Abidjan - Avant de poser leurs conditions pour un accord global au terme de la COP 21 qui se déroule à Paris depuis le 30 novembre, les pays africains ont, comme les autres Nations, déposé auprès de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) leurs contributions prévues et déterminées au niveau national.
Il s’agit concrètement du plan d’action que chaque pays entend exécuter au niveau local pour diminuer sa production des gaz à effet de serre (GES) et contribuer ainsi à l’atténuation du réchauffement climatique.
SciDev.Net se propose ici de révéler le résumé du contenu de cette Contribution prévue déterminée au plan national (CPDN) pour ce qui est d’un certain nombre de pays francophones du continent.
Gabon : 50% de réduction d’ici 2025
Dans la contribution déposée par le Gabon, il est écrit que "les engagements pris par le Gabon portent exclusivement sur ses émissions de GES hors stockage de carbone par la biomasse". A cet effet, deux scénarios de d’émissions de gaz à effet de serre ont été élaborés par le pays : à savoir, d’une part, "un scénario "tendanciel" qui correspond à un développement économique non maîtrisé" et, d’autre part, "un scénario "maîtrisé" prenant en compte toutes les politiques publiques engagées après 2000, telles que le code forestier, les parcs nationaux, le plan national de réduction du torchage, la planification stratégique du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) avec son développement industriel à faible intensité de carbone, le plan Climat, la mise en œuvre d’un mécanisme de marché induit par la loi portant orientation du développement durable au Gabon et l’adoption prochaine du plan national d’affectation des terres." "Compte-tenu de l’évolution attendue de la population, cet engagement doit permettre de réduire les émissions de GES de plus de 2 000 GgCO2 sur 2015-2025, soit 16% par rapport au scénario tendanciel (50% en 2025)". D’après les autorités gabonaises, si cet objectif était atteint, il équivaudrait à une réduction de l’ordre de 65% pour la période 2010 – 2025.
Côte d’Ivoire : -28% en 2030
Pour s’attaquer à la question du réchauffement de la terre, "la Côte d’Ivoire a mis en place en 2012 le Programme national changement climatique (PNCC) afin de coordonner, proposer et promouvoir des mesures et stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques. Une stratégie nationale de lutte contre les changements climatiques 2015-2020 a été adoptée fin 2014." Mais, c’est bien l’horizon 2030 qui est visé dans la contribution déposée en prélude à la COP 21.
En effet, dans sa CPDN, le pays vise une réduction des GES de l’ordre de 28% en 2030, à partir de 2012. Notamment en agissant sur un mix électrique de 26% de charbon, 32% de gaz naturel en cycle combiné, 26% d’hydroélectricité et 16% des autres énergies de sources renouvelables, soit un cumul de 42% d’énergie renouvelable dans le mix électrique en 2030. A travers aussi "une intensification et mécanisation de l’agriculture et de la production animale", une "réduction des émissions de GES dues à la déforestation et à la dégradation des forêts" et une "gestion durable et valorisation des déchets".
Cameroun : -32% d’ici 2035
Selon le document qu’il a déposé, l’objectif du Cameroun est la "réduction des émissions de GES à hauteur de 32% par rapport à un scénario de référence pour l’année cible (2035), et conditionnée au soutien de la communauté internationale sous forme de financement, d’actions de renforcements de capacité et de transfert de technologies." Le document précise que les scénarios prévisionnels devant permettre d’atteindre cet objectif sont le verdissement (intensification, sédentarisation) de la politique agricole, la gestion durable des forêts, l’augmentation de l’offre énergétique et l’amélioration de l’efficacité énergétique avec 25% d’énergie renouvelable dans le bouquet électrique à l’horizon 2035. Pour cela, le pays a adopté en juin 2015 un Plan national d’adaptation aux changements climatiques (PNACC).
Togo : -31,14% en 2030
Les secteurs dans lesquels le pays compte agir sont l’énergie, l’agriculture, l’affectation des terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie, les établissements humains (bâtiments et villes) la santé et l’érosion côtière. La CPDN du pays mentionne que "le Togo confirme son engagement à contribuer aux objectifs de la CCNUCC afin de limiter l’accroissement de la température à 2°C à l’horizon 2030. Le Togo met déjà en œuvre des activités en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre en particulier dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture et l’utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (UTCATF). Sous réserve de disposer des moyens nécessaires, le Togo confirme viser un objectif de réduction plus ambitieux". Et le document ajoute que "l’objectif conditionnel de réduction supplémentaire des émissions de GES selon le scénario ambitieux est estimé à 20% par rapport au BAU dynamique. L’objectif conditionnel de réduction totale serait de 31,14% en 2030 par rapport aux projections sans aucune mesure."
Tchad : -71% en 2030
Ndjamena introduit sa CPDN en disant que celle-ci est basée sur un mix résultats et actions, inconditionnel et conditionnel. L’approche résultats visant un pourcentage de réduction des émissions à l’horizon 2030. Les données étant obtenues à partir de projections établies grâce aux derniers inventaires des GES présentés dans la 2nde communication nationale , et grâce aux données et documents de politique et de stratégies nationales et régionales. L’approche actions quant à elle porte sur la mise en œuvre des politiques en cours, la sensibilisation aux bonnes pratiques surtout en matière d’agriculture. Dans cette démarche, le document projette une "réduction inconditionnelle de 18,2% des émissions du pays par rapport au scénario de référence à l’horizon 2030, soit environ 41 700 GgCO2e" et une "réduction conditionnelle de 71% des émissions du pays à l’horizon 2030, soit une réduction cumulée de 162 000 GgCO2e".
Niger : -25% à -34% en 2030
Dans la tendance actuelle, le Niger réduirait sa production des GES de l’ordre de 2,5 à 3,5% d’ici 2030. Mais, dans le document soumis à la CCNUCC, le pays indique qu’une réduction conditionnelle pourrait se situer autour de 25% en 2020 et 34,6% en 2030. Las objectifs nationaux de cette démarche sont : "assurer la sécurité alimentaire ; lutter contre la pauvreté ; contribuer à la réduction des émissions mondiales de GES (objectif 2°C à l’horizon 2050) ; promouvoir la gestion rationnelle des ressources naturelles, une stratégie de développement sobre en carbone et la croissance verte ; renforcer la résilience des populations et des écosystèmes agro-sylvo-pastoraux". Le tout à travers les secteurs prioritaires que sont l’AFOLU (Agriculture/Elevage et utilisation des terres) et l’énergie.
Mali : -27% en 2030
La CPDN du Mali indique part du constat selon lequel "la synthèse des émissions du secteur montre que les principaux sous-secteurs d’émission de GES de l’agriculture sont ceux des engrais chimiques (74%), de l’élevage (22%) et de la riziculture irriguée (4%). Les mesures d’atténuation des émissions de GES dans le secteur de l’Agriculture porteront sur ces sous-secteurs. Dès lors, le document indique : "les gains en termes d’atténuation de GES du scénario d’atténuation conditionnel par rapport au scénario de base permettent d’améliorer cette situation entre 2020 et 2030. Ces gains sont de 31% pour le secteur de l’énergie, 29% pour le secteur l’agriculture et de 21% pour le secteur de la foresterie et des changements d’affectation des terres, soit une moyenne de 27% pour l’ensemble des secteurs."
Sénégal : -21% en 2030
"La CPDN du Sénégal, sur le volet atténuation, vise la mise en œuvre d’activités spécifiques ayant un impact sur la réduction des émissions des GES, aussi bien sur la base des ressources nationales (objectifs de la contribution inconditionnelle) qu’avec le soutien de la communauté internationale (objectifs contribution conditionnelle) en rapport à ses capacités. Ces activités couvrent trois gaz : le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et les oxydes nitreux (N2O)." Le document ajoute que "les activités qui génèrent des réductions d’émissions de GES seront réalisées dans les sous-secteurs suivants : l’énergie, à travers la production de l’électricité, l’efficacité énergétique et le transport , l’agriculture, foresterie et autres affectation des terres (AFAT) à travers la gestion des fumiers, la riziculture, les sols agricoles, les engrais organiques, les terres forestières et les plantations, l’industrie et la gestion des déchets par le biais des traitements des déchets solides, des eaux usées industrielles, domestiques et commerciales. Aussi le pays entend-il passer d’une réduction de 5% actuellement à 21% en 2030.
Bénin : -21% en 2030
"Dans le domaine de l’atténuation, le Bénin prévoit réduire globalement ses émissions cumulées de gaz à effet de serre (hors secteur foresterie) par rapport au scénario de maintien du statu quo d’environ 21,4 % sur la période 2021 à 2030." Selon le document déposé par le pays à la CNUNCC "s’appuient sur des mesures contenues dans ses programmes nationaux de réduction de la pauvreté et de gestion des changements climatiques dont l’objectif global est de contribuer au développement durable et résilient aux changements climatiques en apportant des solutions adéquates aux défis liés aux changements climatiques." Ce résultat devrait découler des actions mises en œuvre essentiellement dans les secteurs l’agriculture, l’énergie, etc.
Congo : -55% en 2035
Selon sa CPDN, les actions du pays pour réduire les GES vont se concentrer sur les secteurs de l’énergie, dont les hydrocarbures, des procédés industriels et traitement des déchets, des mines, des cimenteries, de l’agriculture, de l’élevage, sans oublier l’utilisation des terres, leur changement et la forêt. Dès lors, l’ambition est d’atteindre "Au moins 48 % de réduction des émissions par rapport au scénario de développement non maîtrisé (tendanciel) en 2025 et de 55 % en 2035".
RDC : -17% en 2030
"La RDC s’engage à réduire ses émissions de 17% d’ici 2030 par rapport aux émissions du scénario des émissions du statu quo (430 Mt CO2e), soit une réduction d’un peu plus de 70 Mt CO2e évités" affirme la République démocratique du Congo dans le document déposé auprès de la CCUNCC. Cette contribution est assortie de l’inventaire des gaz à effet de serre émis dans le pays. Ce qui fait apparaître que les principaux secteurs émetteurs sont l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres et la foresterie, suivis de loin de l’agriculture et de l’énergie. "Pour le reste, les émissions sont négligeables", peut-on lire.
Burkina Faso :-11,6%
Le Pays des hommes intègres promet une réduction des GES de 11,6% d’ici 2030. Et dans sa CPDN, le pays tient à souligner que : "le plus grand souci pour le Burkina Faso, comme pour tout autre pays, est que les changements climatiques prévus pour les prochaines cinquante années sont déjà inévitables. Donc le premier intérêt de Burkina Faso, qui n’est pas un Etat grand émetteur de GES, est inévitablement d’améliorer la capacité des populations à s’adapter aux conditions qui existeront d’ici à 2025, 2030 ou 2050".
Centrafrique : -25%
Pour un objectif de réduction de 25% d’ici 2030, la République centrafricaine opte pour un certain nombre d’opérations : ajustement du cadre politique, amélioration de la connaissance de la résilience aux changements climatiques, gestion durable des systèmes agro-sylvo-pastoraux, aménagement du territoire, amélioration et développement des infrastructures de base, garantie de la sécurité énergétique, amélioration des systèmes de santé publique, amélioration de la gestion des déchets et gestion durable des ressources en eau.
Guinée : -13% de GES d’ici 2030
"La République de Guinée propose de mettre en œuvre des actions d’atténuation correspondant à une déviation qui équivaut à près de -13 % par rapport au scénario business as usual à l’horizon 2030, sans prendre en compte sa capacité de stockage par l’utilisation des sols et de la foresterie", indique la contribution de ce pays.
Ces promesses sont conditionnées par des financements qui se chiffrent en milliards de francs CFA et sans lesquels les objectifs indiqués pourraient ne pas être atteints, indique-t-on.