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De quoi a peur l’opposition nigérienne ?
Publié le vendredi 30 octobre 2015   |  Le Monde d’aujourd’hui N°151


l`opposition
© Autre presse par DR
l`opposition nigérienne


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Pour la nième fois, le pouvoir du Guri System a formellement interdit la marche et le meeting que l’opposition a voulu organiser le dimanche 25 octobre dernier à Niamey et dans les autres régions du Niger. L’argument avancé pour justifier cette interdiction est relatif aux risques de «trouble à l’ordre public». Comme il fallait s’y attendre, l’opposition a, par la voix de son porte-parole Ousseïni Salatou, dit prendre acte de l’interdiction et a donc renoncé à sa manifestation.

Le plus curieux est que quelques jours auparavant, le même porte-parole de l’opposition était sorti sur les médias annoncer à l’opinion que leur manifestation va bel et bien se tenir dans la mesure où selon l’ordonnance portant sur les manifestations, l’opposition n’a même pas besoin d’une autorisation, mais a juste l’obligation de dé- clarer son intention de manifester. Comment donc l’opposition a-t-elle accepté ainsi de renoncer à l’exercice d’un droit que lui reconnaît les textes et lois de la République ?

Comme il l’a du reste toujours fait, à chaque fois que leur manifestation est interdite, le porte-parole de l’opposition s’est empressé de dire à ceux qui l’écoutent qu’ils sont une «opposition responsable et républicaine» que de ce fait ils ne vont pas braver la décision des tenants du pouvoir. Mais soyons sérieux ! Si l’opposition est vraiment républicaine comme elle veut le faire croire aux Nigériens, elle a l’obligation absolue de défendre tous les droits reconnus au peuple par la Constitution et les autres textes de loi de la République.

Cela veut dire tout simplement, que même si c’est à une autre faction du peuple qu’on interdit de manifester, elle doit réagir vigoureusement et se donner les moyens d’obliger les tenants du pouvoir à respecter les droits reconnus à chaque citoyen. Malheureusement, depuis plus de quatre ans que le ré- gime du Guri System est au pouvoir, les Nigériens observent que l’opposition est totalement absente sur le terrain de la lutte, même lorsque ses propres droits sont bafoués, à plus forte raison batailler pour défendre ceux des autres citoyens.

Pris on ne sait par quelle peur, les responsables de cette opposition ont d’abord assisté, impuissants, au «concassage» de leurs partis politiques, se contenant simplement à publier des déclarations aux contenus pour le moins insipides. Aujourd’hui, c’est avec la même impuissance qu’ils assistent à un contrôle quasi-total du processus électoral par les tenants du pouvoir ? Tout se passe comme si ces responsables de l’opposition pensent que quelqu’un viendra d’ailleurs pour lutter à leur place et leur arracher ce qu’ils veulent des mains du pouvoir du Guri System.

Du fait de cette attitude laxiste qu’elle a toujours adoptée face aux assauts du pouvoir, l’opposition nigérienne est en train de perdre toute crédibilité, aussi bien aux yeux de nombreux Nigériens que de la Communauté internationale. Même l’ONU et la CEDEAO, qui ont commencé à mettre la pression sur le pouvoir du Guri System pour qu’il garantisse des élections libres, transparentes et inclusives, ont commencé à ne plus s’intéresser au Niger parce que ces organisations ne sentent aucune tension au niveau des acteurs.

Convaincu qu’elle ne pourra en aucun cas perturber son sommeil, le pouvoir se moque tellement de cette opposition qu’il refuse tout dialogue avec elle au sujet de la préparation des futures élections. A l’allure où vont les choses, le Président sortant Issoufou Mahamadou n’aura aucune difficulté à faire comme ses homologues guinéen et ivoirien, Alpha Condé et Alassane Ouattara, en se faisant réélire dès le premier tour à l’élection présidentielle de 2016.

Le drame d’une démocratie c’est d’avoir un pouvoir qui fait ce qu’il veut, mais c’est aussi avoir une opposition incapable de servir de sentinelle à cette démocratie !

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