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Editorial: pourquoi Issoufou sera élu au premier tour !
Publié le jeudi 19 novembre 2015   |  TamTaminfo


Niger:
© AFP par BOUREIMA HAMA
Niger: forte mobilisation à Niamey contre Boko Haram
17 février 2015 .Niger. une marée humaine s’est dirigé vers la place de l’Assemblée nationale, à Niamey, pour monter sa mobilisation contre Boko Haram photo :Issoufou Mahamadou,président de la republique


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Une analyse froide et sans passion de l’équilibre des forces politiques aboutit à une conclusion qui pourrait paraître surprenante à première vue pour l’observateur superficiel de la scène politique nigérienne. En effet, il est maintenant acquis que Issoufou Mahamadou sera élu dès le premier tour des élections prévues en Février 2016. Ces élections seront libres et transparentes comme c’est la tradition dans notre pays.

Nous allons développer dans la suite de cet article des arguments pour expliquer pourquoi il en sera ainsi, Inchallah, mais avant, essayons le raisonnement par l’absurde, en posant que Issoufou ne sera pas élu. Qui, alors ? Quand on pose la question sous cette forme, on voit clairement qu’aucun des adversaires du Président ne dispose en ce moment du potentiel politique qui le fasse apparaître avec évidence, aux yeux d’un observateur objectif sérieux, comme un gagnant probable. Or l’espoir d’être avec un gagnant probable est le premier moteur de l’engagement des citoyens. Le fait de ne pas apparaître comme ayant des chances évidentes constitue donc un obstacle certain.

Maintenant, voici les arguments tirés de l’histoire et de l’évolution comparée des forces politiques en présence. Pendant longtemps, tout au long de l’expérience démocratique, les parenthèses militaires mises à part, tout pouvait arriver. Tandja, Ousmane ou Issoufou partaient avec des chances presqu’égales d’accéder à la magistrature suprême. Il était également acquis que la décision se faisait au deuxième tour et dépendait toujours de la troisième force. C’est ainsi que Issoufou fit Mahamane Ousmane en 1993 et Mahamane Ousmane fit Tandja en 1999, prouesse qu’il renouvela en 2004.

Or, cette structuration de forces politiques et le poids de ces forces a radicalement changé en cette année de grâce 2015. D’abord, Ousmane n’a jamais arrêté de baisser dans ses résultats. Parti de 27% en 1993, il était à moins de 9% aux dernières élections, celles de 2011. Sanoussi Tambari Jackou a suffisamment relaté le foisonnement des dissidences issues de la CDS pour avoir besoin d’y revenir ici. Il faut seulement noter que depuis 2011, aucun développement politique majeur n’est intervenu en faveur de Mahamane Ousmane qui pourrait annoncer une amorce de la remontée de sa pente déclinante. En tout cas, il est difficile de voir une amélioration de son standing au point d’en faire le leader qui terrassera Issoufou Mahamadou.

Le MNSD de Tandja, qui faisait de 30 à 40% traditionnellement au premier tour, s’est comme on le sait, scindé en deux pour donner le LUMANA et le MNSD-Seyni. Puis la fraction de Seyni Omar a subi une hémorragie avec le départ des Albadé, Wassalké et Alma, pour ne citer que les plus significatifs.

On nous objectera que les deux fractions originelles (Hama-Seyni) ont fait plus de 40% en 2011. Soit. Mais elles venaient de quitter le pouvoir après près de deux mandats au poste alors juteux de premier ministre pour Hama, et deux mandats et plusieurs mois de Tazarcé pour Seyni Omar, périodes au cours desquelles ils ont accumulé, conformément à la pratique des LAPS et des PSOPde mauvaise mémoire. Outre ce trésor de guerre fraichement disponible en 2011, ces deux personnalités disposaient de la prime de pouvoir qui en avait fait des forces politiques ayant naturellement le soutien des leaders d’opinion du pays profond (chefs et gros commerçants).

Ceux-là, légiti mistes et utilitaristes, ont aujourd’hui émigré dans le camp du pouvoir bien naturellement. Il serait d’ailleurs plus juste de dire qu’ils sont restés dans leur camp naturel, le camp du pouvoir. Issoufou a donc récupéré, du seul fait du pouvoir, ce qui faisait la force de ces adversaires d’antan. Mais il y’a un autre élément, encore plus fondamental : ces deux partis (Lumana et MNSD) ont, pour ainsi dire, leur avenir derrière eux.

Leur futur est dans le passé. Il leur manque certainement l’énergie de croire en de lendemains meilleurs puisqu’ayant exercé le pouvoir, ils savent intimement qu’on ne perd pas des élections lorsqu’on contrôle l’appareil de l’état. Si le PNDS, en bon parti de militants a cru jusqu’au bout pouvoir gagner des élections contre le système, il faut bien avouer aujourd’hui que cette attitude traduisait une certaine naïveté.
Mais cette naïveté était également le moteur de ce parti, dont les membres, eux, croyaient toujours qu’il y’aura un jour des lendemains qui chantent. Point de ceci aujourd’hui en face. MNSD et Lumana ont perdu ce qui les rendait fort (le pouvoir) sans récupérer ce qui faisait la force de leurs adversaires (l’engagement militant, la croyance en des lendemains qui chantent). Que de nostalgiques des rentes de pouvoir, sans l’énergie (l’âge est passé par là aussi) de ceux qui peuvent rêver de changer la société. Humain, trop humain. Cette attitude « réaliste » des gens qui ne rêvent pas, qui connaissent « trop bien le pouvoir pour l’affronter » (dixit Hama) est un handicap pour notre opposition actuelle.

L’attitude de Hama est typique de cet état de fait. S’il croit réellement que son affaire de bébés est une affaire politique, alors il convient de faire la prison politique pour ses idées. C’est ce que j’ai fais à l’époque : Conscient que les plaintes de Hama contre moi étaient politiques, je n’ai pas hésité à prendre mes vacances à Say, Téra ou Niamey. Et ce faisant, je faisais avancer la cause pour laquelle je me battais. Tant que ses adversaires ne sont pas prêts à se sacrifier pour leurs idées, Issoufou peut dormir tranquille.

A ceux qui croient que le pouvoir va organiser des élections « africaines », je leur réponds deux choses. Premièrement, le MNSD est mal placé pour lancer cette accusation après avoir organisé les élections wasankara du Tazarcé « Wanzam ba ka so a jikin ka ». Deuxièmement, Issoufou n’en a pas besoin parce que, n’ayant de toute façon personne en face de lui, il n’est pas nécessaire pour lui de s’adonner à des pratiques qui jurent d’avec toute l’histoire de son engagement politique. Mais l’on comprend aisément que l’opposition cherche déjà à justifier sa défaite annoncée.

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