L'agriculture, l'élevage domestique et le petit commerce sont les principales activités génératrices de revenus des femmes rurales. Mais, le capital manque cruellement pour des millions d'entre elles qui luttent pourtant quotidiennement à travers le pays pour l'amélioration des conditions de vie de leurs ménages. C'est justement pour les appuyer que l'Initiative 3N a prévu, dans le cadre de l'amélioration de la sécurité alimentaire des ménages, l'octroi aux ménages vulnérables de kit caprins pour l'embouche. Ainsi plusieurs milliers de têtes de caprins ont été distribuées à travers le pays. A Mirriah, l'expérience fait déjà la joie des bénéficiaires.
La Commune urbaine et ses villages administratifs ont bénéficié de trois opérations de distribution de kits caprins. D'après Amadou Tidjani, directeur communal de l'élevage, la première opération a eu lieu en 2013 avec 108 têtes de caprins, la seconde en 2014 avec 30 kits de 4 têtes chacun et la 3ème opération est intervenue au cours de cette année 2015 avec 50 kits de 4 têtes chacun. Pour les 2 premières opérations, le kit est essentiellement constitué de chèvres rousses de Maradi, une espèce facile à élever et réputée pour sa productivité. Et certaines femmes bénéficiaires se frottent déjà les mains. C'est le cas de Saoudé Abdou, 50 ans, qui a bénéficié de 2 chèvres et d'un bouc. ''Aujourd'hui, j'ai déjà neuf (9) têtes en moins de deux ans'', dit-elle en montrant fièrement son petit troupeau.
Plus loin dans le même quartier, Aissata Liman Issoufou entretient avec beaucoup de soin ses 2 chèvres et un cabri qu'elle a obtenus lors de la dernière opération. ''Je n'avais qu'une seule brebis. Avec ces deux chèvres et le bouc, je sais que dans quelques années, j'aurai de quoi satisfaire les besoins de mes enfants'', dit-elle, se fondant sur l'expérience des autres bénéficiaires. Plus contente encore est Mariama Yahouza, 38 ans, qui nous ouvre fièrement son enclos où elle garde ces six caprins. ''Je n'avais aucune tête de bétail auparavant. Si aujourd'hui, j'en ai jusqu'à six, je ne peux que rendre grâce à nos autorités qui ont pensé à nous, les plus pauvres. Que Dieu le leur rende'', dit-elle.
Pour le maire de Mirriah, cette opération a beaucoup contribué à la lutte contre la pauvreté chez les femmes rurales. ''Quelqu'un qui n'a aucune tête de bétail et qui se réveille un matin avec quatre (4) caprins, vous conviendrez avec moi que c'est un changement significatif dans la vie du ménage. Nous ne pouvons que nous féliciter de ce genre d'intervention'', dit M. Maman Bachir Abdou, maire de la commune urbaine de Mirriah. Aussi, si certaines bénéficiaires souhaitent vivement que cette opération s'étende à l'ensemble de leurs concitoyennes, d'autres prennent l'initiative elles-mêmes. ''Moi, je donnerai une chèvre à ma fille et même à une voisine pour qu'elles en profitent aussi'', confie Mariama Yahouza.
C'est une pratique du reste répandue dans les villages qui consiste à offrir une chèvre, une brebis ou même une vache à quelqu'un (un frère, une sœur, un ami). Cette pratique est appelé ''Kiwo'' dans les villages hausa ; elle s'apparente au habanaye chez les peuls. C'est un geste de solidarité par lequel celui qui donne l'animal et celui à qui on donne profitent chacun du résultat que donne la chèvre ou la brebis selon un mécanisme bien compris par la communauté.