A quatre mois de la présidentielle au Niger, des milliers de personnes ont manifesté dimanche à Niamey pour réclamer un scrutin "crédible et juste", accusant le président Mahamadou Issoufou de "préparer un passage en force" pour se faire réélire, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les manifestants, qui répondaient à l’appel du Front patriotique et républicain (FPR, coalition des partis d'opposition), ont marché pendant deux heures dans le calme jusqu’au siège du Parlement aux cris de "A bas le régime", "A bas le gouvernement", "Vive le FPR" ou "Non aux fraudes aux élections".
Le premier tour de la présidentielle, couplé à des législatives, est programmé au 21 février 2016.
De nombreux participants à la marche arboraient des tee-shirts à l’effigie des chefs de l'opposition ou brandissaient des fanions et parapluies aux couleurs de leur formation.
Le chef de file de l'opposition, Seïni Oumarou, a critiqué le fichier électoral et "exigé son audit complet et indépendant".
"L'opposition n'acceptera jamais un fichier qui n'est pas conforme à la loi c'est-à-dire un fichier crédible, fiable", a lancé M. Oumarou.
Ce fichier "est conduit de manière désordonnée" et "est plein d'erreurs et d'anomalies", ce qui risque de le rendre "non utilisable", a-t-il insisté.
Il a aussi accusé le président Issoufou de préparer "un passage en force" pour se faire réélir en 2016, grâce à une "fraude massive".
Le parti au pouvoir a défendu les listes électorales contre les critiques.
Ce fichier "est le fruit d'une démarche consensuelle" et a été "validé" par "la majorité et l'opposition" et "les décisions prises de façon consensuelle", a rétorqué Bazoum Mohamed, président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS).
Les opposants "sont donc mal venus" pour "contester sa qualité", a-t-il affirmé sur une chaine de télévision locale.
Il a reconnu cependant "de petites défaillances qui se rattrapent facilement" et a promis que "la transparence et l'équité" des élections "généralement observée" au Niger "sera respectée".
Le climat politique est tendu dans ce pays du Sahel, où les opposants accusent le chef de l'Etat de provoquer des scissions au sein de leurs formations pour assurer sa réélection.
L'opposition critique également l'organisation du scrutin, reprochant à la Cour constitutionnelle qui valide les candidatures et les résultats, son "allégeance" au président Issoufou.