NAIROBI -- Le ministre sud-africain du Commerce, Rob Davies, a déclaré lundi que les pays africains étaient spoliés de la part qui devait leur revenir justement dans les produits du commerce des matières premières agricoles comme le café, en raison de leur faible représentation sur le marché mondial.
Citant des rapports récents montrant que la chaîne de valeur du commerce du café représente dans le monde quelque 100 milliards de dollars, mais que les exportateurs de café africains en tirent à peine 6 milliards de dollars, M. Davies a déclaré que l'Afrique ne pourrait bénéficier du commerce mondial que si sa participation aux échanges internationaux était facilitée.
Dans un discours à la 4ème Table ronde chinoise à l'approche de la 10ème Conférence ministérielle de l'OMC à Nairobi, M. Davies a déclaré que le manque d'industrie en Afrique était attribuable à la faible participation de ce continent dans le commerce mondial et par conséquent aux faibles recettes qu'il tire du commerce mondial.
"Les chaînes de valeur n'ont pas bénéficié à l'Afrique. L'Afrique a besoin d'aide afin de pouvoir faire face à la prochaine crise financière qui viendra. Nous devons nous industrialiser. Nous ne pouvons y parvenir que par des politiques commerciales adaptées. Ce ne sont pas les règle commerciale qui posent problème, c'est le manque de produits à commercer", a déclaré le ministre.
"Nous devons créer des chaînes de valeur régionales. Nous devons créer un espace pour ralentir les importations de produits finis et nous avons besoin d'un espace pour nous industrialiser", a déclaré le ministre devant un comité sur les perspectives de l'Afrique dans l'avenir du système commercial, à l'issue de cette table ronde.
Les discussions de ce comité organisé par la Chine s'inscrivent dans une série de débats que le secrétariat de l'OMC compte organiser après la signature d'un accord avec la Chine pour faciliter la participation des pays pauvres au commerce international.
Le ministre du Commerce du Lesotho, Joshua Setipa, a déclaré que les compagnies multinationales étrangères dominent l'essentiel des chaînes de valeur internationales, mais qu'une décentralisation du système commercial, et en particulier de l'industrie du textile, serait bénéfique pour davantage de pays Africains.
"L'industrie du textile peut jouer un rôle dans l'industrialisation des pays africains car elle est particulièrement exigeante en main d'oeuvre. Elle est essentielle pour l'industrie manufacturière. Cela signifie qu'elle est aussi une plateforme pour permettre à nos pays de nous implanter dans de nouveaux secteurs comme celui de l'automobile, où nous pourrons aussi fournir des services associés au secteur textile, comme la production de sièges pour les nouveaux véhicules", a déclaré M. Setipa.
"Nous avons amélioré les volumes d'échanges commerciaux en Afrique. Nous sommes également parvenus à nous intégrer dans le marché mondial et la chaîne de valeur mondiale", a ajouté le ministre.
L'OMC discute actuellement d'une plus grande ouverture des marchés aux produits des pays africains.
"Ces chaînes de valeur mondiales ne sont pas un rêve. Elles se créent déjà", a déclaré Aracha Gonzales, directrice générale du Centre du commerce international, un organe technique créé par l'OMC.
Pour soutenir le commerce, un nouveau système de soutien aux petites et moyennes entreprises des pays pauvres est nécessaire afin de veiller à ce que ces entreprises locales puissent bénéficier du commerce international, a-t-elle dit.
La directrice de l'ITC a ajouté que la région africaine ne bénéficierait du commerce international que si elle parvenait à créer des marchés locaux et des blocs commerciaux régionaux susceptibles de bénéficier aux produits fabriqués à l'échelle locale.