Une trentaine de parlementaires de l'opposition nigérienne a déposé une "requête" demandant la "mise en accusation" du président Mahamadou Issoufou pour "haute trahison", mais le texte a peu de chance d'être voté, a appris l'AFP mercredi.
Pour réussir, cette requête, qui concerne notamment l'accord sur l'exploitation de l'uranium nigérien par le groupe français Areva, doit recueillir deux-tiers des voix des 113 parlementaires alors que la parti de M. Issoufou dispose d'une majorité relative au parlement.
"Nous avons préparé la résolution de cette mise en accusation pour haute trahison et nous l'avons déjà déposée mercredi au bureau de l'Assemblée nationale", a affirmé Bakari Saïdou, un élu de l'opposition à la télévision privée Ténéré.
"Nous accusons le président d'avoir bradé les ressources naturelles du pays" en lien avec "les conventions obscures" d'exploitation de l'uranium signe en 2014 avec Areva, a indiqué M. Bakari.
L'opposition "accuse" le président Issoufou "de violer les libertés individuelles", en raison "des interdictions" par le régime "de manifestations des opposants", a-t-il souligné.
Elle "accuse" également les autorités d'avoir "restitué" à des opérateurs Nigérians, plus de 8 milliards FCFA (12 millions d'euros) saisis en août par la douane à l'aéroport de Niamey.
"Ni la Constitution, ni le règlement de l'Assemblée ne donnent des prérogatives à un groupe de députés pour s'auto-saisir et déposer une demande de mise en accusation du président", a réagi sur une télévision locale, Assoumana Mallam Issa, un élu de la formation de M. Issoufou, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS).
"C'est une opposition aux abois (...) elle développe une stratégie qui prouverait que le pays est dans une situation de tension", a déclaré, Bazoum Mohamed, le président du PNDS.
Une élection présidentielle, dont le premier tour couplé à des législatives est programmé le 21 février 2016.
Dans un contexte régional hostile (tueries des islamistes nigérians de Boko Haram au sud, menace des jihadistes libyens au nord et maliens à l'ouest), le climat politique est tendu depuis deux ans au Niger, où les opposants accusent le président Issoufou de provoquer des scissions au sein de leurs formations pour assurer sa réélection.
En août, l'opposition avait rejeté le calendrier fixé par la commission électorale, dénonçant une absence de "consensus". Elle avait auparavant critiqué la cour constitutionnelle, qui valide les candidatures et les résultats des élections, pour son "allégeance" au président.