Quand on parle du problème d'eau dans la région de Zinder, beaucoup ont tout de suite en tête la Ville de Zinder. Pourtant, il y a en province des villages avec des milliers d'habitants qui vivent le martyr, dans le silence voire dans l'indifférence de l'opinion publique. Ce fut le cas de Toudoun Agoua, ce village de plus de 5000 habitants, à 30 km avant Zinder sur la RN1. De l'avis des responsables régionaux des services de l'Hydraulique, ce village est un symbole du problème d'eau dans la région. Toudoun Agoua est en effet l'un des derniers villages nigériens à éradiquer le ver de Guinée. Et depuis le 10 mars 2015, l'espoir renaît puisque ce village a été doté d'une mini adduction d'eau potable (AEP).
Qui plus que M. Kalla Ibrahim, chef du village de Toudoun Agoua est mieux placé pour exprimer le soulagement des populations. Lui qui, du haut de ses 70 ans, a toujours vécu le calvaire de la corvée d'eau. ''Depuis que nous sommes nés, nous avons trouvé ce problème et on vivait avec jusqu'à ce jour historique. Les mots me manquent pour dire combien nous sommes contents'', dit-il. Et c'est avec, un plaisir qu'il a de la peine à cacher que Kalla Ibrahim nous fait visiter les 10 bornes fontaines installées dans le village. Le forage et le château d'eau eux sont situés à environ 9 km du village pour un souci de captage d'une eau saine, selon les explications du service régional de l'hydraulique.
En route pour la station de pompage, nous marquons un arrêt au niveau d'un espace qui semble être le lit d'un plan d'eau. ''En saison des pluies, c'est ici que nous nous approvisionnons. C'est ici que nos animaux viennent aussi s'abreuver'' dit Kalla Ibrahim. En effet, le seul puits cimenté et les 2 forages dotés de pompe à motricité humaine dont disposait le village sont très loin de pourvoir aux besoins en eau des 5716 habitants du village. Au niveau de l'une des bornes fontaines du village, une forte affluence est perceptible comme l'illustrent les rangées de bidons. En face, sous l'ombre d'un neem, les femmes discutent, l'esprit beaucoup plus tranquille.
''Maintenant nous ne sommes plus obligées de nous réveiller à l'aube pour aller chercher de l'eau et ne revenir que vers 13h'' se réjouit Fatouma Sani, 30 ans, qui se rappelle encore que même si elle arrivait à en avoir, il faut encore la filtrer pour qu'elle soit buvable. ''En plus, le manque d'eau nous empêchait de pratiquer l'élevage.
''Maintenant, je peux garder autant de chèvres que je veux parce que je suis sûre que je peux avoir de l'eau pour les abreuver'', confie pour sa part Nahissa Zahairou, 27 ans.
Ce que confirme le chef du village. ''Avant, ceux qui ont un grand troupeau sont obligés d'aller s'installer à côté des points d'eau en saison sèche. Nous espérons qu'avec la mini AEP, cette situation ne sera plus qu'un mauvais souvenir pour nous'', indique Kalla Ibrahim.
En effet, l'eau est disponible 24/24. ''Moi, j'ouvre à 6 heures du matin et je reste à la fontaine jusqu'à 23 heures parce qu'en plus des gens du village, il y a les habitants des hameaux et villages environnants qui viennent prendre de l'eau'', assure Moutari Kalla, 25 ans gérant d'une fontaine. Comme on le constate, Toudoun Agoua renaît avec cette mini AEP. ''Notre plus grand motif de fierté, c'est que nos enfants surtout les fille, peuvent se consacrer aux études et à l'école, puisqu'ils ne sont plus obligés de suivre et d'aider leurs mères dans la corvée d'eau'', se réjouit le chef du village.
Mise en service le 10 mars 2015, la mini AEP de Toudoun Agoua a été réalisée dans le cadre de la coopération nigéro danoise et nigéro luxembourgeoise à travers le PASEHA2. Elle a coûté la somme de 83.262.150 FCFA. Dotée d'un forage de 124 m de profondeur avec une pompe immergée de 9,2 Kw et un débit de 20m3/h. Un réservoir de 50m3 a été réalisé. Elle fonctionne actuellement en régie en attendant le recrutement d'un délégataire en cours selon le service régional de l'hydraulique.