Dix-huit villageois ont été tués et onze autres blessés mercredi soir par des membres du groupe islamiste Boko Haram, à Wogom, un village situé près de la ville de Bosso, dans le sud-est du Niger à la frontière avec le Nigeria, ont indiqué les autorités locales.
"Le bilan est le suivant: 18 morts, 11 blessés, près de 100 habitations brûlées", a affirmé à l’AFP Bako Mamadou, le maire de Bosso.
Selon M. Mamadou, 13 personnes ont été tuées par balles, trois autres ont été égorgées et deux sont mortes calcinées dans l’incendie de leur maison.
"Les assaillants sont venus du Nigeria et ont juste traversé la rivière Komadougou Yobé", qui sert de frontière naturelle entre le Niger et le Nigeria, a précisé à l’AFP une source humanitaire.
Selon un rescapé de l’attaque joint au téléphone par l’AFP, "des bras valides du village les attendaient de pied ferme avec des armes blanches: flèches, sabres et des coupe-coupes et une bataille farouche s’est engagées entre les deux camps".
"Mais les gens de Boko Haram étaient venus en grand nombre et armés de fusils et aussi d’armes blanches et ont donc pu prendre le dessus sur les villageois", a-t-il poursuivi.
"Le groupe terroriste de Boko Haram a attaqué ce village à l’aide de roquettes aux environs de 19H30 locale (18H30 GMT) au moment où les habitants étaient en train de prier", selon un communiqué radiodiffusé du gouvernement.
L’Imam du village fait partie des personnes "égorgées" et "une petite fille de trois ans est portée disparue", souligne le communiqué. En outre "76 habitations, des véhicules, plusieurs motos et des moulins à grains ont été incendiés".
Fin octobre, Boko Haram avait exécuté 13 villageois et blessé trois autres par balles dans un village près de Diffa, la capitale de cette région du sud-est nigérien.
Depuis février, Boko Haram multiplie les attaques autour de Diffa, frontalière du nord-est du Nigeria, fief des insurgés islamistes, alors que l’armée peine à contenir ses incursions.
L’ONU a répertorié, depuis le 6 février, une cinquantaine d’attaques de Boko Haram ou affrontements impliquant ses combattants avec l’armée nigérienne dans le sud-est nigérien.
Le 27 octobre, le Parlement avait voté une loi autorisant le gouvernement à "reconduire pour trois mois" l’Etat d’urgence décrété en février dans la zone.
"Le problème le plus important auquel nous avons affaire, c’est le contrôle de la zone frontière côté Nigeria", avait justifié Hassoumi Massaoudou, le ministre nigérien de l’Intérieur, devant les députés.
"La menace persiste et elle a évolué vers la pose de mines, le harcèlement des troupes et les attaques-suicides avec utilisation de femmes" kamikazes, avait alors résumé un député, Maïdadji Issa.
Les attaques des islamistes ont provoqué la fermeture de plus de 150 écoles et contraint plus de 47.000 personnes à fuir leurs villages situés sur les bords de la Komadougou Yobé, selon l’ONU.
Au Nigeria, l’insurrection de Boko Haram et sa répression ont fait au moins 17.000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés depuis 2009.