La ville de Zinder s’est réveillée ce samedi 7 novembre dans une atmosphère assez tendue avec des heurts qui ont commencé très tôt le matin entre les forces de l’ordre et les partisans de l’ancien président Mahamane Ousmane.
Les échauffourées ont commencé dès 7h du matin lorsque des éléments de la police nationale ont essayé de disperser des militants de la CDS Rahama qui se sont regroupés devant le domicile de Mahamane Ousmane et au siège régional du parti en prélude au Congrès extraordinaire d’investiture qui devrait se tenir ce samedi à Zinder. Dans une ordonnance rendue la veille de l’évènement, le Tribunal de grande instance de Zinder (TGI) saisi en référé a statué sur l’illégalité de la rencontre, conséquence du fait que selon le juge des référés, Mahamane Ousmane n’a pas qualité pour agir en tant que président de la CDS et donc de convoquer les instances du parti.
Pour les partisans de Mahamane Ousmane, cette décision est incompréhensible puisqu’il y a quelques jours, la justice saisie sur la même question a statué qu’il n’y a pas « défaut de qualité pour agir » dans une ordonnance rendue le 23 octobre dernier par le juge des référés du Tribunal de Grande Instance hors classe de Niamey. Cela d’autant plus que la décision du juge des référés du TGI de Zinder n'est pas frappée du sceau de l'exécution provisoire, ils ont estimé qu’ils sont en droit de tenir leur Congrès, lequel devrait investir Mahamane Ousmane comme candidat du parti aux prochaines présidentielles de 2016.
La tension était perceptible depuis la veille alors que les délégations des autres régions ainsi que les militants et sympathisants de l’opposition politique, dont Mahamane Ousmane est également le Président, convergeaient vers Zinder.
La délégation du président Ousmane est d’ailleurs rentrée un peu tard dans la soirée à Zinder où elle a reçu un accueil triomphal. Les partisans de l’ancien chef de l’Etat se sont mobilisés de Garin Rana situé à une dizaine de kilomètres de la ville pour accueillir leur leader dont Zinder a été de tout temps le fief électoral surtout aux heures glorieuses du parti au pouvoir de 93 à 96.
Très tôt ce matin, les militants se sont regroupés à la devanture de la résidence du président Ousmane où la police a essayé de les dispersés, ce qui a provoqué les premiers heurts qui se sont par la suite étendus à plusieurs endroits de la ville. Les délégations de Tillabéry et d’Agadez ont été dispersées à coup de gaz lacrymogènes sur les lieux où devraient se tenir le Congrès.
Jusqu’en milieu de journées, les affrontements se poursuivaient entre les manifestants et les forces de l’ordre qui ont quadrillé la ville et usé du gaz lacrymogène contre les frondeurs qui continuent à brûler des pneus aux différents carrefours de la ville et à tenter de tenir tête à la police avec des jets de pierres.
Selon un journaliste local contacté par Actuniger.com, il y aurait plusieurs interpellations ainsi que des dizaines de blessés dont il est impossible de déterminer le nombre à l’heure actuelle, les affrontements se poursuivaient encore et l’accès à l’hôpital est difficile en raison de la présence des forces de l’ordre qui essaient de disperser tout rassemblement dans la ville.
En dépit de l’appel au calme et à la retenue du Président Ousmane, ses partisans se disent déterminer à maintenir la pression jusqu’à la tenue de leur Congrès d’investiture. «Nous n’allons pas accepter que le pouvoir use de la force pour nous empêcher de tenir notre Congrès à Zinder alors qu’à Niamey, le parti du président tient aussi son congrès d’investiture » a asséné un proche de Mahamane Ousmane. « C’est exprès qu’ils ont créé ça car personne n'a appelé à sortir et à notre grande surprise nous nous sommes retrouvés avec un important dispositif de forces de l’ordre depuis l'aube » ajoute un autre militant qui se dit exacerbé par la cabale du pouvoir contre le président de leur parti afin de l’empêcher de se présenter aux futures échéances électorales.
En attendant, Mahamane Ousmane qui a interjeté appel de la décision du juge des référés comptent bien tenir son Congrès d’investiture. La décision de la Cour d’appel de Zinder est attendue pour ce samedi même à partir de 14h.
La CDS Rahama est empêtrée dans un long feuilleton judiciaire qui oppose le président du parti depuis sa création Mahamane Ousmane, à son ancien bras droit Abdou Labo qui s’est fait élire à la tête du parti en septembre 2014 à l’occasion d’un congrès boycotté par son ancien mentor, un des plus virulents opposants de Mahamadou Issoufou. Après une longue procédure judiciaire entamée depuis 2011 pour le contrôle du parti, le dernier aspect de l’affaire est en appel et devrait confirmer qui des deux prétendants bénéficie de la légalité pour diriger la CDS.
L’ancien ministre d’Etat Abdou Labo, proche de la majorité MRN, a obtenu le quitus du ministère de l’Intérieur et se prépare également à convoquer un Congrès d’investiture dans les tous prochains jours.
