La région de Maradi en général, et la ville de Maradi en particulier, regorgent d'importantes potentialités culturelles qui font indéniablement de Maradi une référence nationale en matière culturelle. De par ses richesses culturelles, la région a gardé et continue à conserver certaines valeurs et pratiques qui jadis faisaient sa fierté. Force est de constater que ces valeurs et pratiques ont aujourd'hui tendance à disparaître.
Cet abandon, observé ça et là, est lié à la pression de la modernité et de la religion. Aussi, le Ministère de la Culture a adopté diverses politiques et stratégies permettant de sauvegarder les richesses culturelles de toutes les communautés nigériennes, afin de faciliter leur compréhension à la jeunesse qui, jusque-là, ignore certains faits culturels ancestraux. Or, un adage dit que ''l'identité d'un peuple, c'est sa culture ''. Pour dire que chaque société humaine se situe à partir d'une culture bien donnée. C'est cet héritage légué par nos ancêtres qu'il faut valoriser, car il sert de tremplin pour le développement de notre pays. Source d'inspiration par excellence pour la protection et la cohésion sociale, la culture joue un rôle prépondérant dans la stabilité sociale et le développement durable à travers ses diverses composantes. En outre, comme dans toutes les régions du pays, la région de Maradi, à travers la direction régionale de la Culture, des Arts et des Loisirs, s'investit pour sauvegarder les différentes composantes culturelles de la région.
Selon le chef service communal de la culture, des Arts et de Loisirs de la ville de Maradi, M. Koudoua Zakari, conformément à la politique culturelle, le plan stratégique du Ministère de la Culture comprend deux (2) volets qui sont la conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel, et l'amélioration des conditions du développement culturel. Concernant la conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel, la ville dispose de potentialités culturelles et touristiques importantes. Ainsi, en termes de monuments, on peut citer, entre autres, Guidan Malan Zabeirou qui est connu dans presque toute la région. Mais ce monument ayant été démoli il y a de cela trois (3) ans, le service communal a proposé que soit édifié un monument symbolique permettant de rendre un hommage à l'ancien locataire du lieu qui, aujourd'hui, n'est plus de ce monde. De son vivant, il est important de le rappeler, il faisait de la calligraphie en arabe, bien qu'il ait perdu une partie de ses facultés mentales. Il a fait des choses extraordinaires qui ont attiré d'ailleurs les touristes de passage dans la ville de Niamey, en vue de nourrir leur curiosité.
Un autre monument à conserver aussi est celui de Gao Barké qui se trouve au quartier Maradawa. Et ce ''gao'' est également connu pour ceux qui connaissent l'histoire des Kastinawa. M. Koudoua Zakari a noté que l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH) travaille depuis 2010 pour tenter de sauvegarder l'endroit. Il y a également Guidan Dusti qui servait de case de passage aux colons.
La ville comprend aussi des sites culturels à conserver au nombre desquels le site de Marema. C'est un site sur lequel on produit de la peinture traditionnelle destinée à l'embellissement des maisons et autres produits artisanaux. A côté des richesses culturelles visiblement accessibles au public, il existe d'autres qui sont gardées au niveau des chefferies traditionnelles et chez certains dignitaires. Pour ce qui est du patrimoine immatériel, la ville de Maradi dispose de plusieurs arts. En ce qui concerne l'art du spectacle, on note des fêtes comme celle des bouchers ou '' Hawon Kaho'' organisée chaque veille de fête. Il y a également le ''Maguiro'' qui est une fête à caractère rituel. Elle est organisée par les féticheurs de Soumarana à l'approche de la saison des pluies. La ville de Maradi est aussi connue à travers la danse de ''takaye'' qui est une danse populaire, ainsi que la danse de ''douma''. On peut aussi évoquer l'existence, dans la ville de Maradi, des musiques des différentes couches socioprofessionnelles, notamment celles des coiffeurs, des forgerons, des chasseurs, etc. Maradi a également la musique de ''Iya''.
Sur un tout autre plan, en matière de musique, la ville comprend cinq (5) groupes musicaux qui sont constamment en animation afin de tenir en haleine le public qui s'intéresse à la musique. Ce sont les groupes Carnaval de Maradi ; Etoile de Maradi de Papa Yaro ; et Bori Band International. Pour les groupes néo-traditionnels, on note Maâzou Garba; Ladabi; et Hadin Kay. Quant aux troupes traditionnelles, il y a Moussa Maïtakwano; Sani Maï Konkwo. Par rapport aux groupes de RAP, la Direction Régionale de la Culture a recensé 24, dont deux (2), Cool Master et For My People, sont les plus actifs. La ville a par ailleurs des troupes théâtrales comme Nazari et les Frères Kusu man, celles de Saraounia, Anfani, et de la Radio Jahar Maradi.
La ville n'est pas en marge de film avec Yan Production. Dans le cadre de la conservation culturelle, le service communal a vivement soutenu la délocalisation de la Maison de Jeunes et de la Culture Bawa Dan Wardanga. Cela permettra de mieux coordonner les activités culturelles dans la ville, sachant que l'environnement dans lequel se trouve la Maison de la Culture défavorise le développement de la culture dans la ville. Notons que dans le cadre du Programme Sectoriel de l'Education et de la Formation (PSEF), une Ecole de formation artistique et culturelle a été créée en 2015. La maison de Jeunes et de la Culture comprend également une bibliothèque de lecture publique contribuant à la culture des populations. C'est un cadre de formation qui accueille un nombre important de visiteurs. La bibliothèque dispose d'ouvrages en littérature et dans divers domaines. Il y a à côté de cette bibliothèque l'Espace Américain assurant la formation des jeunes en informatique et en langue anglaise. La bibliothèque du Point d'Interrogation et l'Alliance Française, et sept centres de lecture et d'animation culturelle (CLAC), contribuent à l'épanouissement des lecteurs à travers leurs ouvrages variés.
La région de Maradi a un projet de la création d'un musée régional et d'un éco-musée. Elle a aussi cinq (5) principaux festivals qui sont le festival Unari de Hawandawaki ; Eggo de Akadaré ; Parole de Sable ; le Festival de conte ; le Festival Galgagya de Mayahi (FEGUELMA) ; et le festival de danse et musique traditionnelles du Ministère de la Culture, des Arts et Loisirs. Ajoutons aussi que la région de Maradi dispose d'une délégation du Bureau Nigérien de Droit d'Auteur (BNDA). De par ses atouts culturels, la région a été marquée à travers des figures l'ayant fait connaitre au-delà des frontières. Parmi ces artistes, figure feu Dr Mamane Garba qui a apporté un appui inestimable à la promotion culturelle au Niger ; le ministre Oumarou Hadari qui a écrit beaucoup de chansons qui ont été primées au cours des festivals de la jeunesse et d'autres rencontres culturelles, dont entre autres ''Niger Lalé'', qui est un hymne à la Jeunesse. Son passage dans différentes localités dans le pays a été hautement apprécié par les autorités locales et les populations. Et il continue à mettre ses connaissances à la disponibilité de son pays pour la prospérité et l'émergence culturelle au Niger.
Il y a aussi feu Dan Anko qui a raflé plusieurs prix et distinctions grâce à l'originalité et la qualité de ses œuvres. Saâdou Bori a également a fait preuve de son talent sur l'échiquier national et international, surtout au Nigéria voisin. De même, feu Souley Konkwon a été un des animateurs infatigables du pays. Il a soutenu la promotion de la musique et de la tradition à travers ses célèbres chansons connues par le public.
Ecole de Formation Artistique et Culturelle
L'Ecole de Formation Artistique et Culturelle (EFAC) a ouvert ses portes en 2015. Elle s'inscrit dans le cadre du Programme Sectoriel de l'Education et de la Formation (PSEF) conformément à l'engagement du Président de la République à maintenir les enfants à l'école jusqu'à l'âge de 16 ans, a indiqué Mme Ibrahim Absatou, directrice de l'EFAC de Maradi. L'EFAC, qui est situé dans les locaux de la Maison des Jeunes et de la Culture, compte un effectif de 240 élèves dont plus de 50% de filles. Mme Ibrahim Absatou a précisé que pour cette année, elle a deux (2) niveaux, une classe de 6ème et une classe de 5ème. Pour mieux réussir cette formation, le Ministère de la Culture a mis en place un programme approprié composé de matières enseignées au niveau du collège d'enseignement général, et aussi de matières professionnelles ayant trait aux arts, à la culture et à la technologie comme la musique, les arts dramatiques, la peinture, la teinture batik, l'informatique, l'audiovisuelle, etc.
Par ailleurs, la direction régionale de la Culture a organisé des tests de recrutement d'enseignants contractuels pour assurer la formation des élèves. Le premier test a été organisé l'année passée pour la première promotion d'élèves, et le second test a été organisé cette année. Ils sont au total 12 enseignants à être recrutés à l'issue de ces tests, a confié Mme Ibrahim Absatou.