Suite à la demande de mise en accusation du président de la République Issoufou Mahamadou par une trentaine de députés membres des groupes parlementaires de l’opposition, la majorité parlementaire s’est agité, courant dans tous les sens et vociférant dans tous les médias. « L’opposition a violé la constitution », « l’opposition est à court d’argument » ne cesse de crier les gueulards du Guri System.
Pourtant, la mise en accusation est un exercice prévu par la Constitution de la 7ème République. Mieux, le président Issoufou Mahamadou avait, en son temps, demandé à la Cour suprême de constater « l’empêchement absolu » du président de la 3ème République Mahamane Ousmane.
Le 26 janvier 1996, soit la veille du coup d’Etat militaire perpétré par le général Baré, Issoufou Mahamadou, alors président de l’Assemblée nationale, a écrit la lettre n°000012/PAN/SG à Monsieur le président de la Cour Suprême. Dans sa correspondance, le président de l’institution parlementaire souhaitait « qu’il plaise à la Cour Suprême de constater l’empêchement absolu du président de la République élu le 17 Mars 1993 ».
Issoufou Mahamadou a énuméré en 12 points, les griefs qu’il reproche au chef de l’Etat Mahamane Ousmane dont il demandait la destitution pure et simple. De ces points, on peut retenir : « qu’il (ndlr, Mahamane Ousmane) refuse de se soumettre aux décisions de justice, portant ainsi atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire ; il s’immisce dans le fonctionnement de l’Assemblée Nationale au mépris de la règle de séparation des pouvoirs comme il ressort de son discours public du 3 Janvier 1996 en réponse au Président de l’Assemblée Nationale ; dans le même discours, il prend partie dans les affaires internes d’une formation politique se comportant ainsi comme un chef de clan au mépris de la hauteur qu’exige sa charge … . »
Comme on le constate aisément, tous ces reproches faits à Mahamane Ousmane alors président de la République par le président de l’Assemblée nationale Issoufou Mahamadou sont également reprochables à ce dernier devenu président de la République presque 20 ans plus tard. Pire, outre tous ces maux indignes d’un chef d’Etat, l’opposition actuelle impute au régime du président Issoufou d’avoir répandu la corruption jusque dans les entrailles des institutions de la République, de mettre en danger l’unité nationale et la cohésion sociale. Il y a également, la restitution de près de 9 milliards FCFA de devises étrangères saisies par la douane nigérienne sur des trafiquants. On peut verser dans le même chapitre, la caporalisation des médias d’Etat placée au service exclusif du parti au pouvoir et ses alliés, la violation des libertés individuelles et collectives, la répression sauvage de manifestations publiques et scolaires, la manipulation de la chefferie traditionnelle pourtant condamnée par la loi à demeurer neutre dans le débat politique entre autres.
C’est apparemment la marque de fabrique du régime d’Issoufou Mahamadou : exceller dans toutes les pratiques qu’il a dénoncées et condamnées du temps où il était à l’opposition ; étouffer les libertés dont il avait joui, usé et abusé du temps des vaches maigres ; et par-dessus tout enterrer la démocratie et l’Etat de droit par lesquels il est arrivé au pouvoir pour que plus personne ne puisse accéder aux hautes fonctions de l’Etat tant qu’il ne sera pas de son parti, le PNDS-Tarayya. Voilà donc la malheureuse vision/intention du président Issoufou Mahamadou et son clan. Mais une chose est sûre : la roue de l’histoire tourne inexorablement et nul ne saurait l’arrêter.