C’est désormais officiel. L’opposition déposera très incessamment une motion de défiance contre le président de l’Assemblée nationale Amadou Salifou pour «obstruction au contrôle parlementaire de l’action gouvernementale». D’ores et déjà, les présidents des groupes parlementaires de l’Alliance pour la réconciliation nationale (ARN) et du Moden Lumana Africa l’ont déjà signé, puis suivra la signature des autres députés de l’opposition.
Dans cette lettre publiée en intégralité par un journal de la place, l’opposition accuse le président du parlement nigérien de «violation de la Constitution, du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale et de son serment coranique», en agissant dans le sens d’empêcher aux députés nationaux d’exercer l’une des prérogatives constitutionnelles qui leur est reconnue, à savoir le contrôle de l’action gouvernementale à travers divers moyens tels que les questions écrites ou orales adressées aux membres du gouvernement, les questions d’actualité, les interpellations, les enquêtes parlementaires ou les procédés de mise en jeu de la responsabilité du gouvernement.
L’opposition reproche aussi au président de l’Assemblée nationale, sa mauvaise gestion de débats en plénière qui «frise l’irresponsabilité» du fait de son «ignorance de la procédure législative et de sa mauvaise foi dans la gestion du temps lors des débats parlementaires». Les multiples et coûteux voyages du président Amadou Salifou à l’étranger dont «l’unique et seul objectif est bassement une recherche effrénée de ‘’jus’’», selon l’opposition, n’ont pas échappé à la longue liste des griefs dressée à son encontre.
La goûte d’eau qui a fait déborder le vase dans les rapports entre le président de l’Assemblée nationale et l’opposition parlementaire réside dans le fait que «depuis le 8 octobre 2015, malgré le dépôt par elle, de deux questions d’actualité portant l’une sur la tragédie de Mina et l’autre sur le regain d’insécurité dans la région de Diffa, auxquelles s’ajoute une interpellation des membres du gouvernement sur l’affaire de saisie par la douane à l’Aéroport international Diori Hamani de Niamey, d’une importante somme d’argent en devises étrangères», Amadou Salifou, selon toujours l’opposition, s’est obstiné à faire «obstruction à l’examen de ces questions éminemment graves et urgentes en refusant de convoquer la conférence des présidents, censée proposer à la plénière leur programmation au calendrier des travaux».
Une attitude que l’opposition qualifie de «mépris à l’endroit de l’Assemblée nationale et du peuple nigérien qui désire être éclairé sur ces préoccupantes questions, objet desdites interpellations».
En conséquence de quoi, poursuit l’opposition, «nous userons de tous les moyens légaux, notamment l’article 89 de la Constitution pour que l’Assemblée nationale puisse valablement jouer la mission a elle dévolue».
Au vu de la détermination qu’affiche l’opposition à ramener l’ordre et la discipline au sein du parlement nigérien, les débats seront très certainement houleux mais enrichissants pour le peuple nigérien qui aura l’occasion de comprendre mieux, comment les affaires publiques sont actuellement gérées. A lui donc de faire la part des choses entre les «accusations» de l’opposition et les «vérités» de la majorité au pouvoir.
Par ailleurs, même si cette motion de défiance a peu de chance, sinon aucune chance d’aboutir vu que la coalition au pouvoir dispose d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale, l’opposition mettra tout de même à profit cette opportunité pour secouer le régime en place et lui faire perdre quelques plumes.
