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Le Sahel N° 9027 du 12/11/2015

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Visite au siège du groupe Areva, à Paris : Des efforts de performance pour faire face à la baisse de prix de l’uranium
Publié le vendredi 13 novembre 2015   |  Le Sahel


Uranium
© Autre presse par DR
Uranium : Areva signe un nouveau contrat au détriment des Nigériens


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Du 9 au 17 octobre dernier, une équipe des journalistes nigériens du public et du privé a séjourné à Paris, dans le cadre d’une invitation du gouvernement français à la veille de la Cop21. A cette occasion, cette équipe a été reçue au siège de Areva, à la Défense, où elle a eu une rencontre avec des responsables du géant français du nucléaire pour en savoir un peu plus sur le partenariat Niger-Areva.


Pendant que la guerre des mots fait rage entre le Ministère des Mines et le ROTAB à propos des négociations difficiles sur l’une des conventions régissant les contrats miniers d’Areva au Niger, et qui auraient été signées, le 16 juillet 2015, entre Areva et le Niger, une équipe de journalistes nigériens du public et du privé en mission à Paris dans le cadre des préparatifs de la Cop21, a approché les responsables d’Areva à Paris pour échanger sur les accords de partenariat stratégique Niger- Areva, le partenariat entre notre pays et le géant français et les perspectives à court, moyen et long termes du marché mondial de l’uranium.


Le 26 mai dernier, c’est un rappel, l’Etat du Niger et l’entreprise française Areva ont signé un accord de partenariat stratégique qui engage les deux parties dans l’exploitation des mines d’uranium pour les années à venir. Cette convention a demandé plusieurs mois de négociations serrées.
Selon, Jacques Peythieu, directeur de l’activité Mines Areva, l’accord de partenariat stratégique tient à trois (3) points essentiels : la loi minière de 2006, la gouvernance de la COMINAK et la SOMAIR et l’investissement dans les projets de développement ainsi que la construction d’un siège social d’AREVA au Niger. Ainsi cet accord-cadre envisage l’avenir de ces deux sociétés dans lesquelles Areva est actionnaire majoritaire (63,6% pour Somaïr, 34% pour Cominak) et l’Etat du Niger actionnaire minoritaire. Cet accord confirme l’application de la loi minière du 9 août 2006 : les règles fiscales seront donc respectées. Il n’oublie pas de préciser, toutefois, le mécanisme de la neutralisation de la TVA : ce sera une TVA payée par Areva mais récupérable in fine.


Autre point important concernant les engagements des deux parties vis-à-vis des sociétés Somaïr et Cominak : l’Etat du Niger s’engage à reporter jusqu’en 2018 la perception des droits de douane dus par les sociétés. Le partenariat précise les modalités de mise en exploitation du grand gisement d’IMOURAREN conformément à la loi minière nigérienne de 2006. Les deux parties ont convenu que la mise en exploitation de la mine sera effective lorsque les conditions de sa rentabilité économique seront réunies.
Pour assurer la transparence de processus, l’Etat du Niger et AREVA ont convenu de la création d’un comité stratégique paritaire avec pour mission de décider du calendrier de mise en exploitation de la mine en fonction de l’évolution du prix minerais sur le marché international.


S’agissant de partenariat Areva avec le Niger, M. Jacques Peythieu rappelle que, la société Areva NC Niger a été créée en 2006, succédant à « COGEMA Niger ». La COGEMA était implantée au Niger depuis 1958.
La société Areva NC Niger est une filiale à 100 % d’Areva NC. Son siège social est installé à Niamey, avec ceux des filiales du groupe : Société des mines de l’Aïr (SOMAÏR), Compagnie minière d’Akouta (COMINAK) et Imouraren SA. Le capital de ces filiales est partagé avec la Société du patrimoine des mines du Niger, qui représente les intérêts de l’Etat nigérien.


Les missions de la société sont, entre autres, de coordonner les campagnes d’exploration au Niger ; piloter des nouveaux projets miniers ; conduire la communication du groupe et les actions de solidarité en faveur des populations locales ; gérer les relations du groupe avec les autorités nigériennes. Areva exploite deux mines au Niger, quatrième producteur mondial, depuis la fin des années 1960, jouant le rôle de deuxième employeur du pays, après l’État. Le groupe emploie en effet près de 6 000 personnes dont 98% sont d’origine nigérienne.

AREVA est présent dans le massif de l’Aïr, dans la région d’Agadez au nord du pays, via les sociétés nigériennes Somaïr, Cominak et Imouraren SA, dont l’entreprise est l’opérateur et l’actionnaire principal. Depuis le début de leur exploitation, les sociétés minières Somaïr et Cominak ont extrait plus de 120 000 tonnes d’uranium au Niger, dont 4 571 tonnes en 2012.


Areva a annoncé à la mi-janvier 2008 des investissements majeurs (plus d’un milliard d’euros) sur la mine à ciel ouvert d’Imouraren, et la conclusion d’un accord avec les autorités nigériennes. Il est ainsi prévu de créer des emplois directs sur ce site qui devrait devenir la plus grande mine d’uranium d’Afrique de l’Ouest.
Cependant, à l’heure actuelle, indique Jacques Peythieu, il y a une démobilisation du projet Imouraren avec l’arrêt des activités minières depuis juillet 2014 ; la mise en sécurité du site ; la mise en containers des stocks de pièces détachées ; le démontage des équipements des installations de la base vie, camp et zone sous-traitants, la mise en place d’un plan de protection du matériel et du site durant la période de mise sous cocon.
Pour ce qui concerne la Somaïr et la Cominak, des efforts de performance sont nécessaires dans un contexte de baisse de prix de l’uranium. Il s’agira alors de maîtriser les risques des opérations pour assurer la sécurité des équipes et diminuer l’empreinte environnementale ; de réaliser une productivité ambitieuse et régulière ; d’optimiser les dépenses ; d’améliorer la performance par le biais d’une formation adéquate et de maintenir les investissements avec le renouvellement du parc engins et revamping des installations de l’usine pour Cominak et le maintien de la capacité de la mine et de l’usine pour la Somaïr.


Areva, toujours d’après notre interlocuteur, a investi dans la sécurité au travail, la radioprotection et le renforcement du système de santé avec la gratuité des soins médicaux pour les salariés et leurs familles ; la construction des deux hôpitaux gérés par les sociétés minières à Akokan et Arlit ; la création d’un observatoire de la santé de la Région d’Agadez ; la préservation et la gestion durable de l’environnement ; la limitation de l’impact des activités minières sur l’environnement ; la surveillance de l’environnement et le suivi de l’exposition radiologique des populations riveraines.


Sur le plan du développement local et du développement économique en général, Areva a financé le projet Irhazer à hauteur de plus de 11 milliards de francs CFA ; le soutien aux initiatives locales ; le financement en partie de la reprise de la route Tahoua Arlit ; le soutien à l’éducation, etc. Pour revenir à la grande question qui intéresse la majorité des Nigériens à savoir celle de la reprise des activités à Imouraren, M. Jacques Peythieu a brossé un tableau sombre qui caractérise actuellement le marché mondial de l’uranium.
En effet, après la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon, la filière nucléaire a pris un coup terrible avec la fermeture des plusieurs centrales nucléaires au Japon et un peu partout à travers le monde. Les prix d’uranium ont chuté de manière drastique et tous les grands chantiers (Imouraren y compris) ont été mis en veilleuse en attendant des jours meilleurs. Areva, en très mauvaise posture financière – perte record de 4,8 milliards d’euros en 2014 – le groupe court le risque d’être démantelé.


Pour faire face à cette situation, le groupe Areva a décidé de retrouver toute sa compétitivité avec l’objectif de parvenir à un milliard d’Euro d’économie par an et la restauration des finances du groupe. C’est ainsi qu’un plan de restructuration a été élaboré et il prévoit d’ici à 2017 quelque 6000 suppressions d’emplois dans le monde, dont 3000 à 4000 en France.


L’objectif est de construire deux projets d’entreprise, explique le groupe: celui du "Nouvel Areva", "recentré sur le cycle des matières nucléaires", et celui d’Areva NP, "chaudiériste nucléaire, fournisseur d’équipements, de services et de combustible, dont EDF a vocation, une fois l’opération validée, à devenir l’actionnaire majoritaire".


Areva a aussi décidé de diversifier et de renforcer ses partenariats avec de nombreux pays. Aussi, le 2 novembre 2015, le président du conseil d’administration d’Areva, Philippe Varin, a signé à Pékin, en présence des présidents français et chinois, François Hollande et Xi Jinping, un protocole d’accord avec la China National Nuclear Corporation (CNNC) ouvrant la voie à une prise de participation minoritaire de CNNC au capital d’Areva. Ce protocole d’accord entre Areva et CNNC prévoit aussi un large volet industriel : une coopération entre les deux groupes est envisagée sur l’ensemble des activités du nouvel Areva, des mines d’uranium à la déconstruction des installations nucléaires en passant par le retraitement des combustibles usés. Les deux groupes discutent, depuis des années, de la création d’une usine de retraitement en Chine.
Selon Jacques Peythieu avec la reprise progressive des centrales nucléaires japonaises, la construction de plusieurs centrales en Chine, en Inde et un peu partout à travers le monde, les perspectives de reprise s’annoncent prometteuses. Aussi, peut-on espérer une relance des activités sur le site d’Imouraren, pour le plus grand bien de l’économie nigérienne.

Mahamane Hadi Mahamane, envoyé spécial(onep)

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