institutions chargées d’organiser les élections …
D’ores et déjà, l’opposition guinéenne a demandé l’annulation pure et simple du scrutin. « Quels que soient les résultats annoncés, … nous ne les reconnaîtrons en aucun cas » a déclaré le porte-parole de Cellou Dalien Diallo, le principal opposant. Celui-ci vient d’ailleurs, avec d’autres opposants, de se retirer carrément du processus électoral en cours, avant même la publication des premiers résultats et des rapports des observateurs internationaux. Coup de tonnerre et incompréhension chez les amis et partenaires de la Guinée. Manque de fair-play politique des opposants ? Reflexes putschistes ? Nombre d’observateurs considèrent en effet le comportement de l’opposition guinéenne comme une déstabilisation délibérée du processus électoral.
De part les signaux en place, la Guinée s’apprête à traverser une nouvelle période de violences post électorales. Des violences qui vont sans doute l’entrainer vers des rivages incertains, voire même provoquer un possible déraillement du processus démocratique. L’inquiétude des analystes africains, en particuliers « les experts » de la CEDEAO, est que le scénario guinéen ne se propage en Côte d’Ivoire et au Niger où les mêmes ingrédients sont en place. Tout comme en Guinée, dans ces deux pays, les opposants n’ont que foutre des « grandes réalisations du Président ». Même s’ils admettent qu’ils n’ont pas de « raisons objectives », ils veulent qu’il dégage, point barre !
Forcer l’alternance ?
La question qui préoccupe les observateurs à présent est de connaitre les véritables motivations des opposants guinéens, ivoiriens et nigériens. D’autant que dans ces pays, même en l’absence d’instituts de sondage, l’opinion est majoritairement favorable au président en place, voire même très favorable. Dans ces trois pays, à en croire les journaux locaux, la probabilité pour les présidents en place d’être réélu dès le premier tour est très forte. La tendance en Guinée confirme cette hypothèse. Aussi, sur le plan régional et international, les présidents de ces pays-là font partie des plus « crédibles » qu’on puisse trouver en ce moment sur le marché africain.
Alors d’où tirent-ils cette force de vouloir « renverser » des présidents dont les cotes de popularité ne font que monter auprès de leur opinion nationale ? Peut-on provoquer l’alternance alors que son moment n’est pas arrivé ? Sont-ils soutenus par des forces étrangères en vu de fragiliser le leadership des « chefs d’états africains crédibles », comme le pensent certains analystes ? A quel jeu les opposants sont entrain de jouer dans ces pays ?
Les avis divergent quant aux réponses aux questions posées. Nombreux sont ceux qui pensent que les oppositions guinéenne, ivoirienne et nigérienne manquent sincèrement de fair-play politique et de patriotisme. D’autres plus perspicaces voit dans leur comportement, une sorte de début de changement de paradigme dans la pratique politique en Afrique. Désormais soutiennent-ils, l’alternance c’est juste un seul mandat !