Le gouvernement du Niger a renoncé à l’audit du fichier électoral en vue de la présidentielle du 21 février 2016, a annoncé samedi le ministre de l’Intérieur, Hassoumi Massaoudou.
"Il n’est plus question d’audit à plus forte raison d’audit international pour une opération d’informatique très simple. L’audit international, ça ouvre la voie au report des élections et la sortie du cadre constitutionnel", a affirmé M. Massaoudou à la presse.
L’opposition qui avait réclamé l’opération, a suspendu en début de semaine, sa participation du processus pour "exiger" que l’audit soit réalisé par un "cabinet international indépendant et crédible", selon les explications d’Ousseini Salatou, son porte-parole.
"Les discussions sont closes sur cette question d’audit", a réagi le ministre de l’Intérieur, précisant que le fichier contesté, "sera remis" à la Commission électorale en vue "d’éditer les cartes des électeurs".
Le Niger "est le seul pays de la sous-région dont le fichier électoral n’a pas connu un audit intégral et indépendant en conformité avec les standards internationaux", a déploré le chef de file de l’opposition, Seïni Oumarou dans un communiqué lu samedi sur des télévisions locales.
Il a demandé un audit du fichier par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui avait déjà audité celui de 2010.
Mi-novembre, Sabiou Gaya, un des responsables chargés de l’élaboration du fichier électoral, avait reconnu qu’il comportait "beaucoup de ratés", notamment avec des "bureaux de vote manquants", des "mineurs et non Nigériens inscrits" sur les listes.
Le climat politique est tendu depuis deux ans au Niger, où les opposants accusent le président Issoufou de provoquer des scissions au sein de leurs formations pour assurer sa réélection.
En août, l’opposition avait rejeté le calendrier fixé par la commission électorale, dénonçant une absence de "consensus".
Elle avait auparavant critiqué la cour constitutionnelle, qui valide les candidatures et les résultats des élections, pour son "allégeance" au président.
Jeudi, le président Mahamadou Issoufou, qui brigue un second mandat, a affirmé qu’une tentative de coup d’Etat a été déjoué, justifiant une vague d’arrestation de militaires.