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Le Sahel N° 9024 du 9/11/2015

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Anniversaire du décès du général Seyni Kountché : 28 ans après, ses propos restent d’actualité
Publié le mardi 10 novembre 2015   |  Le Sahel




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Aujourd’hui, 10 novembre 2015, cela fait précisément 28 ans que le Président Seyni Kountché n’est plus. Décédé le 10 novembre 1987 des suites d’une maladie, cet officier des FAN, qui est arrivé au pouvoir suite au coup d’Etat du 15 avril 1974, a dirigé le Niger, à sa façon, 13 années durant. A l’occasion de ce 28ème anniversaire, il est opportun de revisiter par une relecture de ses discours, ses préoccupations majeures et ses actions, l’œuvre de l’ancien Président qui a beaucoup marqué la vie politique nationale.
Militaire jusqu’au bout des ongles, avec tout ce que cela suppose en termes d’exigence, de rigueur et de discipline envers lui-même et envers les autres, Kountché avait une vision particulière de l’exercice du pouvoir. Connu pour sa simplicité de vie et sa très singulière habileté au jeu politique, Seyni Kountché est en même temps un homme de parole et d'action. Plutôt idéaliste, il croit beaucoup à ce qu'il se propose de faire. De ce fait, son discours en dit très long sur ses ambitions profondes et sa personnalité. De sorte que, pour mieux le comprendre et cerner sa pensée politique, il suffit de faire un plongeon dans le flot incommensurable de ses discours et messages à la Nation.

Homme des grands principes, cet orateur invétéré s'applique à énoncer dans son discours un ensemble d'idées fortes qui constituent l'ossature de sa pensée politique, c'est-à-dire l'essentiel des actions à mener dans le cadre du combat pour le redressement national prôné par lui. C’est ainsi qu'un certain nombre de thèmes et expressions traduisant ses grandes options pour le Niger reviennent comme leitmotiv dans ses discours et messages. «Les sujets que j'aborde les uns après les autres sont tous d'un intérêt national certain», confiait Seyni Kountché dans le discours-bilan qu'il prononçait le 15 avril 1979.

Il est incontestable, le thème relatif à la consolidation de l'unité nationale est l'un des sujets les plus marquants du discours de Seyni Kountché. L'homme qui accorde un très grand prix aux concepts d'unité, de fraternité, de solidarité et de tolérance entre tous les fils du Niger ne lésine par sur les mots quand il traite de ce sujet. Et il ne tarda pas à le faire comprendre aux Nigériens qui ne l’avaient pas encore compris. En effet, une semaine à peine après son accession au pouvoir, il exprimait à travers son discours-programme toute la fermeté avec laquelle il compte régler la question. «Nous ne tolérerons aucune velléité de division au sein de notre peuple, aucune propension à la constitution de clans idéologiques ou d'intérêts dont le but sera de distraire nos masses des préoccupations économiques et sociales qui les assaillent», a-t-il prévenu.

La couleur ainsi annoncée, Kountché n'a guère raté l'occasion de faire comprendre à ses compatriotes que "la nation nigérienne demeure au-dessus de tout" et qu'il n'entend faire aucun cadeau à ceux qui tardent à le comprendre. «Et là, je m'adresse aux Nigériens dont la nigérienneté est encore verte, qui vivent dans la petitesse et les bas instincts, et qui ne veulent voir et connaître du Niger que leur ethnie, leur région, leurs intérêts sordides et égoïstes. S'il le faut, nous édicterons à leur encontre des sanctions terribles...», rappelait-il dans son message à la Nation du 2ème anniversaire de la prise du pouvoir (15 avril 1976). Le message est certes fort, mais le contexte de l’époque s’y prêtait.

Après le thème de l'unité nationale qui revient au détour de tous ses messages à la Nation, il y a celui relatif à l'autosuffisance alimentaire. Un sujet qui tire toute sa force du serment historique du Président du C.M.S : «Aucun Nigérien ne mourra de faim, même si nous devons consacrer à cela la totalité de notre budget !», avait juré Seyni Kountché, un jour de février 1976, de retour d'une tournée à l'intérieur du pays. Ce combat singulier pour l'autosuffisance alimentaire, il entendait le gagner en engageant une lutte farouche contre la désertification. Mais aussi en mobilisant le peuple nigérien dans un mouvement de retour vers la terre et l'abnégation au travail.

Autre leitmotiv du discours du "Général", c'est la justice sociale. Telle qu'il la définit lui-même, "la justice sociale implique d'abord la justice tout court». Très sensible à la misère des pauvres et aux rudes conditions de vie endurées par le monde rural, le Président Kountché a toujours vu les rapports entre les ruraux et les agents de l'administration en termes "d'exploités" et "d'exploiteurs". Profondément choqué par l'écart qui sépare ces deux mondes, celui de la misère et celui de l'opulence, l'homme que beaucoup de fonctionnaires n'appelaient plus que par le sobriquet évocateur de "Tchaka", s'est promis de réduire ce grand écart qui distance "opprimés" et "oppresseurs". Ceci l'amena à lancer un vaste programme de lutte contre le népotisme, le favoritisme et l'affairisme au sein de l'administration qu'il s'efforçait d'assainir jusqu'à la limite du possible. «La justice sociale que nous voulons instaurer ne doit pas avoir pour cadre et pour piédestal un nouveau socle d'injustices. Nous devons écarter le népotisme et le favoritisme et refuser de donner des primes d'encouragement aux agitateurs, aux délateurs professionnels, aux affairistes semeurs de désordre et de confusion», disait-il le 12 août 1974 en s'adressant aux cadres de commandement. Ne tarissant pas de reproches à l’encontre des agents de l'Etat dont il relève à tout bout de champ l'incompétence, l'inconscience professionnelle et leur envie annoncée pour les affaires, il ne passe pas par quatre chemins pour les avertir : «Nous ne tolérerons plus l'affairisme trop marqué qu'affichent ostensiblement certains agents de l'Etat, et qui les pousse à passer le plus clair de leur temps plus souvent dans les milieux d’affaires que dans leurs bureaux ».

II y a aussi la Jeunesse qui fait partie de ses grandes préoccupations. Cela apparaît tout au long de son discours. «Nous n'aurons pas de raison d'être à la tête de ce pays si nous ne préparons pas l'avenir à cette jeunesse qui monte», assurait-il lors d'une conférence de presse (15 avril 1975). Jugeant inacceptable le sort réservé à la jeunesse nigérienne ‘'négligée et sous employée", Seyni Kountché a estimé qu'il faille normaliser les choses. Ce qui l'a amené à asseoir une saine organisation de ces jeunes autour de la Samaria. Il s'agissait, à travers cette institution, de créer un cadre dans lequel les jeunes, garçons et filles, se retrouveront pour entreprendre des actions communes d'entraide et de solidarité. La Samaria, comme l'a dit son initiateur, est "un creuset canalisant l'énergie et l'enthousiasme de la jeune génération". En plus de la Samaria, ce thème se rapporte aussi à la jeunesse scolaire "en proie à de profondes convulsions". A côté de la Jeunesse, le défunt Président privilégiait aussi le débat relatif à l'émancipation de la Femme nigérienne. Car, disait-il "le profil de la société nigérienne de demain ne peut se concevoir autrement que par une intégration de la Femme dans la justice et la sérénité».

Au même titre que la Jeunesse, la Femme nigérienne a longtemps été victime de la discrimination des hommes et des décideurs. C'est conscient de cette injustice que le Président Kountché n'a jamais cessé de plaider dans son discours la cause de la Femme qui doit être désormais entièrement intégrée à l'effort national de développement. «Refusant de faire la moindre place à la moindre injustice parmi les nationaux dont il n'entend juger que l'effort productif et les initiatives créatrices, le Conseil Militaire Suprême portera une attention particulière à la réhabilitation rapide de la femme nigérienne qui doit être rétablie dans ses droits», disait Seyni Kountché dans le message qu'il prononçait à l'occasion de l'année internationale de la Femme, en 1975.

On ne saurait parler de Seyni Kountché, sans relever le souci permanent qu’il exprimait pour le Niger et son avenir. Fervent défenseur de l’œuvre de construction de la fierté nationale, Kountché ne se fatiguait pas d’inviter les Nigériens à cultiver les valeurs de patriotisme et de civisme. Ne disait-il pas que ‘’le Niger est notre bien, certainement notre bien le plus précieux...» ? Ce pays qu'il chérissait beaucoup, il le voulait beau et mieux bâti. C'est pourquoi il ne se fatiguait pas d’appeler tout le monde à s'investir pleinement dans l’œuvre de reconstruction nationale. «Le temps de la critique pour la critique et des oppositions systématiques est révolu depuis longtemps. Tout ce qui ne fait que nous distraire de notre devoir sacré de construction nationale, apparaît dès lors comme un anachronisme et une désertion». Cette déclaration faite par le Président du CMS dans son Message à la Nation du 17ème anniversaire de l'Indépendance (3 août 1977) atteste du prix qu'il accorde à l'entreprise par laquelle il prédestinait un avenir radieux pour tous les enfants du Niger. Il s'agit, précisait-il, de "permettre à chaque Nigérien, quels que soient sa naissance, son sexe, son lieu de résidence, d’accéder, avec un maximum de chances, à un épanouissement rapide de son être. Et cela, dans une jouissance aussi complète que possible de ses droits, sans cependant ignorer ses devoirs...».

Comment accéder à tout ce bonheur promis ? Comment réaliser toutes ces ambitions mille fois énoncées à travers les discours et messages de cet homme qui, 28 ans après sa disparition, continue encore à faire figure de référence pour beaucoup de Nigériens. Seul l'intéressé semble détenir le secret d'une telle œuvre.

Et comme pour répondre à nos interrogations du moment, Kountché conseille à tous les fils du Niger une seule conduite à tenir : celle de la persévérance ! Ce mot, pour tous ceux qui se rappellent encore, n'a jamais été autant prononcé que dans la bouche de ce grand Homme d'Etat que fut Kountché : «Persévérer ! Voilà, mes chers compatriotes, mon dernier mot. Nous devons persévérer dans l'union, persévérer dans le travail, persévérer dans la discipline», disait-il dans un message à la Nation qu'il prononçait le 15 avril 1978.

Force est de constater qu’aujourd'hui encore, cette ultime recommandation du "Général" reste d’actualité dans cette Nation nigérienne qui attend encore beaucoup de ses filles et fils afin de s’affirmer sur la voie du développement. En effet, il est aisé de relever que beaucoup de ces grandes préoccupations, qui constituaient le leitmotiv du discours de Seyni Kountché, figurent en bonne place parmi les axes majeurs du Programme de Renaissance du Niger du Président Issoufou Mahamadou: la bonne gouvernance, la sécurité alimentaire, la sécurité des personnes et des biens, le changement des mentalités, etc.

Assane Soumana(onep)

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