Les participants au Forum national de la jeunesse ont poursuivi leurs travaux hier matin, au Palais du 29 juillet de Niamey, avec plusieurs exposés à l’ordre du jour. Il s’est agi notamment d’une communication sur les violences basées sur le genre (VBG), présentée par Oxfam, par l’entremise de Sarah Bellemare et de ChristelleDesforges.
Des témoignages des jeunes filles et garçons ont été écoutés à l’issue de cette présentation.
La violence basée sur le genre se définit comme une violence qui s’exerce sur une personne sur la base de son genre ou de son sexe. Elle inclut les actes qui infligent un préjudice ou une souffrance physique, mentale, ou sexuelle, la menace de tels actes, la coercition et autres privations de liberté. Evoquant les différentes formes de violences, Sarah Bellemare a indiqué qu’il s’agit principalement de violences sexuelles; tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaires ou avances de nature sexuelle, ou actes visant à un trafic ou autrement dirigé contre la sexualité d’une personne par la coercition… ; les violences physiques tels que les coups et blessures, la séquestration, et autres brutalités physiques ; les agressions physiques, comme le fait de battre, de mutiler ou tuer, ou de frapper à coups de poing ; les violences verbales, qui consistent à proférer des injures, à faire du chantage ou des menaces ; les violences psychologiques, qui consistent à adopter des comportements ou des propos méprisants ou dégradants, la destruction d’objets, la maltraitance, les menaces d’abandon, le confinement au foyer, et l’isolement ; les violences économiques et financière ; les violences conjugales et les violences domestiques. Selon la conférencière, la non-dénonciation de ces cas est souvent une conséquence de l’isolement et de la honte de ces femmes victimes face à des événements souvent perçus comme relevant uniquement du domaine privé des ménages concernés. Les mutilations génitales féminines constituent une autre forme de violence. Le nombre de mutilations génitales féminines au Niger a diminué de moitié en une décennie, passant de 5% en 1998 à 2,2% en 2006. Ainsi, des progrès ont été accomplis mais une grande disparité entre les ethnies et les régions demeurent préoccupantes. Les régions les plus concernées par cette problématique demeurent Tillabéry, la communauté urbaine de Niamey et Diffa. Quant aux violences en milieu scolaire, elle se matérialise par le faible taux de scolarité chez les filles, leur inscription tardive: 7% de filles rentrent tardivement dans le système scolaire ; l’aarrêt précoce de leur scolarité, 17% des femmes seulement ont fait des études secondaires ou supérieures, une situation fortement associée à la prévalence du mariage des précoce ou forcé au Niger. Parlant de ce dernier point, Christelle Desforges, a expliqué que le mariage des enfants survient lorsque l’un ou les deux époux sont âgés de moins de 18 ans. « Au Niger, 75% des jeunes filles sont mariées avant d’avoir atteint l’âge de 18 ans. Il s’agit de mariage précoce ou forcé parce que les filles, compte tenu de leur jeune âge, peuvent rarement prendre une décision libre et éclairée au sujet de leur partenaire. ; un élément de coercition peut intervenir parce que les familles peuvent faire pression sur les filles ou les forcer à se marier » a-t-elle ajouté. Evoquant les causes au Niger, elle a souligné qu’elles seraient liées, à la pauvreté, les pressions liées à la dot, les craintes des parents liées aux relations sexuelles hors mariage ou encore d’autres raisons économiques ou culturelles. Chez les jeunes femmes mariées de 15 à 19 ans, 36% sont déjà mères ou enceintes. Ce taux élevé de grossesse précoce est une conséquence du mariage précoce et les complications qu'elle entraine sont nombreuses: au Niger, 1 femme sur 25 décède des suites de complications liées à la grossesse ou à l'accouchement ; le Niger enregistre une fréquence anormalement élevée de fistules, l'âge moyen des patientes est de 13 ans et la fistule survient dans 58% des cas lors de l'accouchement. Les autres conséquences de cette problématique sont l’arrêt des études, le manque d’accès à l’information et une faible participation à la vie communautaire et politique de leur milieu. Christelle Desforges a par la suite évoqué les conséquences physiques et les conséquences communautaires de ces violences. Evoquant la théorie du changement, elle a indiqué que 4 niveaux d'action doivent être pris en compte pour générer un véritable changement durable. Parlant de la campagne « Nous pouvons » qui a démarré depuis 2007 au Niger, elle a souligné qu’elle vise à engager les hommes, les femmes, les jeunes hommes et les jeunes femmes, de manière individuelle, à devenir des acteurs de changement dans leur famille, leur école et leur communauté. « Une personne convaincue que les violences faites aux femmes sont un fléau auquel on doit mettre fin peut convaincre à son tour d’autres personnes de son milieu d'en faire autant pour que l’effet soit multiplicateur et durable. C’est une approche centrée sur les acteurs de changement afin de déclencher une réaction en chaîne, c’est-à-dire de personne en personne, afin de générer un mouvement social de masse et ainsi changer les comportements de manière permanente : La somme des nouveaux comportements individuels va créer une masse critique de nouveaux comportements au sein d’une société et va générer le mouvement social » a conclu Sarah Bellemare. A l’issue de cette présentation, de nombreux témoignages des filles et des garçons, sur les violences, ont été enregistrées.