Les membres du groupe islamiste Boko Haram mènent une "politique de la terre brûlée" avec ses raids meurtriers dans le sud-est du Niger proche du Nigeria, a déclaré vendredi un haut responsable de l’armée nigérienne.
"Mosquées, magasins de vivres, habitations, véhicules, motos: Boko Haram brûle tout sur son passage. Maintenant, c’est la politique de la terre brûlée que Boko Haram mène", a dénoncé à la télévision d’Etat le colonel Abou Tarka, en visite dans la zone.
Le colonel Tarka, qui dirige également au Niger la Haute autorité à la consolidation de la Paix (HACP), un organisme gouvernemental créé pour favoriser la réconciliation nationale, a été dépêché par le président nigérien, Mahamadou Issoufou, auprès de villageois récemment victimes d’attaques des jihadistes nigérians.
Il s’est notamment rendu à Alibidirim, un village situé à 30 km de Diffa, la capitale provinciale du Sud-Est, où au moins quatre personnes dont le chef du village ont été tuées par Boko Haram le 29 novembre, a précisé la télévision.
Ces attaques sont généralement perpétrées la nuit par des assaillants "souvent lourdement armés" et "venant du Nigeria juste après avoir traversé la Komadougou Yobé", la rivière qui sert de frontière naturelle entre le Niger et le Nigeria, a expliqué à l’AFP un élu local interrogé par téléphone.
"Le problème principal" est "qu’après les attaques", les insurgés nigérians "se replient de l’autre côté" de la frontière, a déploré le colonel Tarka.
Selon lui, "le nord-est du Nigeria" constitue "un sanctuaire pour Boko Haram" et "tant qu’il n’est pas pris, les attaques vont continuer".
Depuis février, Boko Haram poursuit des attaques meurtrières dans la zone de Diffa, frontalière du fief des insurgés islamistes dans le nord-est du Nigeria, alors que l’armée nigérienne peine à contenir ces incursions.
A la date du 4 décembre, l’ONU a répertorié 74 attaques de Boko Haram ou affrontements impliquant ses combattants avec l’armée nigérienne dans le sud-est nigérien.
"Le problème le plus important auquel nous avons affaire, c’est le contrôle de la zone frontière côté Nigeria", avait justifié fin octobre Hassoumi Massaoudou, ministre nigérien de l’Intérieur, devant les députés.