Le gouvernement nigérien a annoncé lundi avoir validé le fichier électoral contesté par l'opposition, qui a été remis lundi à la Commission électorale pour éditer les cartes et les listes d'électeurs en vue de la présidentielle de février 2016.
"Nous devons désormais considérer que nous avons un ficher électoral presque parfait", a affirmé à la radio d'Etat le Premier ministre, Brigi Rafini, après une réunion tenue dimanche sans l'opposition sur la validation du fichier.
Le fichier électoral qui comporte quelque 7,5 millions d'électeurs a été remis lundi après-midi par le Comité qui l'a élaboré à la Commission électorale nationale indépendante (Céni), chargé d'organiser le scrutin présidentiel couplé à des législatives programmé le 21 février 2016.
Brigi Rafini a salué le "travail excellent" du "cabinet national" ayant réalisé "l'audit" du fichier, en dépit de "quelques insuffisances (qui) vont être au fur et à mesure corrigées".
Mais l'opposition a crié à "la comédie" et dénoncé "un fichier non conforme à la loi".
"Leur auditeur n'est qu'un simple revendeur de logiciels et consommables informatiques", a critiqué le porte-parole de l'opposition, Ousseïni Salatou, sur des radios locales. Le chef de file de l'opposition, Seïni Oumarou, réclame un audit du fichier par l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), comme en 2010.
Mais le ministre de l'Intérieur, Hassoumi Massaoudou, a indiqué samedi qu'une telle démarche ouvrirait "la voie au report des élections" hors "du cadre constitutionnel".
Le 14 décembre, l'opposition avait suspendu sa participation aux travaux du comité préparatif de l'audit pour dénoncer notamment le choix d'experts locaux.
Mi-novembre, Sabiou Gaya, un des responsables chargés de l'élaboration du fichier électoral, avait reconnu qu'il comportait "beaucoup de ratés", notamment des "bureaux de vote manquants" et des "mineurs et non Nigériens" inscrits sur les listes électorales.
Le climat politique est de plus en plus tendu au Niger à deux mois de la présidentielle.
En août, l'opposition avait rejeté le calendrier fixé par la commission électorale, dénonçant une absence de "consensus".
Elle avait auparavant critiqué la cour constitutionnelle, qui valide les candidatures et les résultats des élections, pour son "allégeance" au président.
Jeudi, le président Mahamadou Issoufou, qui brigue un second mandat, a affirmé qu'une tentative de coup d'Etat a été déjoué, justifiant une vague d'arrestation de militaires.